- J. K. Huysmans
- Deutsch von M. Capsius
Chapitre I
Plus de deux mois s’écoulèrent avant que des Esseintes pût s’immerger dans le silencieux repos de sa maison de Fontenay; des achats de toute sorte l’obligeaient à déambuler encore dans Paris, à battre la ville d’un bout à l’autre.
Et pourtant à quelles perquisitions n’avait-il pas eu recours, à quelles méditations ne s’était-il point livré, avant que de confier son logement aux tapissiers!
Il était depuis longtemps expert aux sincérités et aux faux-fuyants des tons. Jadis, alors qu’il recevait chez lui des femmes, il avait composé un boudoir où, au milieu des petits meubles sculptés dans le pâle camphrier du Japon, sous une espèce de tente en satin rose des Indes, les chairs se coloraient doucement aux lumières apprêtées que blutait l’étoffe.
Cette pièce où des glaces se faisaient écho et se renvoyaient à perte de vue, dans les murs, des enfilades de boudoirs roses, avait été célèbre parmi les filles qui se complaisaient à tremper leur nudité dans ce bain d’incarnat tiède qu’aromatisait l’odeur de menthe dégagée par le bois des meubles.
Mais, en mettant même de côté les bienfaits de cet air fardé qui paraissait transfuser un nouveau sang sous les peaux défraîchies et usées par l’habitude des céruses et l’abus des nuits, il goûtait pour son propre compte, dans ce languissant milieu, des allégresses particulières, des plaisirs que rendaient extrêmes et qu’activaient, en quelque sorte, les souvenirs des maux passés, des ennuis défunts.
Ainsi, par haine, par mépris de son enfance, il avait pendu au plafond de cette pièce une petite cage en fil d’argent où un grillon enfermé chantait comme dans les cendres des cheminées du château de Lourps; quand il écoutait ce cri tant de fois entendu, toutes les soirées contraintes et muettes chez sa mère, tout l’abandon d’une jeunesse souffrante et refoulée, se bousculaient devant lui, et alors, aux secousses de la femme qu’il caressait machinalement et dont les paroles ou le rire rompaient sa vision et le ramenaient brusquement dans la réalité, dans le boudoir à terre, un tumulte se levait en son âme, un besoin de vengeance des tristesses endurées, une rage de salir par des turpitudes des souvenirs de famille, un désir furieux de panteler sur des coussins de chair, d’épuiser jusqu’à leurs dernières gouttes, les plus véhémentes et les plus âcres des folies charnelles.
D’autres fois encore, quand le spleen le pressait, quand par les temps pluvieux d’automne, l’aversion de la rue, du chez soi, du ciel en boue jaune, des nuages en macadam, l’assaillait, il se réfugiait dans ce réduit, agitait légèrement la cage et la regardait se répercuter à l’infini dans le jeu des glaces, jusqu’à ce que ses yeux grisés s’aperçussent que la cage ne bougeait point, mais que tout le boudoir vacillait et tournait, emplissant la maison d’une valse rose.
Puis, au temps où il jugeait nécessaire de se singulariser, des Esseintes avait aussi créé des ameublements fastueusement étranges, divisant son salon en une série de niches, diversement tapissées et pouvant se relier par une subtile analogie, par un vague accord de teintes joyeuses ou sombres, délicates ou barbares, au caractère des oeuvres latines et françaises qu’il aimait. Il s’installait alors dans celle de ces niches dont le décor lui semblait le mieux correspondre à l’essence même de l’ouvrage que son caprice du moment l’amenait à lire.
Enfin, il avait fait préparer une haute salle, destinée à la réception de ses fournisseurs; ils entraient, s’asseyaient les uns à côté des autres, dans des stalles d’église, et alors il montait dans une chaire magistrale et prêchait le sermon sur le dandysme, adjurant ses bottiers et ses tailleurs de se conformer, de la façon la plus absolue, à ses brefs en matière de coupe, les menaçant d’une excommunication pécuniaire s’ils ne suivaient pas, à la lettre, les instructions contenues dans ses monitoires et ses bulles.
