- J. K. Huysmans
- Deutsch von M. Capsius
Chapitre IV
Une voiture s’arrêta, vers une fin d’après-midi, devant la maison de Fontenay. Comme des Esseintes ne recevait aucune visite, comme le facteur ne se hasardait même pas dans ces parages inhabités, puisqu’il n’avait à lui remettre aucun journal, aucune revue, aucune lettre, les domestiques hésitèrent, se demandant s’il fallait ouvrir; puis, au carillon de la sonnette, lancée à toute volée contre le mur, ils se hasardèrent à tirer le judas incisé dans la porte et ils aperçurent un monsieur dont toute la poitrine était couverte, du col au ventre, par un immense bouclier d’or.
Ils avertirent leur maître qui déjeunait.
— Parfaitement, introduisez, fit-il; car il se souvenait d’avoir autrefois donné, pour la livraison d’une commande, son adresse à un lapidaire.
Le monsieur salua, déposa, dans la salle à manger, sur le parquet de pitch-pin son bouclier qui oscilla, se soulevant un peu, allongeant une tête serpentine de tortue qui, soudain effarée, rentra sous sa carapace.
Cette tortue était une fantaisie venue à des Esseintes quelque temps avant son départ de Paris. Regardant, un jour, un tapis d’Orient, à reflets, et, suivant les lueurs argentées qui couraient sur la trame de la laine, jaune aladin et violet prune, il s’était dit: il serait bon de placer sur ce tapis quelque chose qui remuât et dont le ton foncé aiguisât la vivacité de ces teintes.
Possédé par cette idée il avait vagué, au hasard des rues, était arrivé au Palais-Royal, et devant la vitrine de Chevet s’était frappé le front: une énorme tortue était là, dans un bassin. Il l’avait achetée: puis, une fois abandonnée sur le tapis, il s’était assis devant elle et il l’avait longuement contemplée, en clignant de l’oeil.
Décidément la couleur tête-de-nègre, le ton de Sienne crue de cette carapace salissait les reflets du tapis sans les activer; les lueurs dominantes de l’argent étincelaient maintenant à peine, rampant avec les tons froids du zinc écorché, sur les bords de ce test dur et terne.
Il se rongea les ongles, cherchant les moyens de concilier ces mésalliances, d’empêcher le divorce résolu de ces tons, il découvrit enfin que sa première idée, consistant à vouloir attiser les feux de l’étoffe par le balancement d’un objet sombre mis dessus était fausse en somme, ce tapis était encore trop voyant, trop pétulant, trop neuf. Les couleurs ne s’étaient pas suffisamment émoussées et amoindries; il s’agissait de renverser la proposition, d’amortir les tons, de les éteindre par le contraste d’un objet éclatant, écrasant tout autour de lui, jetant de la lumière d’or sur de l’argent pâle. Ainsi posée, la question devenait plus facile à résoudre. Il se détermina, en conséquence, à faire glacer d’or la cuirasse de sa tortue.
Une fois rapportée de chez le praticien qui la prit en pension, la bête fulgura comme un soleil, rayonna sur le tapis dont les teintes repoussées fléchirent, avec des irradiations de pavois wisigoth aux squames imbriquées par un artiste d’un goût barbare.
Des Esseintes fut tout d’abord enchanté de cet effet; puis il pensa que ce gigantesque bijou n’était qu’ébauché, qu’il ne serait vraiment complet qu’après qu’il aurait été incrusté de pierres rares.
Il choisit dans une collection japonaise un dessin représentant un essaim de fleurs partant en fusées d’une mince tige, l’emporta chez un joaillier, esquissa une bordure qui enfermait ce bouquet dans un cadre ovale, et il fit savoir, au lapidaire stupéfié que les feuilles, que les pétales de chacune de ces fleurs, seraient exécutés en pierreries et montés dans l’écaille même de la bête.
Le choix des pierres l’arrêta; le diamant est devenu singulièrement commun depuis que tous les commerçants en portent au petit doigt; les émeraudes et les rubis de l’Orient sont moins avilis, lancent de rutilantes flammes, mais ils rappellent par trop ces yeux verts et rouges de certains omnibus qui arborent des fanaux de ces deux couleurs, le long des tempes; quant aux topazes brûlées ou crues, ce sont des pierres à bon marché, chères à la petite bourgeoisie qui veut serrer des écrins dans une armoire à glace; d’un autre côté, bien que l’Église ait conservé à l’améthyste un caractère sacerdotal, tout à la fois onctueux et grave, cette pierre s’est, elle aussi, galvaudée aux oreilles sanguines et aux mains tubuleuses des bouchères qui veulent, pour un prix modique, se parer de vrais et pesants bijoux; seul, parmi ces pierres, le saphir a gardé des feux inviolés par la sottise industrielle et pécuniaire. Ses étincelles grésillant sur une eau limpide et froide, ont, en quelque sorte, garanti de toute souillure sa noblesse discrète et hautaine. Malheureusement, aux lumières, ses flammes fraîches ne crépitent plus; l’eau bleue rentre en elle-même, semble s’endormir pour ne se réveiller, en pétillant, qu’au point du jour.
