- J. K. Huysmans
- Deutsch von M. Capsius
Chapitre VII
Depuis cette nuit où, sans cause apparente, il avait évoqué le mélancolique souvenir d’Auguste Langlois, il revécut toute son existence.
Il était maintenant incapable de comprendre un mot aux volumes qu’il consultait; ses yeux mêmes ne lisaient plus — il lui sembla que son esprit saturé de littérature et d’art se refusait à en absorber davantage.
Il vivait sur lui-même, se nourrissait de sa propre substance, pareil à ces bêtes engourdies, tapies dans un trou, pendant l’hiver; la solitude avait agi sur son cerveau, de même qu’un narcotique. Après l’avoir tout d’abord énervé et tendu, elle amenait une torpeur hantée de songeries vagues; elle annihilait ses desseins, brisait ses volontés, guidait un défilé de rêves qu’il subissait, passivement, sans même essayer de s’y soustraire.
Le tas confus des lectures, des méditations artistiques, qu’il avait accumulées depuis son isolement, ainsi qu’un barrage pour arrêter le courant des anciens souvenirs, avait été brusquement emporté, et le flot s’ébranlait, culbutant le présent, l’avenir, noyant tout sous la nappe du passé, emplissant son esprit d’une immense étendue de tristesse sur laquelle nageaient, semblables à de ridicules épaves, des épisodes sans intérêt de son existence, des riens absurdes.
Le livre qu’il tenait à la main tombait sur ses genoux; il s’abandonnait, regardant, plein de dégoûts et d’alarmes, défiler les années de sa vie défunte; elles pivotaient, ruisselaient maintenant autour du rappel de madame Laure et d’Auguste, enfoncé, dans ces fluctuations, comme un pieu ferme, comme un fait net. Quelle époque que celle-là! c’était le temps des soirées dans le monde, des courses, des parties de cartes, des amours commandées à l’avance, servies, à l’heure, sur le coup de minuit, dans son boudoir rose! Il se remémorait des figures, des mines, des mots nuls qui l’obsédaient avec cette ténacité des airs vulgaires qu’on ne peut se défendre de fredonner, mais qui finissent par s’épuiser, tout à coup, sans qu’on y pense.
Cette période fut de courte durée; il eut une sieste de mémoire, se replongea dans ses études latines afin d’effacer jusqu’à l’empreinte même de ces retours.
Le branle était donné; une seconde phase succéda presque immédiatement à la première, celle des souvenirs de son enfance, celle surtout des ans écoulés chez les Pères.
Ceux-là étaient plus éloignés et plus certains, gravés d’une façon, plus accusée et plus sûre; le parc touffu, les longues allées, les plates-bandes, les bancs, tous les détails matériels se levèrent dans sa chambre.
Puis les jardins s’emplirent, il entendit résonner les cris des élèves, les rires des professeurs se mêlant aux récréations, jouant à la paume, la soutane retroussée, serrée entre les genoux, ou bien causant avec les jeunes gens, sans pose ni morgue, ainsi que des camarades du même âge, sous les arbres.
Il se rappela le joug paternel qui s’accommodait mal des punitions, se refusait à infliger des cinq cents et des mille vers, se contentait de faire „réparer“, tandis que les autres s’amusaient, la leçon pas sue, recourait plus souvent encore à la simple réprimande, entourait l’enfant d’une surveillance active mais douce, cherchant à lui être agréable, consentant à des promenades où bon lui semblait, le mercredi, saisissant l’occasion de toutes les petites fêtes non carillonnées de l’Église, pour ajouter à l’ordinaire des repas des gâteaux et du vin, pour le régaler de parties de campagne; un joug paternel qui consistait à ne pas abrutir l’élève, à discuter avec lui, à le traiter déjà en homme, tout en lui conservant le dorlotement d’un bambin gâté.
Ils arrivaient ainsi à prendre sur l’enfant un réel ascendant, à pétrir, dans une certaine mesure, les intelligences qu’ils cultivaient, à les diriger, dans un sens, à les greffer d’idées spéciales, à assurer la croissance de leurs pensées par une méthode insinuante et pateline qu’ils continuaient, en s’efforçant de les suivre dans la vie, de les soutenir dans leur carrière, en leur adressant ces lettres affectueuses comme le dominicain Lacordaire savait en écrire à ses anciens élèves de Sorrèze.
Des Esseintes se rendait compte par lui-même de l’opération qu’il se figurait avoir sans résultat subie; son caractère rebelle aux conseils pointilleux, fureteur, porté aux controverses, l’avait empêché d’être modelé par leur discipline, asservi par leurs leçons; une fois sorti du collège, son scepticisme s’était accru; son passage au travers d’un monde légitimiste, intolérant et borné, ses conversations avec d’inintelligents marguilliers et de bas abbés dont les maladresses déchiraient le voile si savamment tissé par les Jésuites, avaient encore fortifié son esprit d’indépendance, augmenté sa défiance en une foi quelconque.
Il s’estimait, en somme, dégagé de tout lien, de toute contrainte; il avait simplement gardé, contrairement à tous les gens élevés dans les lycées ou les pensions laïques, un excellent souvenir de son collège et de ses maîtres, et voilà que maintenant, il se consultait, en arrivait à se demander si les semences tombées jusqu’à ce jour dans un sol stérile, ne commençaient pas à poindre.
En effet, depuis quelques jours, il se trouvait dans un état d’âme indescriptible. Il croyait pendant une seconde, allait d’instinct à la religion, puis au moindre raisonnement son attirance vers la foi s’évaporait; mais il restait, malgré tout, plein de trouble.