Il s’acquit la réputation d’un excentrique qu’il paracheva en se vêtant de costumes de velours blanc, de gilets d’orfroi, en plantant, en guise de cravate, un bouquet de Parme dans l’échancrure décolletée d’une chemise, en donnant aux hommes de lettres des dîners retentissants un entre autres, renouvelé du XVIIIe siècle, où, pour célébrer la plus futile des mésaventures, il avait organisé un repas de deuil.
Dans la salle à manger tendue de noir, ouverte sur le jardin de sa maison subitement transformé, montrant ses allées poudrées de charbon, son petit bassin maintenant bordé d’une margelle de basalte et rempli d’encre et ses massifs tout disposés de cyprès et de pins, le dîner avait été apporté sur une nappe noire, garnie de corbeilles de violettes et de scabieuses, éclairée par des candélabres où brûlaient des flammes vertes et par des chandeliers où flambaient des cierges.
Tandis qu’un orchestre dissimulé jouait des marches funèbres, les convives avaient été servis par des négresses nues, avec des mules et des bas en toile d’argent, semée de larmes.
On avait mangé dans des assiettes bordées de noir, des soupes à la tortue, des pains de seigle russe, des olives mûres de Turquie, du caviar, des poutargues de mulets, des boudins fumés de Francfort, des gibiers aux sauces couleur de jus de réglisse et de cirage, des coulis de truffes, des crèmes ambrées au chocolat, des poudings, des brugnons, des raisinés, des mûres et des guignes; bu, dans des verres sombres, les vins de la Limagne et du Roussillon, des Tenedos, des Val de Pefias et des Porto; savouré, après le café et le brou de noix, des kwas, des porter et des stout.
Le dîner de faire-part d’une virilité momentanément morte, était-il écrit sur les lettres d’invitations semblables à celles des enterrements.
Mais ces extravagances dont il se glorifiait jadis s’étaient, d’elles-mêmes, consumées; aujourd’hui, le mépris lui était venu de ces ostentations puériles et surannées, de ces vêtements anormaux, de ces embellies de logements bizarres. Il songeait simplement à se composer, pour son plaisir personnel et non plus pour l’étonnement des autres, un intérieur confortable et paré néanmoins d’une façon rare, à se façonner une installation curieuse et calme, appropriée aux besoins de sa future solitude.
Lorsque la maison de Fontenay fut prête et agencée, suivant ses désirs et ses plans, par un architecte; lorsqu’il ne resta plus qu’à déterminer l’ordonnance de l’ameublement et du décor, il passa de nouveau et longuement en revue la série des couleurs et des nuances.
Ce qu’il voulait, c’étaient des couleurs dont l’expression s’affirmât aux lumières factices des lampes; peu lui importait même qu’elles fussent, aux lueurs du jour, insipides ou rêches, car il ne vivait guère que la nuit, pensant qu’on était mieux chez soi, plus seul, et que l’esprit ne s’excitait et ne crépitait réellement qu’au contact voisin de l’ombre; il trouvait aussi une jouissance particulière à se tenir dans une chambre largement éclairée, seul éveillé et debout, au milieu des maisons enténébrées et endormies, une sorte de jouissance où il entrait peut-être une pointe de vanité, une satisfaction toute singulière, que connaissent les travailleurs attardés alors que, soulevant les rideaux des fenêtres, ils s’aperçoivent autour d’eux que tout est éteint, que tout est muet, que tout est mort.
Lentement, il tria, un à un, les tons.
Le bleu tire aux flambeaux sur un faux vert; s’il est foncé comme le cobalt et l’indigo, il devient noir; s’il est clair, il tourne au gris; s’il est sincère et doux comme la turquoise, il se ternit et se glace.