Décidément aucune de ces pierreries ne contentait des Esseintes; elles étaient d’ailleurs trop civilisées et trop connues. Il fit ruisseler entre ses doigts des minéraux plus surprenants et plus bizarres, finit par trier une série de pierres réelles et factices dont le mélange devait produire une harmonie fascinatrice et déconcertante.
Il composa ainsi le bouquet de ses fleurs: les feuilles furent serties de pierreries d’un vert accentué et précis: de chrysobéryls vert asperge; de péridots vert poireau; d’olivines vert olive et elles se détachèrent de branches en almadine et en ouwarovite d’un rouge violacé, jetant des paillettes d’un éclat sec de même que ces micas de tartre qui luisent dans l’intérieur des futailles.
Pour les fleurs, isolées de la tige, éloignées du pied de la gerbe, il usa de la cendre bleue; mais il repoussa formellement cette turquoise orientale qui se met en broches et en bagues et qui fait, avec la banale perle et l’odieux corail, les délices du menu peuple; il choisit exclusivement des turquoises de l’Occident, des pierres qui ne sont, à proprement parler, qu’un ivoire fossile imprégné de substances cuivreuses et dont le bleu céladon est engorgé, opaque, sulfureux, comme jauni de bile.
Cela fait, il pouvait maintenant enchâsser les pétales de ses fleurs épanouies au milieu du bouquet, de ses fleurs les plus voisines, les plus rapprochées du tronc, avec des minéraux transparents, aux lueurs vitreuses et morbides, aux jets fiévreux et aigres.
Il les composa uniquement d’yeux de chat de Ceylan, de cymophanes et de saphirines.
Ces trois pierres dardaient en effet, des scintillements mystérieux et pervers, douloureusement arrachés du fond glacé de leur eau trouble.
L’oeil de chat d’un gris verdâtre, strié de veines concentriques qui paraissent remuer, se déplacer à tout moment, selon les dispositions de la lumière.
La cymophane avec des moires azurées courant sur la teinte laiteuse qui flotte à l’intérieur.
La saphirine qui allume des feux bleuâtres de phosphore sur un fond de chocolat, brun sourd.
Le lapidaire prenait note à mesure des endroits où devaient être incrustées les pierres. Et la bordure de la carapace, dit-il à des Esseintes?
Celui-ci avait d’abord songé à quelques opales et à quelques hydrophanes; mais ces pierres intéressantes par l’hésitation de leurs couleurs, par le doute de leurs flammes, sont par trop insoumises et infidèles; l’opale a une sensibilité toute rhumatismale; le jeu de ses rayons s’altère suivant l’humidité, la chaleur ou le froid; quant à l’hydrophane elle ne brûle que dans l’eau et ne consent à allumer sa braise grise qu’alors qu’on la mouille.
Il se décida enfin pour des minéraux dont les reflets devaient s’alterner: pour l’hyacinthe de Compostelle, rouge acajou; l’aigue marine, vert glauque; le rubis-balais, rose vinaigre; le rubis de Sudermanie, ardoise pâle. Leurs faibles chatoiements suffisaient à éclairer les ténèbres de l’écaille et laissaient sa valeur à la floraison des pierreries qu’ils entouraient d’une mince guirlande de feux vagues.
Des Esseintes regardait maintenant, blottie en un coin de sa salle à manger, la tortue qui rutilait dans la pénombre.
Il se sentit parfaitement heureux; ses yeux se grisaient à ces resplendissements de corolles en flammes sur un fond d’or; puis, contrairement à son habitude, il avait appétit et il trempait ses rôties enduites d’un extraordinaire beurre dans une tasse de thé, un impeccable mélange de Si-a-Fayoune, de Mo-you-tann, et de Khansky, des thés jaunes, venus de Chine en Russie par d’exceptionnelles caravanes.
Il buvait ce parfum liquide dans ces porcelaines de la Chine, dites coquilles d’oeufs, tant elles sont diaphanes et légères et, de même qu’il n’admettait que ces adorables tasses, il ne se servait également, en fait de couverts, que d’authentique vermeil, un peu dédoré, alors que l’argent apparaît un tantinet, sous la couche fatiguée de l’or et lui donne ainsi une teinte d’une douceur ancienne, toute épuisée, toute moribonde.
Après qu’il eut bu sa dernière gorgée, il rentra dans son cabinet et fit apporter par le domestique la tortue qui s’obstinait à ne pas bouger.
La neige tombait. Aux lumières des lampes, des herbes de glace poussaient derrière les vitres bleuâtres et le givre, pareil à du sucre fondu, scintillait dans les culs de bouteille des carreaux étiquetés d’or.
Un silence profond enveloppait la maisonnette engourdie dans les ténèbres.
Des Esseintes rêvassait; le brasier chargé de bûches emplissait d’effluves brûlants la pièce; il entrouvrit la fenêtre.
