Les Aveugles | Die Blinden
Les Aveugles
Contemple-les, mon âme; ils sont vraiment affreux!
Pareils aux mannequins; vaguement ridicules;
Terribles, singuliers comme les somnambules;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.
Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,
Comme s'ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.
Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. O cité!
Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,
Éprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,
Vois! je me traîne aussi! mais, plus qu'eux hébété,
Je dis: Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles?
Die Blinden
Betrachte sie, mein Herz; sie sind ein Grauen!
Den Gliederpuppen ähnlich; grundlos komisch;
Wie Somnambulen sind sie physiognomisch:
Wohin ergeht nur ihr umwölktes Schauen?
Ihr Augenpaar aus dem der Funke wich
Blieb mit fernspähender Geberde
Geöffnet stehn; nie sieht man sie zur Erde
Das Haupt gewendet und versenkt in sich.
Sie gehn durchs grenzenloseste Verließ
Den Bruder ewgen Schweigens. O Paris
Wo wir uns vom Gejohl begraben finden
Du welches Brunst zur Bestie werden ließ
Sieh her! so schleich auch ich! doch nahm mich dies
Oft Wunder: Was verrät sich Dort den Blinden?