Il savait pourtant bien, en descendant en lui, qu’il n’aurait jamais l’esprit d’humilité et de pénitence vraiment chrétien; il savait, à n’en pouvoir hésiter, que ce moment dont parle Lacordaire, ce moment de la grâce „où le dernier trait de lumière pénètre dans l’âme et rattache à un centre commun les vérités qui y sont éparses“, ne viendrait jamais pour lui; il n’éprouvait pas ce besoin de mortification et de prière sans lequel, si l’on écoute la majeure partie des prêtres, aucune conversion n’est possible; il ne ressentait aucun désir d’implorer un Dieu dont la miséricorde lui semblait des moins probables; et cependant la sympathie qu’il conservait pour ses anciens maîtres arrivait à le faire s’intéresser à leurs travaux, à leurs doctrines; ces accents inimitables de la conviction, ces voix ardentes d’hommes d’une intelligence supérieure lui revenaient, l’amenaient à douter de son esprit et de ses forces. Au milieu de cette solitude où il vivait, sans nouvel aliment, sans impressions fraîchement subies, sans renouvellement de pensées, sans cet échange de sensations venues du dehors, de la fréquentation du monde, de l’existence menée en commun; dans ce confinement contre nature où il s’entêtait, toutes les questions, oubliées pendant son séjour à Paris, se posaient à nouveau, comme d’irritants problèmes.
La lecture des ouvrages latins qu’il aimait, d’ouvrages presque tous rédigés par des évêques et par des moines, avait sans doute contribué à déterminer cette crise. Enveloppé dans une atmosphère de couvent, dans un parfum d’encens qui lui grisaient la tête, il s’était exalté les nerfs et par une association d’idées, ces livres avaient fini par refouler les souvenirs de sa vie de jeune homme, par remettre en lumière ceux de sa jeunesse, chez les Pères.
— Il n’y a pas à dire, pensait des Esseintes s’essayant à se raisonner, à suivre la marche de cette ingestion de l’élément Jésuite, à Fontenay; j’ai, depuis mon enfance, et sans que je l’aie jamais su, ce levain qui n’avait pas encore fermenté; ce penchant même que j’ai toujours eu pour les objets religieux en est peut-être une preuve.
Mais il cherchait à se persuader le contraire, mécontent de ne plus être maître absolu chez lui; il se procura des motifs; il avait dû forcément se tourner du côté du sacerdoce, puisque l’Église a, seule, recueilli l’art, la forme perdue des siècles; elle a immobilisé, jusque dans la vile reproduction moderne, le contour des orfèvreries, gardé le charme des calices élancés comme des pétunias, des ciboires aux flancs purs; préservé, même dans l’aluminium, dans les faux émaux, dans les verres colorés, la grâce des façons d’antan. En somme, la plupart des objets précieux, classés au musée de Cluny, et échappés par miracle à l’immonde sauvagerie des sans-culottes, proviennent des anciennes abbayes de France; de même que l’Église a préservé de la barbarie, au moyen âge, la philosophie, l’histoire et les lettres, de même elle a sauvé l’art plastique, amené jusqu’à nos jours ces merveilleux modèles de tissus, de joailleries que les fabricants de choses saintes gâtent le plus qu’ils peuvent, sans en pouvoir toutefois altérer la forme initiale, exquise. Il n’y avait dès lors rien de surprenant à ce qu’il eût pourchassé ces antiques bibelots, qu’il eût, avec nombre de collectionneurs, retiré ces reliques de chez les antiquaires de Paris, de chez les brocanteurs de la campagne.
Mais, il avait beau invoquer toutes ces raisons, il ne parvenait pas complètement à se convaincre. Certes, en se résumant, il persistait à considérer la religion ainsi qu’une superbe légende, qu’une magnifique imposture, et cependant, en dépit de toutes ces explications, son scepticisme commençait à s’entamer.
Évidemment, ce fait bizarre existait: il était moins assuré maintenant que dans son enfance, alors que la sollicitude des Jésuites était directe, que leur enseignement était inévitable, qu’il était entre leurs mains, leur appartenait, corps et âme, sans liens de famille, sans influences pouvant réagir contre eux, du dehors. Ils lui avaient aussi inculqué un certain goût du merveilleux qui s’était lentement et obscurément ramifié dans son âme, qui s’épanouissait aujourd’hui, dans la solitude, qui agissait quand même sur l’esprit silencieux, interné, promené dans le court manège des idées fixes.
À examiner le travail de sa pensée, à chercher à en relier les fils, à en découvrir les sources et les causes, il en vint à se persuader que ses agissements, pendant sa vie mondaine, dérivaient de l’éducation qu’il avait reçue. Ainsi ses tendances vers l’artifice, ses besoins d’excentricité, n’étaient-ils pas, en somme, des résultats d’études spécieuses, de raffinements extraterrestres, de spéculations quasi théologiques; c’étaient, au fond, des transports, des élans vers un idéal, vers un univers inconnu, vers une béatitude lointaine, désirable comme celle que nous promettent les Écritures.
Il s’arrêta net, brisa le fil de ses réflexions. — Allons, se dit-il, dépité, je suis encore plus atteint que je ne le croyais; voilà que j’argumente avec moi-même, ainsi qu’un casuiste.
Il resta songeur, agité d’une crainte sourde; certes, si la théorie de Lacordaire était exacte, il n’avait rien à redouter, puisque le coup magique de la conversion ne se produit point dans un sursaut; il fallait, pour amener l’explosion, que le terrain fût longuement, constamment miné; mais si les romanciers parlent du coup de foudre de l’amour, un certain nombre de théologiens parlent aussi du coup de foudre de la religion; en admettant que cette doctrine fût vraie, personne n’était alors sûr de ne pas succomber. Il n’y avait plus ni analyse à faire sur soi-même, ni pressentiments à considérer, ni mesures préventives à requérir; la psychologie du mysticisme était nulle. C’était ainsi parce que c’était ainsi, et voilà tout.
— Eh! je deviens stupide, se dit des Esseintes, la crainte de cette maladie va finir par déterminer la maladie elle-même, si ça continue.