Ainsi qu’une haute tenture de contre-hermine, le ciel se levait devant lui, noir et moucheté de blanc.
Un vent glacial courut, accéléra le vol éperdu de la neige, intervertit l’ordre des couleurs.
La tenture héraldique du ciel se retourna, devint une véritable hermine blanche, mouchetée de noir, à son tour, par les points de nuit dispersés entre les flocons.
Il referma la croisée; ce brusque passage sans transition, de la chaleur torride, aux frimas du plein hiver l’avait saisi; il se recroquevilla près du feu et l’idée lui vint d’avaler un spiritueux qui le réchauffât.
Il s’en fut dans la salle à manger où, pratiquée dans l’une des cloisons, une armoire contenait une série de petites tonnes, rangées côte à côte, sur de minuscules chantiers de bois de santal, percées de robinets d’argent au bas du ventre.
Il appelait cette réunion de barils à liqueurs, son orgue à bouche.
Une tige pouvait rejoindre tous les robinets, les asservir à un mouvement unique, de sorte qu’une fois l’appareil en place, il suffisait de toucher un bouton dissimulé dans la boiserie, pour que toutes les cannelles, tournées en même temps, remplissent de liqueur les imperceptibles gobelets placés au-dessous d’elles.
L’orgue se trouvait alors ouvert. Les tiroirs étiquetés “ flûte, cor, voix céleste „ étaient tirés, prêts à la manoeuvre. Des Esseintes buvait une goutte, ici, là, se jouait des symphonies intérieures, arrivait à se procurer, dans le gosier, des sensations analogues à celles que la musique verse à l’oreille.
Du reste, chaque liqueur correspondait, selon lui, comme goût, au son d’un instrument. Le curaçao sec, par exemple, à la clarinette dont le chant est aigrelet et velouté; le kummel au hautbois dont le timbre sonore nasille; la menthe et l’anisette, à la flûte, tout à la fois sucrée et poivrée, piaulante et douce; tandis que, pour compléter l’orchestre, le kirsch sonne furieusement de la trompette; le gin et le whisky emportent le palais avec leurs stridents éclats de pistons et de trombones, l’eau-de-vie de marc fulmine avec les assourdissants vacarmes des tubas, pendant que roulent les coups de tonnerre de la cymbale et de la caisse frappés à tour de bras, dans la peau de la bouche, par les rakis de Chio et les mastics!
Il pensait aussi que l’assimilation pouvait s’étendre, que des quatuors d’instruments à cordes pouvaient fonctionner sous la voûte palatine, avec le violon représentant la vieille eau-de-vie, fumeuse et fine, aiguë et frêle; avec l’alto simulé par le rhum plus robuste, plus ronflant, plus sourd, avec le vespétro déchirant et prolongé, mélancolique et caressant comme un violoncelle; avec la contrebasse, corsée, solide et noire comme un pur et vieux bitter. On pouvait même, si l’on voulait former un quintette, adjoindre un cinquième instrument, la harpe, qu’imitait par une vraisemblable analogie, la saveur vibrante, la note argentine, détachée et grêle du cumin sec.
La similitude se prolongeait encore: des relations de tons existaient dans la musique des liqueurs; ainsi pour ne citer qu’une note, la bénédictine figure, pour ainsi dire, le ton mineur de ce ton majeur des alcools que les partitions commerciales désignent sous le signe de chartreuse verte.
Ces principes une fois admis, il était parvenu, grâce à d’érudites expériences, à se jouer sur la langue de silencieuses mélodies, de muettes marches funèbres à grand spectacle, à entendre, dans sa bouche, des solis de menthe, des duos de vespétro et de rhum.
Il arrivait même à transférer dans sa mâchoire de véritables morceaux de musique, suivant le compositeur, pas à pas, rendant sa pensée, ses effets, ses nuances, par des unions ou des contrastes voisins de liqueurs, par d’approximatifs et savants mélanges.
D’autres fois, il composait lui-même des mélodies, exécutait des pastorales avec le bénin cassis qui lui faisait roulader, dans la gorge, des chants emperlés de rossignol, avec le tendre cacao-chouva qui fredonnait de sirupeuses bergerades, telles que „les romances d’Estelle“ et les „Ah! vous dirai-je, maman“ du temps jadis.
Mais, ce soir-là, des Esseintes n’avait nulle envie d’écouter le goût de la musique; il se borna à enlever une note au clavier de son orgue, en emportant un petit gobelet qu’il avait préalablement rempli d’un véridique whisky d’Irlande.
Il se renfonça dans son fauteuil et huma lentement ce suc fermenté d’avoine et d’orge; un fumet prononcé de créosote lui empuantit la bouche.
Peu à peu, en buvant, sa pensée suivit l’impression maintenant ravivée de son palais, emboîta le pas à la saveur du whisky, réveilla, par une fatale exactitude d’odeurs, des souvenirs effacés depuis des ans.
Ce fleur phéniqué, âcre, lui remémorait forcément l’identique senteur dont il avait eu la langue pleine au temps où les dentistes travaillaient dans sa gencive.