À moins donc de l’associer, ainsi qu’un adjuvant, à une autre couleur, il ne pouvait être question d’en faire la note dominante d’une pièce.
D’un autre côté, les gris fer se renfrognent encore et s’alourdissent; les gris de perle perdent leur azur et se métamorphosent en un blanc sale; les bruns s’endorment et se froidissent; quant aux verts foncés, ainsi que les verts empereur et les verts myrte, ils agissent de même que les gros bleus et fusionnent avec les noirs; restaient donc les verts plus pâles, tels que le vert paon, les cinabres et les laques, mais alors la lumière exile leur bleu et ne détient plus que leur jaune qui ne garde, à son tour, qu’un ton faux, qu’une saveur trouble.
Il n’y avait pas à songer davantage aux saumons, aux maïs et aux roses dont les efféminations contrarieraient les pensées de l’isolement; il n’y avait pas enfin à méditer sur les violets qui se dépouillent; le rouge surnage seul, le soir, et quel rouge! un rouge visqueux, un lie-de-vin ignoble; il lui paraissait d’ailleurs bien inutile de recourir à cette couleur, puisqu’en s’ingérant de la santonine, à certaine dose, l’on voit violet et qu’il est dès lors facile de se changer, et sans y toucher, la teinte de ses tentures.
Ces couleurs écartées, trois demeuraient seulement: le rouge, l’orangé, le jaune.
À toutes, il préférait l’orangé, confirmant ainsi par son propre exemple, la vérité d’une théorie qu’il déclarait d’une exactitude presque mathématique: à savoir, qu’une harmonie existe entre la nature sensuelle d’un individu vraiment artiste et la couleur que ses yeux voient d’une façon plus spéciale et plus vive.
En négligeant, en effet, le commun des hommes dont les grossières rétines ne perçoivent ni la cadence propre à chacune des couleurs, ni le charme mystérieux de leurs dégradations et de leurs nuances; en négligeant aussi ces yeux bourgeois, insensibles à la pompe et à la victoire des teintes vibrantes et fortes; en ne conservant plus alors que les gens aux pupilles raffinées, exercées par la littérature et par l’art, il lui semblait certain que l’oeil de celui d’entre eux qui rêve d’idéal, qui réclame des illusions, sollicite des voiles dans le coucher, est généralement caressé par le bleu et ses dérivés, tels que le mauve, le lilas, le gris de perle, pourvu toutefois qu’ils demeurent attendris et ne dépassent pas la lisière où il aliènent leur personnalité et se transforment en de purs violets, en de francs gris.
Les gens, au contraire, qui hussardent, les pléthoriques, les beaux sanguins, les solides mâles qui dédaignent les entrées et les épisodes et se ruent, en perdant aussitôt la tête, ceux-là se complaisent, pour la plupart, aux lueurs éclatantes des jaunes et des rouges, aux coups de cymbales des vermillons et des chromes qui les aveuglent et qui les soûlent.
Enfin, les yeux des gens affaiblis et nerveux dont l’appétit sensuel quête des mets relevés par les fumages et les saumures, les yeux des gens surexcités et étiques chérissent, presque tous, cette couleur irritante et maladive, aux splendeurs fictives, aux fièvres acides: l’orangé.
Le choix de des Esseintes ne pouvait donc prêter au moindre doute; mais d’incontestables difficultés se présentaient encore. Si le rouge et le jaune se magnifient aux lumières, il n’en est pas toujours de même de leur composé, l’orangé, qui s’emporte, et se transmue souvent en un rouge capucine, en un rouge feu.
Il étudia aux bougies toutes ses nuances, en découvrit une qui lui parut ne pas devoir se déséquilibrer et se soustraire aux exigences qu’il attendait d’elle; ces préliminaires terminés, il tâcha de ne pas user, autant que possible pour son cabinet au moins, des étoffes et des tapis de l’Orient, devenus, maintenant que les négociants enrichis se les procurent dans les magasins de nouveautés, au rabais, si fastidieux et si communs.