Il parvint à secouer un peu cette influence; ses souvenirs s’apaisèrent, mais d’autres symptômes morbides parurent; maintenant les sujets de discussions le hantaient seuls; le parc, les leçons, les Jésuites étaient loin; il était dominé, tout entier, par des abstractions; il pensait, malgré lui, à des interprétations contradictoires de dogmes, à des apostasies perdues, consignées dans l’ouvrage sur les Conciles, du père Labbe. Des bribes de ces schismes, des bouts de ces hérésies, qui divisèrent, pendant des siècles, les Églises de l’Occident et de l’Orient, lui revenaient. Ici, Nestorius contestant à la Vierge le titre de mère de Dieu, parce que, dans le mystère de l’Incarnation, ce n’était pas le Dieu, mais bien la créature humaine qu’elle avait portée dans ses flancs; là, Eutychès, déclarant que l’image du Christ ne pouvait ressembler à celle des autres hommes, puisque la Divinité avait élu domicile dans son corps et en avait, par conséquent, changé la forme du tout au tout; là encore, d’autres ergoteurs soutenaient que le Rédempteur n’avait pas eu du tout de corps, que cette expression des livres saints devait être prise au figuré; tandis que Tertullien émettait son fameux axiome quasi matérialiste: „Rien n’est incorporel que ce qui n’est pas; tout ce qui est, a un corps qui lui est propre“; enfin cette vieille question, débattue pendant des ans: le Christ a-t-il été attaché, seul, sur la croix ou bien la Trinité, une en trois personnes, a-t-elle souffert, dans sa triple hypostase, sur le gibet du Calvaire? le sollicitaient et le pressaient — et, machinalement, comme une leçon jadis apprise, il se posait à lu
Ce fut, durant quelques jours, dans sa cervelle, un grouillement de paradoxes, de subtilités, un vol de poils fendus en quatre, un écheveau de règles aussi compliquées que des articles de codes, prêtant à tous les sens, à tous les jeux de mots, aboutissant à une jurisprudence céleste des plus ténues, des plus baroques; puis le côté abstrait s’effaça, à son tour, et tout un côté plastique lui succéda, sous l’action des Gustave Moreau pendus aux murs.
Il vit défiler toute une procession de prélats: des archimandrites, des patriarches, levant, pour bénir la foule agenouillée, des bras d’or, agitant leurs barbes blanches dans la lecture et la prière; il vit s’enfoncer dans des cryptes obscures des files silencieuses de pénitents; il vit s’élever des cathédrales immenses où tonitruaient des moines blancs en chaire. De même, qu’après une touche d’opium, de Quincey, au seul mot de „Consul Romanus“, évoquait des pages entières de Tite-Live, regardait s’avancer la marche solennelle des Consuls, s’ébranler la pompeuse ordonnance des armées romaines; lui, sur une expression théologique, demeurait haletant, considérait des reflux de peuple, des apparitions épiscopales se détachant sur les fonds embrasés des basiliques; ces spectacles le tenaient sous le charme, courant d’âges en âges, arrivant aux cérémonies religieuses modernes, le roulant dans un infini de musique, lamentable et tendre.
Là, il n’avait plus de raisonnement à se faire, plus de débats à supporter; c’était une indéfinissable impression de respect et de crainte; le sens artiste était subjugué par les scènes si bien calculées des catholiques; à ces souvenirs, ses nerfs tressaillaient, puis en une subite rébellion, en une rapide volte, des idées monstrueuses naissaient en lui, des idées de ces sacrilèges prévus par le manuel des confesseurs, des ignominieux et impurs abus de l’eau bénite et de l’huile sainte. En face d’un Dieu omnipotent, se dressait maintenant un rival plein de force, le Démon, et une affreuse grandeur lui semblait devoir résulter d’un crime pratiqué, en pleine église par un croyant s’acharnant, dans une horrible allégresse, dans une joie toute sadique, à blasphémer, à couvrir d’outrages, à abreuver d’opprobres, les choses révérées; des folies de magie, de messe noire, de sabbat, des épouvantes de possessions et d’exorcismes se levaient; il en venait à se demander s’il ne commettait pas un sacrilège, en possédant des objets autrefois consacrés, des canons d’église, des chasubles et des custodes; et, cette pensée d’un état peccamineux lui apportait une sorte d’orgueil et d’allègement; il y démêlait des plaisirs de sacrilèges, mais de sacrilèges contestables, en tout cas, peu graves, puisqu’en somme il aimait ces objets et n’en dépravait pas l’usage; il se berçait ainsi de pensées prudentes et lâches, la suspicion de son âme lui interdisant des crimes manifestes, lui enlevant la bravoure nécessaire pour accomplir des péchés épouvantables, voulus, réels.
Peu à peu enfin, ces arguties s’évanouirent. Il vit, en quelque sorte, du haut de son esprit, le panorama de l’Église, son influence héréditaire sur l’humanité, depuis des siècles; il se la représenta, désolée et grandiose, énonçant à l’homme, l’horreur de la vie, l’inclémence de la destinée, prêchant la patience, la contrition, l’esprit de sacrifice; tâchant de panser les plaies, en montrant les blessures saignantes du Christ; assurant des privilèges divins, promettant la meilleure part du paradis aux affligés; exhortant la créature humaine à souffrir; à présenter à Dieu, comme un holocauste, ses tribulations et ses offenses, ses vicissitudes et ses peines. Elle devenait véritablement éloquente, maternelle aux misérables, pitoyable aux opprimés, menaçante pour les oppresseurs et les despotes.