Une fois lancé sur cette piste, sa rêverie, d’abord éparse sur tous les praticiens qu’il avait connus, se rassembla et convergea sur l’un d’entre eux dont l’excentrique rappel s’était plus particulièrement gravé dans sa mémoire.
Il y avait de cela, trois années; pris, au milieu d’une nuit, d’une abominable rage de dents, il se tamponnait la joue, butait contre les meubles, arpentait, semblable à un fou, sa chambre.
C’était une molaire déjà plombée; aucune guérison n’était possible; la clef seule des dentistes pouvait remédier au mal. Il attendait, tout enfièvré, le jour, résolu à supporter les plus atroces des opérations, pourvu qu’elles missent fin à ses souffrances.
Tout en se tenant la mâchoire, il se demandait comment faire. Les dentistes qui le soignaient étaient de riches négociants qu’on ne voyait point à sa guise; il fallait convenir avec eux de visites, d’heures de rendez-vous. C’est inacceptable, je ne puis différer plus longtemps, disait-il; il se décida à aller chez le premier venu, à courir chez un quenottier du peuple, un de ces gens à poigne de fer qui, s’ils ignorent l’art bien inutile d’ailleurs de panser les caries et d’obturer les trous, savent extirper, avec une rapidité sans pareille, les chicots les plus tenaces; chez ceux-là, c’est ouvert au petit jour et l’on n’attend pas. Sept heures sonnèrent enfin. Il se précipita hors de chez lui, et se rappelant le nom connu d’un mécanicien qui s’intitulait dentiste populaire et logeait au coin d’un quai, il s’élança dans les rues en mordant son mouchoir, en renfonçant ses larmes.
Arrivé devant la maison, reconnaissable à un immense écriteau de bois noir où le nom de „Gatonax“ s’étalait en d’énormes lettres couleur de potiron, et en deux petites armoires vitrées où des dents de pâte étaient soigneusement alignées dans des gencives de cire rose, reliées entre elles par des ressorts mécaniques de laiton, il haleta, la sueur aux tempes; une transe horrible lui vint, un frisson lui glissa sur la peau, un apaisement eut lieu, la souffrance s’arrêta, la dent se tut.
Il restait, stupide, sur le trottoir; il s’était enfin roidi contre l’angoisse, avait escaladé un escalier obscur, grimpé quatre à quatre jusqu’au troisième étage. Là, il s’était trouvé devant une porte où une plaque d’émail répétait, inscrit avec des lettres d’un bleu céleste, le nom de l’enseigne. Il avait tiré la sonnette, puis, épouvanté par les larges crachats rouges qu’il apercevait collés sur les marches, il fit volte-face, résolu à souffrir des dents, toute sa vie, quand un cri déchirant perça les cloisons, emplit la cage de l’escalier, le cloua d’horreur, sur place, en même temps qu’une porte s’ouvrit et qu’une vieille femme le pria d’entrer.
La honte l’avait emporté sur la peur; il avait été introduit dans une salle à manger; une autre porte avait claqué, donnant passage à un terrible grenadier, vêtu d’une redingote et d’un pantalon noirs, en bois; des Esseintes le suivit dans une autre pièce.
Ses sensations devenaient, dès ce moment, confuses. Vaguement il se souvenait de s’être affaissé, en face d’une fenêtre, dans un fauteuil, d’avoir balbutié, en mettant un doigt sur sa dent: „elle a été déjà plombée; j’ai peur qu’il n’y ait rien à faire.“
L’homme avait immédiatement supprimé ces explications, en lui enfonçant un index énorme dans la bouche; puis, tout en grommelant sous ses moustaches vernies, en crocs, il avait pris un instrument sur une table. Alors la grande scène avait commencé. Cramponné aux bras du fauteuil, des Esseintes avait senti, dans la joue, du froid, puis ses yeux avaient vu trente-six chandelles et il s’était mis, souffrant des douleurs inouïes, à battre des pieds et à bêler ainsi qu’une bête qu’on assassine. Un craquement s’était fait entendre, la molaire se cassait, en venant; il lui avait alors semblé qu’on lui arrachait la tête, qu’on lui fracassait le crâne; il avait perdu la raison, avait hurlé de toutes ses forces, s’était furieusement défendu contre l’homme qui se ruait de nouveau sur lui comme s’il voulait lui entrer son bras jusqu’au fond du ventre, s’était brusquement reculé d’un pas, et levant le corps attaché à la mâchoire, l’avait laissé brutalement retomber, sur le derrière, dans le fauteuil, tandis que, debout, emplissant la fenêtre, il soufflait, brandissant au bout de son davier, une dent bleue où pendait du rouge!
Anéanti, des Esseintes avait dégobillé du sang plein une cuvette, refusé, d’un geste, à la vieille femme qui rentrait, l’offrande de son chicot qu’elle s’apprêtait à envelopper dans un journal et il avait fui, payant deux francs, lançant, à son tour, des crachats sanglants sur les marches, et il s’était retrouvé, dans la rue, joyeux, rajeuni de dix ans, s’intéressant aux moindres choses.