Il se résolut, en fin de compte, à faire relier ses murs comme des livres, avec du maroquin, à gros grains écrasés, avec de la peau du Cap, glacée par de fortes plaques d’acier, sous une puissante presse.
Les lambris une fois parés, il fit peindre les baguettes et les hautes plinthes en un indigo foncé, en un indigo laqué, semblable à celui que les carrossiers emploient pour les panneaux des voitures, et le plafond, un peu arrondi, également tendu de maroquin, ouvrit tel qu’un immense oeil-de-boeuf, enchâssé dans sa peau d’orange, un cercle de firmament en soie bleu de roi, au milieu duquel montaient, à tire-d’ailes, des séraphins d’argent, naguère brodés par la confrérie des tisserands de Cologne, pour une ancienne chape.
Après que la mise en place fut effectuée, le soir, tout cela se concilia, se tempéra, s’assit: les boiseries immobilisèrent leur bleu soutenu et comme échauffé par les oranges qui se maintinrent, à leur tour, sans s’adultérer, appuyés et, en quelque sorte, attisés qu’ils furent par le souffle pressant des bleus.
En fait de meubles, des Esseintes n’eut pas de longues recherches à opérer, le seul luxe de cette pièce devant consister en des livres et des fleurs rares; il se borna, se réservant d’orner plus tard, de quelques dessins ou de quelques tableaux, les cloisons demeurées nues, à établir sur la majeure partie de ses murs des rayons et des casiers de bibliothèque en bois d’ébène, à joncher le parquet de peaux de bêtes fauves et de fourrures de renards bleus, à installer près d’une massive table de changeur du XVe siècle, de profonds fauteuils à oreillettes et un vieux pupitre de chapelle, en fer forgé, un de ces antiques lutrins sur lesquels le diacre plaçait jadis l’antiphonaire et qui supportait maintenant l’un des pesants in-folios du Glossarium mediae et infimae latinitatis de du Cange.
Les croisées dont les vitres, craquelées, bleuâtres, parsemées de culs de bouteille aux bosses piquetées d’or, interceptaient la vue de la campagne et ne laissaient pénétrer qu’une lumière feinte, se vêtirent, à leur tour, de rideaux taillés dans de vieilles étoles, dont l’or assombri et quasi sauré, s’éteignait dans la trame d’un roux presque mort.
Enfin, sur la cheminée dont la robe fut, elle aussi, découpée dans la somptueuse étoffe d’une dalmatique florentine, entre deux ostensoirs, en cuivre doré, de style byzantin, provenant de l’ancienne Abbaye-au-Bois de Bièvre, un merveilleux canon d’église, aux trois compartiments séparés, ouvragés comme une dentelle, contint, sous le verre de son cadre, copiées sur un authentique vélin, avec d’admirables lettres de missel et de splendides enluminures: trois pièces de Baudelaire: à droite et à gauche, les sonnets portant ces titres „la Mort des Amants“ — „l’Ennemi“; — au milieu, le poème en prose intitulé: “ anywhere out of the world. — N’importe où, hors du monde „.
Erstes Kapitel
Mehr als zwei Monate vergingen noch, bevor sich Herzog Jean in die stille Zurückgezogenheit seines Häuschens in Fontenay vergraben konnte. Einkäufe aller Art nötigten ihn, noch eine Weile in Paris zu verweilen und die Stadt oft von einem Ende bis zum andern zu durchlaufen.
Lange hatte er nachgeforscht und gegrübelt, ehe er die neue Wohnung endlich den Tapezierern überlassen konnte. —
Vormals, da er noch schöne Frauen zu sich kommen ließ, hatte er ein Boudoir nach seiner Angabe einrichten lassen, wo sich inmitten kleiner geschnitzter Möbel aus hellem japanischen Kampferholz unter einem Zelt von indischem Rosa-Atlas der nackte Körper beim künstlichen Widerschein des bauschigen Stoffes noch zarter färbte.