Ici, des Esseintes reprenait pied. Certes, il était satisfait de cet aveu de l’ordure sociale, mais alors, il se révoltait contre le vague remède d’une espérance en une autre vie. Schopenhauer était plus exact; sa doctrine et celle de l’Église partaient d’un point de vue commun; lui aussi se basait sur l’iniquité et sur la turpitude du monde, lui aussi jetait avec l’Imitation de Notre-Seigneur, cette clameur douloureuse: „C’est vraiment une misère que de vivre sur la terre!“ Lui aussi prêchait le néant de l’existence, les avantages de la solitude, avisait l’humanité que quoi qu’elle fît, de quelque côté qu’elle se tournât, elle demeurerait malheureuse: pauvre, à cause des souffrances qui naissent des privations, riche, en raison de l’invincible ennui qu’engendre l’abondance; mais il ne vous prônait aucune panacée, ne vous berçait, pour remédier à d’inévitables maux, par aucun leurre.
Il ne vous soutenait pas le révoltant système du péché originel; ne tentait point de vous prouver que celui-là est un Dieu souverainement bon qui protège les chenapans, aide les imbéciles, écrase l’enfance, abêtit la vieillesse, châtie les incoupables; il n’exaltait pas les bienfaits d’une Providence qui a inventé cette abomination, inutile, incompréhensible, injuste, inepte, la souffrance physique; loin de s’essayer à justifier, ainsi que l’Église, la nécessité des tourments et des épreuves, il s’écriait, dans sa miséricorde indignée: „Si un Dieu a fait ce monde, je n’aimerais pas à être ce Dieu; la misère du monde me déchirerait le coeur.“
Ah! lui seul était dans le vrai! qu’étaient toutes les pharmacopées évangéliques à côté de ses traités d’hygiène spirituelle? Il ne prétendait rien guérir, n’offrait aux malades aucune compensation, aucun espoir; mais sa théorie du Pessimisme était, en somme, la grande consolatrice des intelligences choisies, des âmes élevées; elle révélait la société telle qu’elle est, insistait sur la sottise innée des femmes, vous signalait les ornières, vous sauvait des désillusions en vous avertissant de restreindre autant que possible vos espérances, de n’en point du tout concevoir, si vous vous en sentiez la force, de vous estimer enfin heureux si, à des moments inopinés, il ne vous dégringolait pas sur la tête de formidables tuiles.
Élancée de la même piste que l’Imitation, cette théorie aboutissait, elle aussi, mais sans s’égarer parmi de mystérieux dédales et d’invraisemblables routes, au même endroit, à la résignation, au laisser-faire.
Seulement, si cette résignation tout bonnement issue de la constatation d’un état de choses déplorable et de l’impossibilité d’y rien changer, était accessible aux riches de l’esprit, elle n’était que plus difficilement saisissable aux pauvres dont la bienfaisante religion calmait plus aisément alors les revendications et les colères,
Ces réflexions soulageaient des Esseintes d’un lourd poids; les aphorismes du grand Allemand apaisaient le frisson de ses pensées et cependant, les points de contact de ces deux doctrines les aidaient à se rappeler mutuellement à la mémoire, et il ne pouvait oublier, ce catholicisme si poétique, si poignant, dans lequel il avait baigné et dont il avait jadis absorbé l’essence par tous les pores.
Ces retours de la croyance, ces appréhensions de la foi le tourmentaient surtout depuis que des altérations se produisaient dans sa santé; ils coïncidaient avec des désordres nerveux nouvellement venus.
Depuis son extrême jeunesse, il avait été torturé par d’inexplicables répulsions, par des frémissements qui lui glaçaient l’échine, lui contractaient les dents, par exemple, quand il voyait du linge mouillé qu’une bonne était en train de tordre; ces effets avaient toujours persisté; aujourd’hui encore il souffrait réellement à entendre déchirer une étoffe, à frotter un doigt sur un bout de craie, à tâter avec la main un morceau de moire.
Les excès de sa vie de garçon, les tensions exagérées de son cerveau, avaient singulièrement aggravé sa névrose originelle, amoindri le sang déjà usé de sa race; à Paris, il avait dû suivre des traitements d’hydrothérapie, pour des tremblements des doigts, pour des douleurs affreuses, des névralgies qui lui coupaient en deux la face, frappaient à coups continus la tempe, aiguillaient les paupières, provoquaient des nausées qu’il ne pouvait combattre qu’en s’étendant sur le dos, dans l’ombre.
Ces accidents avaient lentement disparu, grâce à une vie plus réglée, plus calme; maintenant, ils s’imposaient à nouveau, variant de forme, se promenant par tout le corps; les douleurs quittaient le crâne, allaient au ventre ballonné, dur, aux entrailles traversées d’un fer rouge, aux efforts inutiles et pressants; puis la toux nerveuse, déchirante, aride, commençant juste à telle heure, durant un nombre de minutes toujours égal, le réveilla, l’étrangla au lit; enfin l’appétit cessa, des aigreurs gazeuses et chaudes, des feux secs lui parcoururent l’estomac; il gonflait, étouffait, ne pouvait plus, après chaque tentative de repas, supporter une culotte boutonnée, un gilet serré.
Il supprima les alcools, le café, le thé, but des laitages, recourut à des affusions d’eau froide, se bourra d’assa-foetida, de valériane et de quinine; il voulut même sortir de sa maison, se promena un peu, dans la campagne, lorsque vinrent ces jours de pluie qui la font silencieuse et vide; il se força à marcher, à prendre de l’exercice; en dernier ressort, il renonça provisoirement à la lecture et, rongé d’ennui, il se détermina, pour occuper sa vie devenue oisive, à réaliser un projet qu’il avait sans cesse différé, par paresse, par haine du dérangement, depuis qu’il s’était installé à Fontenay.