— Brou! fit-il, attristé par l’assaut de ces souvenirs. Il se leva pour rompre l’horrible charme de cette vision et, revenu dans la vie présente, il s’inquiéta de la tortue.
Elle ne bougeait toujours point, il la palpa — elle était morte. Sans doute habituée à une existence sédentaire, à une humble vie passée sous sa pauvre carapace, elle n’avait pu supporter le luxe éblouissant qu’on lui imposait, la rutilante chape dont on l’avait vêtue, les pierreries dont on lui avait pavé le dos, comme un ciboire.
Viertes Kapitel
Eines Nachmittags hielt ein Wagen vor dem Hause in Fontenay. Da Herzog Jean keine Besuche empfing und sich selbst der Briefträger nicht einmal in dieser unbewohnten Gegend zeigte, weil er niemals einen Brief oder eine Zeitung zu bestellen hatte, zögerten anfänglich die beiden alten Dienstboten, da sie nicht wußten, ob sie öffnen durften. Auf das laute Geklingel der Glocke, die mit aller Kraft gezogen wurde, wagten sie es endlich, durch das kleine Schiebfenster, das in der Tür angebracht war, zu sehn; vor der Türe stand ein Herr, dessen ganze Brust vom Hals bis zum Leib mit einem ungeheuern goldnen Schild bedeckt war.
Sie benachrichtigen hierauf ihren Herrn, der am Frühstückstisch saß.
„Ganz richtig, führen Sie ihn herein,“ sagte er — denn er erinnerte sich, daß er vor einiger Zeit einem Edelsteinhändler, der eine schwierige Bestellung für ihn ausführen sollte, seine Adresse gegeben hatte.
Der Herr grüßte und setzte ohne Umstände auf den Boden des Eßzimmers seinen Schild nieder, der sich bewegte, sich dann ein wenig erhob, unter dem der kleine schlangenartige Kopf einer Schildkröte hervorlugte, um sich plötzlich wieder erschrocken unter die Schale zurückzuziehn.
Diese Schildkröte war eine phantastische Idee des Herzogs Jean, die ihm einige Zeit vor dem Verlassen von Paris gekommen war.
Eines Tags, da er einen orientalischen Teppich besah und die Reflexe bewunderte, die je nach dem Silberglanz, der über das Gewebe lief, bald aladingelb, bald pflaumenblau leuchteten, sagte er sich, daß es sich nicht übel ausnehmen müsse, etwas Bewegliches auf den Teppich zu setzen, um den Farbenreiz durch einen dunkeln Ton zu erhöhn.
Von dieser Idee ganz eingenommen, war er aufs Geratewohl durch die Straßen geschlendert und bis zum Palais-Royal gekommen. Als er hier im Schaufenster bei Chevet eine Schildkröte in einem Bassin bemerkte, schlug er sich vor die Stirn, wie jemand, dem plötzlich ein Gedanke gekommen ist.
Er kaufte das Tier, setzte es dann auf den Teppich und sich davor. Lange hatte er das Tier mit halbgeschloßnen Augen aufmerksam betrachtet.
Das harte Braun des Rückenschilds verdunkelte die Reflexe des Teppichs, ohne sie zu beleben; der vorherrschende Silberglanz strahlte jetzt kaum und streifte mit seinem kalten zinkfarbnen Ton den Rand dieser harten glanzlosen Schale.
Er biß sich auf den Finger und suchte ein Mittel, diese Mißverbindung zu versöhnen und die offenbare Scheidung der Töne zu verhindern, wobei er schließlich entdeckte, daß seine erste Idee, die darin bestand, die Flammen des Gewebes mit einem darauf gesetzten beweglichen dunkeln Gegenstand zu schüren, falsch war. Im Grunde genommen war dieser Teppich noch zu auffällig, zu lebhaft und zu neu. Die Farben waren noch nicht genügend abgestumpft und gedämpft; es handelte sich darum, den Satz umzukehren, die Töne abzuschwächen, sie durch den Kontrast eines glänzenden Gegenstandes zu erlöschen, alles um sich zu erdrücken und goldiges Licht auf das mattsilberne zu werfen.
In dieser Weise dargestellt, war die Frage leichter zu entscheiden. Er beschloß infolgedessen, den Panzer der Schildkröte mit einer Goldglasur überziehn zu lassen.
Als das Tier von dem Praktikus, der es in Arbeit gehabt hatte, wieder zurückgekommen war, leuchtete es wie die Sonne.
Anfänglich war Herzog Jean ganz entzückt von der Wirkung; dann kam ihm der Gedanke, daß dieses riesengroße Schmuckstück bis jetzt nur flüchtig entworfen und daß es erst vollendet wäre, wenn es mit eingelegten seltnen und kostbaren Steinen besetzt wäre.