Jenes Gemach, dessen große Spiegel sich beständig reflektierten und so eine ganze Reihe von Rosa-Boudoirs darstellten, war bei den Damen der galanten Welt sehr berühmt gewesen; denn es machte ihnen großes Vergnügen, ihre Nacktheit in dieses sanfte Inkarnat zu tauchen, wie auch den starken Duft der Möbel einzuatmen.
So hatte er unter anderm aus Haß und Verachtung seiner Kindheit unter dem Plafond dieses Boudoirs einen kleinen Käfig aufgehängt, in dem ein kleines Heimchen zirpte, wie ers oft in der Asche der hohen Kamine im Schlosse Lourps gehört hatte, während jener langen stillen Abende, die er bei seiner Mutter zubringen mußte; und die Erinnerung daran, wie an das Alleinsein in seiner traurigen Jugend stieg in wirrem Durcheinander vor ihm auf. Bei den Bewegungen des Weibes, das er liebkoste und dessen Geschwätz oder Lachen seine Vision verscheuchte und ihn plötzlich in die Wirklichkeit versetzte, — in diesem so weltlichen Boudoir entstand ein Kampf in seiner Seele, ein Bedürfnis, alle die erlittenen Trübsale zu rächen, eine Wut, durch schändliche Gemeinheiten die Familienerinnerungen zu besudeln, das rasende Verlangen, auszukeuchen auf diesem Menschenleib, bis zum letzten Tropfen die wahnsinnigsten der sinnlichen Verirrungen auszukosten.
Dann wieder einmal, wenn ihn der Spleen packte und wenn ihn bei nassem Herbstwetter der Widerwille gegen sein Heim und gegen den trüben wolkenschweren Himmel draußen erfaßte, dann flüchtete er sich an das verborgene Plätzchen, bewegte leise den Käfig und beobachtete, wie sich der Käfig ringsherum unzählige Male widerspiegelte, bis es seinen trunkenen Augen endlich vorkam, als ob sich der Käfig nicht mehr bewegte, daß aber das ganze Boudoir schwanke und sich drehe wie in einem sanften rosa Walzer.
Ein andres Mal, als sich Jean des Esseintes wieder durch seine Sonderbarkeit auszeichnen wollte, hatte er ein Meublement nach seltsamem Geschmack zusammengestellt. Er teilte seinen Salon in eine Reihe von Nischen, die alle verschieden ausgeschmückt waren und die miteinander vereinigt werden konnten. Es waltete hier eine tolle Übereinstimmung von freundlichen und düstern, von zarten und krassen Farben. Dann ließ er sich in einer dieser Nischen nieder, deren Dekoration ihm am besten mit der Eigenart des Werkes, das er gerade las, zu harmonieren schien.
Schließlich hatte er noch einen hohen Saal herrichten lassen, in dem er seine Lieferanten empfing. Sie mußten sich nebeneinander in eine Art von Kirchenstühlen setzen. Hier bestieg er eine hohe Kanzel, von der herab er ihnen eine Predigt über die Eitelkeit und das Geckentum der Welt hielt. Er forderte von hier aus seinen Schuhmacher und Schneider feierlich auf, sich aufs genaueste nach seinem päpstlichen Schreiben hinsichtlich des Schnittes zu richten, wobei er sie mit einem pekuniären Kirchenbann bedrohte, so sie nicht die in seinem väterlichen Ermahnungsschreiben und seinen Enzykliken gegebenen Anweisungen buchstäblich zur Ausführung brächten.