Ne pouvant plus s’enivrer à nouveau des magies du style, s’énerver sur le délicieux sortilège de l’épithète rare qui, tout en demeurant précise, ouvre cependant à l’imagination des initiés, des au-delà sans fin, il se résolut à parachever l’ameublement du logis, à se procurer des fleurs précieuses de serre, à se concéder ainsi une occupation matérielle qui le distrairait, lui détendrait les nerfs, lui reposerait le cerveau, et il espérait aussi que la vue de leurs étranges et splendides nuances le dédommagerait un peu des chimériques et réelles couleurs du style que sa diète littéraire allait lui faire momentanément oublier ou perdre.
Siebentes Kapitel
Seit jener Nacht, in der er ohne augenscheinliche Ursache die melancholische Erinnerung an Auguste Langlois wachgerufen hatte, lebte sein ganzes früheres Leben wieder in ihm auf.
Er war unfähig, ein Wort der Bücher zu verstehn, die er zu Rate zog; selbst seine Augen lasen nicht mehr; es war ihm, als wenn sein Geist, von Literatur und Kunst übersättigt, sich weigerte, mehr in sich aufzunehmen.
Er lebte nur noch in sich selbst, nährte sich von seinem eignen Mark, gleich Tieren während des Winterschlafes; denn die Einsamkeit hatte wie ein Schlaftrunk auf sein Gehirn gewirkt. Nachdem sie ihn anfangs entkräftet und hingehalten hatte, brachte sie schließlich eine Empfindungslosigkeit mit unbestimmten Träumereien in ihm hervor; sie vernichtete seine Absichten, brach seinen Willen, führte ihm eine Reihe von Träumen vor, die er passiv ertrug, ohne auch nur zu versuchen, sich ihnen zu entziehn.
Die verworrne und ungeregelte Lektüre, das künstliche Denken, dem er sich seit seiner Zurückgezogenheit hingegeben hatte, glich einem Damm, mit dem er seine alten Erinnerungen umgab; dieser Damm war plötzlich gewaltsam durchbrochen, die Flut setzte sich in Bewegung, riß Gegenwart und Zukunft mit sich, um alles gleichsam unter Wasser zu setzen und seinen Geist mit einer unendlichen Traurigkeit zu erfüllen, auf der unbedeutende Ereignisse seines Lebens und alberne Nichtigkeiten wie Strandgut umherschwammen.
Das Buch, das er in der Hand hielt, fiel oft achtlos auf den Boden; er ließ sich gehn, ließ voll Widerwillen und Scham die Jahre seines vergangnen Lebens an sich vorüberziehn.
Was war das für eine Epoche!
Er versetzte sich in die Zeit der vornehmen Abendgesellschaften, der Rennen, des Spiels, seiner Liebeleien. Er erinnerte sich der Gesichter, der Mienen, der nichtssagenden Worte, die ihn mit der Hartnäckigkeit trivialer Melodien verfolgten, die man wohl gegen seinen Willen summt, die sich aber schließlich mit einemmal, und ohne daß man daran denkt, wieder verlieren. Diese Periode war von kurzer Dauer. Es trat darauf Gedächtnisruhe ein; er versenkte sich aufs neue in seine lateinischen Studien, um die Rückblicke selbst bis zum Eindruck zu verwischen.
Doch der Reigen war eröffnet, fast unmittelbar folgte eine zweite Phase, nämlich die Erinnerungen seiner Kindheit, besonders an die Jahre, die er bei den Jesuiten zugebracht hatte.
Diese Erinnerungen waren die entferntesten und doch klarsten seines Gedächtnisses, ihm scharf und tief eingegraben: der schattige Park, die langen Alleen, die Blumenbeete, die Bänke — alle die kleinen Einzelheiten stiegen in seiner Einsamkeit vor ihm auf. Er sah die Gärten sich beleben, hörte das Geschrei der Schüler, das Lachen der Lehrer, die sich während der Erholungsstunden unter die Schüler mischten und sich, den hochgeschürzten Priesterrock zwischen den Knien haltend, dem Ballspiel hingaben oder auch mit den jungen Leuten ganz ungezwungen wie Kameraden unter den Bäumen plauderten.
Die Jesuiten erlangten durch diese Methode einen wirklichen Einfluß auf das Kind, brachten es dahin, die geistigen Gaben, die sie kultivierten, gewissermaßen zu kneten, sie in eine bestimmte Richtung zu lenken, sie gleichsam mit besondern Ideen zu pfropfen, ihre Gedankenzunahme durch eine eindringlich einschmeichelnde Methode zu fördern, indem sie sich bemühten, ihren Schülern später, beim Eintritt in die Welt, zu folgen und sie zu unterstützen, indem sie ihnen liebevolle Briefe sandten, wie sie der Dominikaner Lacordaire an seine ehemaligen Zöglinge zu schreiben verstand.
Herzog Jean gab sich von dem Erziehungsverfahren Rechenschaft, das er, wie er sich einbildete, ohne Resultat hatte über sich ergehn lassen; sein Charakter, der allen Ratschlägen gegenüber rebellisch, spitzfindig, argwöhnisch und zum Widerspruch geneigt war, hatte ihn verhindert, durch ihre Zucht gebildet, ihren Lehren unterworfen zu werden. Einmal dem Kollegium entwachsen, hatte sein Skeptizismus nur noch zugenommen; sein Weg durch eine legitimistisch-unduldsame und beschränkte Welt, die Unterhaltung mit unwissenden Kirchenvorstehern und niedrigen Geistlichen, deren Ungeschicktheit den Schleier zerrissen hatte, der so kunstgerecht von den Jesuiten gewebt war, bestärkten nur noch seinen unabhängigen Geist und vermehrten sein Mißtrauen gegen jeden Glauben.
Er erachtete sich im ganzen genommen frei von jedem Band, von jedem Zwang; er hatte einfach, anders als alle andern, die im Lyzeum oder in weltlichen Pensionaten erzogen waren, der Anstalt und seinen Lehrern ein vortreffliches Andenken bewahrt; und jetzt, wo er mit sich zu Rate ging, kam er dahin, sich zu fragen, ob der Same, bislang auf unfruchtbaren Boden gefallen, nicht anfinge aufzugehn.