Er wählte aus einer japanischen Sammlung eine Zeichnung, die ein Arrangement von Blumen vorstellte, die von einem dünnen Stengel wie Raketen ausgingen. Er brachte das Muster zu einem Goldschmied, zeichnete eine Einfassung darum, die das Bukett in einen ovalen Rahmen einschloß, und erklärte dem verdutzten Juwelenhändler, daß die Blätter und die Kelche jeder der Blumen in Edelsteinen ausgeführt und in das Schild des Tieres selbst eingelassen werden sollten.
Die Wahl der Edelsteine war nicht leicht: der Diamant ist zu gewöhnlich geworden, seit die Kaufleute ihn am kleinen Finger tragen; die Smaragde und die Rubinen des Orients sind weniger entwürdigt, aber sie erinnern zu sehr an die grünen und roten Omnibus-Laternen. Was die Topase anbelangt, geglüht oder roh, sind sie nur wohlfeile Steine, der kleinen Bürgersfrau überaus wert, die ihre Schmucksachen noch mit Wohlgefallen in ihren Leinenschrank verschließt; anderseits hat der Amethyst, obgleich ihm die Kirche den priesterlich-ernsten Charakter bewahrt, in den roten Ohren und an den feisten Händen der Schlächterfrauen, die sich für einen bescheidnen Preis gern mit schwerfälligem Schmuck behängen, an Wert sehr verloren. Dem Saphir allein ist sein unverletztes Feuer nicht durch spekulative Ausnutzung genommen. Seine Strahlen rieseln wie klares kaltes Wasser und haben sozusagen seinen zurückhaltenden und hochmütigen Adel gegen jeden Schmutz bewahrt. Unglücklicherweise funkeln seine frischen Farben nicht bei Licht; das blaue Wasser geht in sich selbst zurück, scheint einzuschlafen, um erst wieder beim Anblick des Tages aufzuwachen und zu blitzen.
Schließlich befriedigte nicht einer von diesen Steinen den Herzog Jean; außerdem waren sie zu zivilisiert und zu bekannt. Er ließ wunderlichere und seltsamere Steine durch seine Finger gleiten, und zuletzt suchte er eine Serie von wirklichen und künstlichen Steinen aus, deren Mischung eine bezaubernde und überraschende Harmonie hervorbringen sollte.
Er setzte in folgender Weise das Bukett seiner Blumen zusammen: die Blätter wurden von klarem bestimmten Grün gefaßt mit dem Chrysoberill, einem spargelgrünen Edelstein; grünem Chrysolith; dunkelgrünem Olivin. Diese hoben sich von den Zweigen aus Almadin und Ouwarovit ab, einem blauroten Stein, der in kaltem Glanze flimmert, wie etwa das Glimmen des Weinsteins im Innern der Fässer ist.
Für die Blumen, die strahlenförmig vom Stengel ausgehn, benutzte er bläuliche Aschfarbe; aber er vermied streng den orientalischen Türkis, den man für Busennadeln und Ringe verwendet und der mit der alltäglichen Perle und der abscheulichen Koralle das Entzücken des Kleinbürgertums ist. Dagegen wählte er schließlich die Türkise des Abendlandes, Steine, die im eigentlichen Sinne des Wortes nur fossiles Elfenbein sind, von einer kupferfarbigen Substanz durchdrungen, wie von schmachtendem Blau erfüllt, undurchsichtig, schwefelhaltig und wie mit Galle gefärbt.
Als dies geschehn war, machte er sich daran, die Kelche seiner aufgeblühten Blumen mitten im Strauße einzufassen und für die Blumen, die dem Stengel am nächsten standen, durchsichtige Steine mit gläsern-krankhaftem Glanz, mit fieberhaft scharfem Strahl zu wählen.
Er setzte sie einzig und allein aus indischen Katzenaugen, Cymophanen und saphirartigen Steinen zusammen.
Von diesen drei Steinen ging in der Tat ein geheimnisvoll-wunderlicher Schimmer aus, der schmerzlich aus dem kalten Grunde trüben Wassers herausgerissen schien: das Katzenauge von einem grünlichen Grau, von schwachen Adern durchzogen, die sich zu bewegen schienen und jeden Augenblick den Platz wechselten, je nach dem darauf fallenden Licht; der Cymophan mit dem moirierten Azurblau, das über die milchweiße Farbe hinläuft, die im Innern lebt; der Saphirin, der auf dunkelbraun-schokoladefarbigem Grund phosphorbläuliche Feuer entzündet.
Der Juwelenhändler machte sich Notizen über die Stellen, in die die Steine eingesetzt werden sollten.
„Und die Einfassung der Schale der Schildkröte?“ fragte er schließlich.
Herzog Jean hatte zuerst an einige Opale und Hydrophane — eine Art Opal, der Wasser einsaugt und dadurch durchsichtiger und farbenspielender wird, — gedacht; aber die Verwendbarkeit dieser interessanten Steine ist wegen der Unbestimmtheit ihrer Farben und des Zweifelhaften ihres Feuers zu schwierig. Der Opal hat eine geradezu rheumatische Empfindlichkeit. Das Spiel seiner Strahlen verändert sich je nach der Feuchtigkeit, der Wärme oder Kälte; und was den Hydrophan anbelangt, blitzt er nur im Wasser und scheint seine Glut zu entzünden, wenn man ihn anfeuchtet.