So erlangte er bald den Ruf eines höchst exzentrischen Menschen, den er dadurch zu krönen suchte, daß er sich Anzüge aus weißem Sammt anfertigen ließ; wie er auch Westen aus Goldbrokat trug und statt der Krawatte einfach einen großen Veilchenstrauß in den weiten Ausschnitt seines Hemdes steckte. Dann gab er den Literaten oft großartige Diners, unter anderm ein Trauerdiner nach dem Muster des achtzehnten Jahrhunderts, um ein ganz unbedeutendes kleines Mißgeschick, das ihm zugestoßen war, klassisch zu feiern.
Der Eßsaal war ganz schwarz ausgeschlagen. Er führte nach dem völlig umgestalteten Garten hinaus, dessen Alleen zu diesem Zweck mit feinem Kohlenstaub bestreut waren; das kleine mit Basaltstein umrandete Wasserbecken war mit schwarzer Tinte gefüllt, die Gebüsche bildeten Fichten und Zypressen. Die Mahlzeit wurde auf einem schwarzen Tischtuch serviert, auf dessen Mitte sich Blumenkörbe, mit Veilchen und Skabiosen gefüllt, befanden. In hohen Kandelabern brannten grünliche Flammen, und Wachskerzen in Armleuchtern erhellten den Saal. Ein unsichtbares Orchester spielte Trauermärsche, und die Gäste wurden von nackten Negerinnen, bekleidet mit Pantoffeln und kleinen Strümpfen aus Silbergewebe, die mit glänzenden Kügelchen besät waren, bedient.
Man aß von Tellern mit schwarzem Rande: Schildkrötensuppe, russisches Schwarzbrot, reife türkische Oliven, Kaviar, Seebarben (ein im Süden von Frankreich sehr beliebtes Gericht), Wildbret in schwarzer Sauce, so schwarz als wärs Lakritzensaft und Stiefelwichse, Trüffelpüree, Schokoladenpudding, dem dann ganz dunkle Blutpfirsiche, blauschwarze Trauben, Maulbeeren und schwarze Kirschen folgten. Man trank aus dunkeln Gläsern die Weine von Limagne und Roussillon, von Tenedos, Val de Peñas und Porto und labte sich schließlich nach dem Kaffe mit Nußschnaps, Kwas, Porter und Stout.
Die Einladungen zu diesem Diner waren auf Papier mit breitem, schwarzem Trauerrand geschrieben. — —
Aber diese Extravaganzen und Tollheiten, in denen er früher seinen Ruhm suchte, hatten sich erschöpft.
Heute gedachte er nur mit Verachtung jener kindlichen Albernheiten und veralteten Prahlereien, jener absurden Kleidung und seltsamen Ausschmückungen seiner Wohnung. Jetzt beabsichtigte er, sich einfach ein bequemes Heim zu seinem persönlichen Vergnügen zu schaffen und nicht das Staunen andrer zu wecken. Er hatte jetzt nur vor, sich eine ruhige, wenn auch barocke Wohnung einzurichten, die sich für seine künftige einsame Lebensweise am besten eignen sollte.
* * *
Als das Haus in Fontenay von seinem Architekten schließlich hergestellt und nach seinen Wünschen und Plänen eingerichtet war und als ihm nur noch die innre Ausschmückung zu erledigen übrigblieb, stellten sich ihm die ersten Schwierigkeiten in den Weg.
Das was er wollte, waren nämlich Farben, die beim Lampenlicht Stich hielten. Ob sie bei Tage hart oder unschön schienen, war ihm gleich, da er die Nacht zum Tage zu machen gedachte, da er sich sagte, daß man dann erst ganz allein sei und der Geist erst wirklich bei der nähern Berührung der Schatten der Nacht belebt und erregt werde. Er fand eine gewisse Befriedigung darin, sich ganz allein in einem großen, hell erleuchteten Raume aufzuhalten, während alles um ihn herum wie ausgestorben war.
Sorgfältig überlegend wählte er die Farben.