Und wirklich, seit einigen Tagen befand er sich in einem unbeschreiblichen Seelenzustand. Während eines Augenblicks glaubte er sich instinktmäßig der Religion zugeführt; bei der geringsten Beweisführung aber verflog seine Hinneigung zum Glauben; trotzdem blieb er voll Unruhe und Verwirrung.
Er wußte indessen wohl, indem er in sich ging, daß er niemals den Geist der wahrhaft christlichen Demütigung und Reue hätte; er wußte, daß der Augenblick, von dem der Pater Lacordaire spricht, dieser Augenblick der Gnade, „wo der letzte Lichtstrahl in die Seele dringt und die dort zerstreuten Wahrheiten in einem gemeinsamen Zentrum wieder fixiert,“ für ihn niemals käme; er fühlte nicht das Bedürfnis der Demütigung und des Gebetes, ohne die nach der Wahrheit der Priester keine Bekehrung möglich ist; er empfand nicht den Wunsch, Gott anzuflehn, dessen Barmherzigkeit ihm am wenigsten wahrscheinlich schien; und doch brachte es die Sympathie, die er für seine ehemaligen Lehrer bewahrte, dahin, ihn für sie und ihre Doktrinen zu interessieren. Diese unnachahmliche Sprache der Überzeugung, diese begeisternden Stimmen höherer Intelligenz fielen ihm wieder ein und hatten zur Folge, daß er an seinem Geist und seinen Kräften zweifelte. In seiner Einsamkeit, ohne neue Nahrung, ohne frisch empfundne Eindrücke, ohne Erneuerung der Gedanken und Austausch von Empfindungen, die von außen kommen, in dieser unnatürlichen Verbannung, in der er eigensinnig verharrte, stellten sich alle Streitfragen, die er während seines Aufenthaltes in Paris vergessen hatte, von neuem wie aufregende Rätsel vor seinem Geist dar.
Die Lektüre der lateinischen Werke, die ihm sonst angenehm war, Werke meist von Bischöfen und Mönchen verfaßt, hatte ohne Zweifel zu dieser Krisis beigetragen. Eingehüllt in eine Klosteratmosphäre, in einen Duft von Weihrauch, der ihm den Kopf benahm, hatten sich die Nerven aufgeregt; durch eine Ideenverbindung hatten diese Bücher die Erinnerungen an seine Jugendzeit bei den Jesuiten wieder ans Licht gefördert.
„Die Sache ist klar,“ sagte sich der Herzog Jean, indem er vernünftig nachzudenken und dem Gang dieser Einführung des Jesuitenelements in Fontenay zu folgen versuchte — „ich habe seit meiner Kindheit, und ohne es je gewußt zu haben, diesen Stoff, der noch nicht gegärt hatte, in mir selbst; diese Vorliebe, die ich immer für alle religiösen Sachen gehabt habe, ist vielleicht ein Beweis dafür.“
Dennoch versuchte er sich vom Gegenteil zu überzeugen; unzufrieden, nicht mehr unumschränkter Herr über sich selbst zu sein, holte er Gründe herbei. Er hatte sich notgedrungen der Geistlichkeit zuwenden müssen, da die Kirche allein die verloren gegangene Kunst und Form der Jahrhunderte gesammelt hatte; sie hat selbst bis zu den gewöhnlichen modernen Erzeugnissen herab die Formen der Goldschmiedekunst bewahrt, den Zauber der schlanken Kelche und der Hostiengefäße in ihrer edeln Rundung auf uns gebracht, sie hat sogar in dem modernen Aluminium, in unedeln Metallen, in farbigem Glas die Grazie der mittelalterlichen Formen beibehalten.
Die meisten der kostbaren Gegenstände, die im Museum von Cluny klassifiziert und wie durch Wunder der gemeinen Raubgier der Sansculotten entgangen sind, stammen aus den alten Abteien Frankreichs her. Ebenso wie die Kirche im Mittelalter die Philosophie, die Geschichte und Sprache vor dem Verfall geschützt hat, so hat sie auch die plastische Kunst hinübergerettet.
Bis zu unsern Tagen haben sich jene wunderbaren Muster von Geweben und Goldschmiedekunst erhalten, die die Fabrikanten kirchlicher Gegenstände verhunzen, ohne ganz auf die ursprüngliche entzückende Form verzichten zu können. Es war daher durchaus nicht überraschend, daß er hinter antiken Nippsachen hergejagt, daß er mit Hilfe zahlreicher Sammler die Reliquien bei den Antiquitätenhändlern in Paris und den Trödlern auf dem Lande aufgestöbert hatte.
Aber vergebens berief er sich auf diese Gründe; es gelang ihm nicht, sich vollständig zu beruhigen. Gewiß, indem er alles kurz zusammenfaßte, beharrte er dabei, die Religion als eine herrliche Legende, als eine großartige Betrügerei zu betrachten, und doch trotz all seiner Auslegungen fing sein Skeptizismus an zu wanken.
Die seltsame Tatsache bestand: er war jetzt weniger sicher als in seiner Kindheit, wo die Fürsorge der Jesuiten unmittelbar auf ihn gewirkt hatte, als er in ihren Händen, ohne Familienbande, ohne Einfluß von außen her, ihnen sozusagen mit Körper und Geist angehörte. Sie hatten ihm ebenfalls einen gewissen Geschmack für das Wunderbare eingeflößt, der sich langsam und unbemerkt in seiner Seele verzweigt hatte und der jetzt in der Einsamkeit aufblühte.