Zuletzt entschloß er sich zu den Steinen, deren Reflexe abwechseln: zu dem Hiazinth von Compostella, einem rötlich-gelben Edelstein; Aquamarin, meergrün; Ballas-Rubin, blaßrot; Südermannlands-Rubin, rotgelb. Ihr schwaches Schimmern genügte, um die dunkeln Schatten des Rückenschilds zu erhellen und das Blühn der Edelsteine nicht zu beeinträchtigen, die sie mit einer schmalen Girlande von unbestimmter Leuchtkraft umgaben. —
Und nun setzte sich Herzog Jean in eine Ecke seines Eßzimmers und betrachtete mit Wohlgefallen die im Schatten goldglänzende Schildkröte.
Er fühlte sich vollkommen glücklich; seine Blicke berauschten sich an dem hellen Glanz der Blumenkronen auf goldnem Grund. Dann aber — ganz gegen seine Gewohnheit — stellte sich eine gewisse Eßlust bei ihm ein. Er tunkte seine gerösteten Brotschnitten, die mit einer ganz besondern Butter bestrichen waren, in eine Tasse Tee, eine treffliche Mischung von Si-a-Fayoune, Mo-you-tann und Khansky, gelben Teesorten, die von China nach Rußland durch besondre Karawanen geschickt werden, wodurch sie den famosen Kamelduft angenommen haben.
Der Herzog trank diese duftige Flüssigkeit aus dem feinsten chinesischen Porzellan, das man wegen seiner Durchsichtigkeit als Eierschalen bezeichnet. Zu diesen entzückenden Tassen benutzte er nur Bestecke aus altem vergoldeten Silber, das die Vergoldung schon etwas verloren hatte, so daß das Silber unter dem Gold ein wenig zum Vorschein kam und ihm so die Färbung vormaliger Zartheit ganz diskret wiedergab.
Nachdem er einen letzten Schluck genommen hatte, ging er in sein Arbeitszimmer zurück und ließ sich durch den Diener die Schildkröte bringen, die in ihrer hartnäckigen Unbeweglichkeit verharrte.
Der Schnee fiel in dichten Flocken. Bei dem Licht der Lampen bildeten sich Eisblumen hinter den bläulichen Scheiben, und der Reif, der in den Flaschenböden der mit Gold besprenkelten Fenster glänzte, glich geschmolzenem Zucker.
Ein tiefes Schweigen hüllte das Häuschen wie in Finsternis erstarrt ein.
Herzog Jean träumte; die brennenden Holzscheite im Kamin erfüllten mit ihrer wärmenden Ausströmung das Gemach; er öffnete halb das Fenster.
Wie ein hoher Vorhang verkehrten Hermelins hob sich der Himmel vor ihm schwarz mit weißen Tüpfchen ab. Ein eiskalter Wind wehte, der den Schneeflug beschleunigte. Der heraldische Vorhang des Himmels kehrte sich bald um und wurde ein wirklich weißer Hermelin, nun wieder schwarz getupft.
Er schloß das Fenster wieder. Der schroffe Wechsel von großer Hitze und der Kälte des Winters hatte ihn gepackt; er zog sich ans Feuer zurück. Es kam ihm der Gedanke, ein geistiges Getränk zu genießen, das ihn wieder erwärmen sollte.
Er ging ins Eßzimmer, wo ein Wandschrank in der Mauer angebracht war, in dem sich eine Reihe kleiner Tonnen dicht nebeneinander auf kleinen Blöcken von Sandelholz befanden, die alle mit kleinen silbernen Hähnchen am untern Ende versehn waren.
Er nannte diese Sammlung von Likören seine Mundorgel.
Eine Röhre konnte alle Hähne vereinigen. Wenn das Instrument richtig gestellt war, brauchte er nur auf den Knopf, der in dem Holzwerk verborgen war, zu drücken, um alle Hähne auf einmal aufzudrehn, worauf sich die winzigen Becher, die unter ihnen standen, mit Likör füllten.
Diese Orgel, auf die bezeichneten Stimmen Flöte, Waldhorn, Vox Divina u.s.w. gestellt, war stets zu seiner Benutzung bereit. Herzog Jean trank von diesem und jenem Likör einige Tropfen, spielte sich innre Symphonien vor, und es gelang ihm, seinem Gaumen ähnliche Genüsse zu verschaffen, wie sie die Musik dem Ohre bereitet. Außerdem stimmte jeder Likör seiner Ansicht nach mit dem Ton eines Instruments überein.