Blau wird bei Licht ein ungewisses Grün; und wenn es Kobalt oder Indigoblau ist, wird es schwarz aussehn; ist es hell, verändert es sich in Grau, und ist es blau wie der Türkis, nimmt es eine trübe eisige Färbung an, es sei denn, daß man es mit einer andern Farbe mische; sonst kann man es kaum in einem Raum verwerten. Andrerseits nimmt das Eisengrau ebenfalls eine unfreundlich schwere Färbung an; Perlgrau verliert seine Zartheit und verwandelt sich in schmutziges Weiß; Braun wirkt trüb und erkaltend; und was Dunkelgrün, Kaisergrün und Olivengrün anbelangt, hat es denselben Nachteil wie Dunkelblau und verschmilzt mit Schwarz; bleiben also nur noch die blaßgrünern Farben wie Pfauengrün, dann Zinnober, die Lackfarben, hier aber verjagt das Licht das Blau und läßt das Gelb hervortreten, das wieder einen unnatürlich verschwommenen Ton annimmt.
Es war auch nicht daran zu denken, Lachsfarbe, Maisgelb oder Rosenrot zu nehmen, denn diese weichen Farben standen im Widerspruch mit den Gedanken seiner Abgeschiedenheit; unmöglich war ebenfalls Veilchenblau, da es bei Licht verschwimmt und das Rot darin allein des Abends hervortritt, doch was für ein Rot! Dick und klebrig! Es schien ihm außerdem überflüssig, zu dieser Farbe seine Zuflucht zu nehmen, denn wenn man ein wenig Santonine einmischt, so erscheint es violett; diese Farbe ist nicht leicht zur Wandbekleidung zu verwenden.
Er nahm daher von diesen Farben Abstand, und so blieben ihm nur noch drei übrig: Orangegelb, Zitronengelb und Rot.
Er zog das Orangegelb vor, indem er durch sein eigenes Beispiel die Wahrheit einer Theorie bestätigte, die er im übrigen für mathematische Richtigkeit erklärte: nämlich, daß eine Harmonie zwischen der sinnlichen Natur eines Menschen, der wirklich Künstler ist, und der Farbe existiere, die sein Auge besonders lebhaft sieht.
Wenn man die große Menge beiseite läßt, deren grobe Netzhaut weder die eigenartige Harmonie der Farben bemerkt, noch den geheimnisvollen Reiz ihrer Abstufungen und ihrer Zusammenstellung kennt; wenn man gleichfalls die Bürger-Philister beiseite läßt, die unempfänglich für die Pracht und den Sieg der starken kräftigen Nuancen sind, und um sich nur auf die zu beschränken, deren Augen durch die Literatur und die Kunst verfeinert sind, erscheint es zweifellos, daß das Auge dessen, der Ideales träumt und der Illussionen bedarf, gewöhnlich eine Vorliebe für Blau und dessen Abstufungen, sowie für die lila und perlgraue Farbe habe, vorausgesetzt, daß diese Nuancen weich und verschwommen bleiben und nicht die Grenze überschreiten, wo sie in ein bestimmtes Violett und scharfes Grau übergehn.
Die aber, die frei und ungebunden leben, kräftige Sanguiniker, starke energische Menschen sind, gefallen sich meistens in schimmernden Farben, wie Rot und Gelb, wie sie auch die Zimbelschläge des Zinnobers und der Chromfarben lieben, die sie blenden und berauschen.
Die geschwächten und nervösen Menschen dagegen, deren sinnlicher Appetit nach Speisen sucht, die scharf gewürzt sind, — die Augen dieser hektischen, überreizten Naturen lieben fast alle die krankhaft aufregende Farbe mit täuschendem Glanze, mit scharfem, unruhigem Wechsel: das Orangegelb.
Die Wahl, die der Herzog Jean treffen würde, ließ also kaum Zweifel zu; dennoch aber entstanden neue Schwierigkeiten, denn wenn auch das Rot und Gelb sich bei Lichte glänzend bewährten, so geschieht das nicht immer bei ihrer Zusammenstellung. Das Orangegelb verschärft und verwandelt sich oft in Dunkelrot oder gar in Feuerrot.