Beim Prüfen dieser seiner Gedanken, beim Suchen, ihre Fäden zu verbinden, die Quellen und Ursachen zu entdecken, kam er zu der Überzeugung, daß seine Handlungsweise während seines gesellschaftlichen Lebens von seiner Erziehung herrührte. Waren nicht seine Neigungen für das Verkünstelte, sein Verlangen nach dem Exzentrischen die Resultate besondrer Studien und Raffiniertheit? Gewissermaßen theologische Forschungen? Es waren im Grunde Erregungen und Begeisterungen zum Idealen, zum unbekannten Weltall, zu einer fern ersehnten Glückseligkeit, wie die, die uns die heilige Schrift verspricht.
Er hielt plötzlich an und brach den Faden seiner Betrachtungen ab.
„Mir scheint,“ murmelte er verdrießlich, „daß ich noch mehr getroffen bin, als ich glaubte, da ich mich selbst mit Worten, wie ein Kasuist, bekämpfe.“
Er verblieb nachdenklich, von einer unbestimmten Furcht bewegt.
„Ach! ich werde stumpfsinnig,“ sagte sich der herzogliche Einsiedler; „die Furcht vor dieser Krankheit wird, wenn das so weitergeht, schließlich die Krankheit selbst herbeiführen.“
Es gelang ihm, diesen Einfluß etwas abzuschütteln; seine Erinnerungen ließen nach, aber andre krankhafte Symptome machten sich bemerkbar; jetzt waren es die Gegenstände der Streitigkeiten allein, die ihn heimsuchten. Der Park, die Lehrer, die Jesuiten waren entschwunden. Er war gänzlich vom Abstrakten beherrscht; gegen seinen Willen dachte er an die widersprechenden Auslegungen der Glaubenssätze, an die verloren gegangnen Lossagungen von den Klostergelübden, die Pater Labbe in dem Werk über die Konzilien erwähnt. Brocken von diesen Kirchenspaltungen, Überbleibsel dieser Ketzereien, die während mehrerer Jahrhunderte die Kirchen des Westens und des Ostens trennten, fielen ihm wieder ein. Hier war es Nestorius, der der Jungfrau Maria den Titel Muttergottes streitig machte, weil im Mysterium der Inkarnation nicht Gott, sondern nur die menschliche Kreatur vorhanden war, die sie in ihrem Leibe getragen habe; da war es Eutyches, der da erklärte, daß das Bildnis Christi nicht dem der andern Menschen gleichen könnte, da die Gottheit, in seinem Körper domizilierend, die Form ganz und gar verändert habe; dann waren es wieder andre Zänker, die behaupteten, daß der Erlöser gar keinen Körper gehabt habe, daß dieser Ausdruck der heiligen Schrift nur bildlich zu nehmen sei; während sich Tertullian in seinem berühmten, beinahe materialistischen Axiom äußert: „Nichts, das ist, ist unverkörpert; alles was ist, hat einen Körper, der ihm eigen ist;“ und schließlich diese alte, während langer Jahre erörterte Frage: „Ist Christus allein ans Kreuz geschlagen worden, oder hat die Dreieinigkeit, eins in drei Personen, in ihrer dreifachen Persönlichkeit am Kreuze Golgathas gelitten?“
Alles das trieb ihn an, drängte ihn — und mechanisch wie eine einmal gelernte Aufgabe stellte er sich selber Fragen und suchte sie zu beantworten. —
Während einiger Tage war es in seinem Gehirn wie ein Wimmeln von Paradoxen, wie ein Flug von Haarspaltereien. Dann verwischte sich aber die abstrakte Seite und eine ganz plastische folgte ihr unter der Wirkung der Gustav Moreauschen Bilder, die an den Wänden aufgehängt waren.
Er sah eine ganze Prozession von Prälaten an sich vorüberziehn: Archimandriten, Patriarchen, die ihre goldbekleideten Arme emporheben, um die kniende Menge zu segnen, und ihre weißen Bärte beim Lesen und Gebeteleiern schütteln; er sah ganze Züge schweigender Büßer in die dunkeln Totengrüfte hinabsteigen, dann wieder sich unermeßliche Dome erheben, in denen weiß gekleidete Mönche von der Kanzel herunter donnerten.
Nach und nach verschwanden schließlich diese Gesichte. Er sah von der Höhe seines Geistes herab das Panorama der Kirche wie ihren erblichen Einfluß auf die Menschheit seit Jahrhunderten; er stellte sie sich verzweifelnd und großartig vor, wie sie dem Menschen das Schreckliche des Lebens und die Unfreundlichkeit des Schicksals dartue, Geduld, Reue und Aufopferung predige, versuche, die Schmerzen zu heilen durch den Hinweis auf die blutenden Wunden Christi, göttliche Vorrechte versichre, den Betrübten den besten Teil des Paradieses verspreche, die menschliche Kreatur zum Leiden ermahne, damit der Mensch Gott seine Trübsale und Sünden, seine Mißgeschicke und seine Sorgen als Sühnopfer darbringe.
Hier faßte Herzog Jean wieder Fuß. Gewiß war er durch dieses Geständnis der sozialen Schändlichkeit befriedigt, wieder aber empörte ihn das unbestimmte Heilmittel der Hoffnung auf ein beßres Leben.
Schopenhauer war ehrlicher, seine Doktrinen und die der Kirche gingen von einem gemeinschaftlichen Standpunkt aus; er stützte sich ebenfalls auf die Ungerechtigkeit und Schändlichkeit der Welt, er stieß auch mit seiner „Nachfolge Jesu Christi“ den schmerzlichen Ruf aus: „Es ist wirklich ein Elend, auf der Welt zu sein!“ Er predigte auch die Erbärmlichkeit der Existenz, die Vorteile der Zurückgezogenheit, warnte die Menschheit, daß, was sie auch tun möge und nach welcher Seite sie sich auch drehe, sie immer nur unglücklich bleibe: arm wegen der Leiden, die aus den Entbehrungen hervorgehn, reich im Verhältnis zu der unbesiegbaren Langeweile, die der Überfluß erzeugt; aber er pries kein Universalmittel an, vertröstete mit keinem Köder, um dem unvermeidlichen Übel abzuhelfen.
Er unterstützt nicht das empörende System der Erbsünde; versucht nicht zu beweisen, daß der ein allgütiger Gott sei, der die Spitzbuben beschützt, der den Dummköpfen hilft, die Kindheit vernichtet, das Alter verdummt und die Unschuldigen bestraft; er rühmt nicht die Wohltaten einer Vorsehung, die diese nutzlose, unverständliche, ungerechte und alberne Abscheulichkeit, das physische Leiden, erfunden hat; er versucht keineswegs wie die Kirche die Notwendigkeit der Qualen und Prüfungen zu rechtfertigen. Ruft er doch in seiner empörten Barmherzigkeit aus: „Wenn ein Gott diese Welt gemacht hat, so möchte ich nicht dieser Gott sein; das menschliche Elend bräche mir das Herz!“
Ach! er allein hatte das Richtige getroffen! Was waren alle die evangelischen Quacksalber neben seinen Abhandlungen von geistiger Gesundheitspflege? Er beabsichtigte nichts zu heilen, bot dem Kranken keine Entschädigung, keine Hoffnung an; aber seine Theorie des Pessimismus war im Grunde genommen die große Trösterin der auserwählten Geister, aller erhabnen Seelen. Sie offenbarte die Gesellschaft, so wie sie ist und hob die angeborne Dummheit der Frauen hervor.
Diese Betrachtungen erleichterten den Herzog von einer schweren Last. Dieser große Deutsche bannte seinen Gedankenschauer und brachte ihn durch die Berührungspunkte seiner beiden Doktrinen dahin, daß er diesen ebenso poetischen wie rührenden Katholizismus, in dem er erzogen war und von dem er in seiner Jugend die Essenz in allen Poren eingesogen hatte, nicht zu vergessen vermochte.
Diese Rückgänge zur Gläubigkeit quälten ihn, besonders seit sich Verschlimmerungen seiner Gesundheit zeigten; sie trafen mit den neu hinzugetretnen nervösen Störungen zusammen.
Seit seiner jüngsten Kindheit war er von unerklärlichen Abneigungen gemartert worden, von Schauern, die ihm den Rücken kalt hinunterliefen, ihm die Zähne zusammenpreßten, wenn er zum Beispiel nasse Wäsche sah, die von einem Mädchen ausgerungen wurde. Diese Wirkungen waren verblieben; noch heute litt er ganz besonders, wenn er einen Stoff zerreißen oder mit dem Finger auf Kreide reiben hörte, oder wenn er moirierte Seide anfaßte.
Die Ausschweifungen seines Junggesellenlebens, die übertriebnen Anstrengungen seines Gehirns hatten sein ursprüngliches Nervenleiden außerordentlich verschlimmert und das schon von seinen Vorfahren arg verbrauchte gesunde Blut nur noch verringert. In Paris hatte er bereits Kuren der Kaltwasserheilkunst durchmachen müssen, vornehmlich gegen das Zittern der Hände und gegen die entsetzlichen Schmerzen der Neuralgie, die ihm das Gesicht zerrissen, die Schläfen wie mit Hammerschlägen bearbeiteten, ihm die Augenlider wie mit Nadeln zerstachen und ihm Übelkeit erzeugten, die er nicht anders zu bekämpfen vermochte, als dadurch, daß er sich im Dunkeln auf den Rücken legte.
Diese Zufälle waren infolge seines geregeltern, ruhigern Lebens langsam verschwunden. Jetzt machten sie sich aber von neuem in andrer Form geltend, indem sie den ganzen Körper durchliefen; die Schmerzen gingen vom Schädel zum Leib und durchbohrten ihn gleichsam mit einem glühenden Eisen. Dann folgte ein nervös trockner Husten, der zu einer bestimmten Stunde anfing, eine immer gleiche Anzahl von Minuten währte, ihn aufweckte und ihn im Bett fast erstickte. Sein Appetit hörte ebenfalls auf. Nach jedem Versuch zum Essen konnte er kein zugeknöpftes Beinkleid, keine fest zugemachte Weste mehr ertragen.
Er enthielt sich aller geistigen Getränke, des Kaffees und Tees, trank nur noch Milch, nahm seine Zuflucht wieder zu den kalten Abwaschungen, stopfte sich voll Asa fœtida, Baldrian und Chinin, wollte selbst das Haus verlassen, um ein wenig im Freien zu spazieren, als eben die Regentage eintraten, die das Land schweigend und eintönig machten. Als letztes Mittel verzichtete er vorläufig auf jede Lektüre und, von Langeweile verzehrt, entschloß er sich, um sein müßiges Dasein zu ändern, ein Projekt auszuführen, das er aus Bequemlichkeit und Haß gegen jede Störung fortwährend aufgeschoben hatte, seitdem er sich in Fontenay niedergelassen hatte.
Da er sich nicht mehr an den bezaubernden Wirkungen des Stils zu berauschen vermochte, sich nicht mehr an den entzückenden Überraschungen des schönen Pathos aufregen konnte, beschloß er die Ausstattung seiner Wohnung zu vollenden, sich seltne Treibhausblumen anzuschaffen, um sich auf diese Weise eine materielle Beschäftigung zuzugestehn, die ihn zerstreuen, seine Nerven erholen, sein Gehirn ausruhen ließe. Er hoffte, daß der Anblick ihrer seltsamen und prachtvollen Schattierungen ihn etwas entschädigte für die wahrhaft wunderlichen Farben des Stils, den seine literarische Diät ihn momentan vergessen oder verlieren ließ.