Bei Kerzenlicht versuchte er alle seine Farbenzusammenstellungen und entdeckte eine, die gleich zu bleiben und sich nicht den Anforderungen zu entziehn schien, die er an sie stellte. Nachdem diese Vorkehrungen beendet waren, bemühte er sich, so viel es eben möglich war, für sein Arbeitszimmer die orientalischen Farben und Teppiche zu vermeiden, die prahlend und gewöhnlich geworden sind, seit Parvenus sie sich in den großen Modemagazinen zu herabgesetzten Preisen leicht verschaffen können.
Nach reiflicher Überlegung entschloß er sich dazu, die Wände wie seine Bücher mit Saffian-Leder mit breitgedrückten Narben oder mit satiniertem Kap-Leder bekleiden zu lassen.
Als das Getäfel derartig geschmückt war, ließ er die Leisten und Gesimse mit dunkler Indigofarbe und einer blauen Lackfarbe bestreichen, so, wie sie die Wagenbauer für das Äußere der Wagen verwenden; und der etwas gewölbte Plafond, ebenfalls mit Saffian-Leder bezogen, öffnete sich wie ein ungeheures rundes Fenster, eingefaßt von orangegelbem Leder: ein kreisförmiges Himmelszelt von königblauer Seide, in dessen Mitte silberne Seraphine mit ausgebreiteten Flügeln schwebten.
Er hatte richtig kalkuliert: Das Getäfel veränderte sein Blau nicht, es wurde gehalten und erwärmt durch das Orangegelb, das ebenfalls Farbe hielt, unterstützt und belebt durch den kräftigen Zug der blauen Farben.
Was die Möbel anbetrifft, hatte Herzog Jean keine allzu große Mühe, da der einzige Luxus dieses Zimmers nur aus Büchern und seltenen Blumen bestehn sollte; er begnügte sich damit, an den Wänden Bücher-und Fachschränke aus Ebenholz aufzustellen, indem er sich für später vorbehielt, die frei gebliebenen Zwischenräume mit einigen Bildern und Zeichnungen zu schmücken. Dann ließ er den getäfelten Fußboden mit Fellen von wilden Tieren belegen. In der Nähe eines großen massiven Tisches aus der Mitte des 15. Jahrhunderts standen tiefe Lehnstühle und ein altes Kirchenpult aus Schmiedeeisen — eines jener antiken Chorpulte, auf das ehemals der Diakonus das Chorbuch gelegt und auf dem jetzt einer der schweren Folianten des Glossarium mediae et infimae latinitatis von dem Gerichtsschreiber du Cange stand.
Die Fenster, mit Scheiben aus bläulichen Flaschenböden von rissigem Schmelz und Goldrand, schnitten die Aussicht auf das Land ab und ließen nur ein gedämpftes Licht eindringen; sie wurden außerdem mit Vorhängen aus alten Messgewändern verhängt, deren dunkles, fast rauchiges Gold sich in einem matt rotgelben Gewebe verlor.
Und endlich noch befand sich auf dem Kamine, dessen Bekleidung ebenfalls aus einem prachtvollen florentinischen Meßgewand hergestellt war, zwischen zwei Monstranzen aus vergoldetem Kupfer byzantischen Stils, die der alten Abtei Bois-de-Bievre entnommen waren, eine wunderbar schöne Meßtafel mit drei getrennten Fächern von außerordentlicher Zartheit; unter dem Glas ihres Rahmens sah man ferner auf Pergament in entzückender Meßbuchschrift kopiert und mit kostbarer Ausmalung versehn drei Werke von Baudelaire: zur Rechten und Linken Sonette mit dem Titel „Der Tod der Verliebten“, „Der Feind“ — und in der Mitte in Prosa: „Any where out of the world.“