Der trockne Curaçao zum Beispiel mit der Klarinette, deren Töne spitz und weich sind; der Kornbranntwein mit der Hoboe, deren Klang näselt; der Pfefferminz und Anisette mit der Flöte, süß und scharf, schrill und sanft zugleich; das Kirschwasser mit der Trompete; Gin und Whisky erschreckten den Gaumen durch ihren schrillen Schall, wie Klapphorn und Posaune das Ohr heftig mitnehmen, während der Weinträberschnaps gleichsam den betäubenden Lärm der Tuba verursacht, und der russische Raky und der Mastic der Mundhaut die Schläge der Zimbel und der Pauke mitteilen.
Er meinte auch, daß diese Vergleiche sich auf Quartett-Saiteninstrumente übertragen lassen, indem unter dem Gaumengewölbe die Geige den alten Kognak vorstellt, berauschend und zart, scharf und spröde, während die Bratsche kräftiger, voller, dumpfer aus dem Rum zu hören ist; der Magenbitter zerreißend, melancholisch und schmeichelnd wie ein Violoncell erklingt, die Baßgeige dagegen schwer, stark und düster wie ein scharfer alter Bitter wirkt. Man könnte selbst — indem man ein Quintett bildet — die Harfe hinzufügen, die mit einer gleichen Wahrscheinlichkeit die mächtige Kraft und ihre silbernen Klänge, frei und zart wie der Kümmel wiedergäbe.
Diese Voraussetzungen hatte er einmal angenommen und war soweit gekommen, infolge rastloser Versuche auf seiner Zunge stille Melodien zu spielen, stumme Trauermärsche mit großem Gepränge aufzuführen, Soli von Pfefferminz, Duette zwischen Bittern und Rum zu hören.
Es gelang ihm so, in seine Kinnbacken wirkliche Musikstücke den Wünschen des Komponisten gemäß zu übertragen, er gab Takt für Takt die Gedanken, die Wirkungen, die Nuancen wieder und erzeugte durch nahe Verbindungen oder Kontraste der Liköre, durch geschickte Mischungen Akkorde.
Früher komponierte er seine Melodien selbst und führte seine Idyllen mit dem gutmütigen Johannisbeerlikör auf, der ihm den perlenden Gesang der Nachtigall in der Kehle trillern machte, oder er sang mit dem sanften Kakao-Chouva die süßlichen Schäferlieder, wie: die Romanzen von Estella und die „Ach! ich sag Ihnen, Mama“ aus der alten Zeit.
Aber heute abend hatte der Herzog durchaus keine Lust, der Musik zu frönen; er begnügte sich damit, einen einzigen Ton auf der Klaviatur seiner Orgel anzuschlagen; er nahm seinen kleinen Becher, den er zuvor einfach mit echtem irländischen Whisky gefüllt hatte, machte es sich in seinem Sessel bequem und schlürfte ganz langsam den aus Hafer und Gerste gegorenen Saft, der seinen Mund mit einem starken Kreosotgeruch erfüllte.
Nach und nach beim Trinken folgten seine Gedanken wieder dem belebten Eindruck seines Gaumens; er erweckte so durch eine fatale Ähnlichkeit von Gerüchen eine seit Jahren verwischte Erinnerung.
Dieser scharfe Karbolduft erinnerte ihn an den gleichen Geruch, der zu einer Zeit, da die Zahnärzte an seinem Zahnfleisch herumarbeiteten, seinen Mund erfüllt hatte.
Einmal auf diesen Weg gebracht, erging er sich zuerst in Träumereien über all die Praktikusse, die er kennen gelernt hatte, er sammelte sich und konzentrierte seine Erinnerung auf einen, dessen seltsame Erscheinung ihm besonders im Gedächtnis verblieben war.
Es war vor drei Jahren, als er mitten in der Nacht von einem rasenden Zahnschmerz befallen wurde; er wickelte sich den Kopf ein, stieß in der Verzweiflung gegen alle Möbel und rannte wie ein Wahnsinniger im Zimmer umher.
Es war ein schon plombierter Backenzahn. Eine Heilung war nicht mehr möglich; die Zange des Zahnarztes allein konnte dem Übel abhelfen.
Fieberhaft erwartete er den Tag, entschlossen, die schrecklichsten Operationen zu erdulden, wenn sie nur seinem Leiden ein Ende machten.
Er hielt sich fortwährend den Mund zu und fragte sich, was er tun solle. Die Zahnärzte, die ihn gewöhnlich behandelten, waren reiche Leute, die man nicht so nach seinem Gefallen sprechen konnte; da mußten erst mit ihnen die Besuche und die Stunden der Konsultationen genau verabredet werden. Das war jedoch unmöglich. „Ich kann es nicht länger hinausschieben,“ sagte er sich; und er entschloß sich, zu dem ersten besten zu gehn, zu einem Zahnausreißer gewöhnlichen Schlages; einem der Leute mit der eisernen Faust, die mit einer Geschwindigkeit ohnegleichen die hartnäckigsten Zahnstümpfe zu entfernen wissen. Sie sind vom frühen Morgen an zu sprechen, und bei ihnen braucht man nicht zu warten.
Endlich schlug es sieben Uhr. Er lief aus dem Hause, erinnerte sich des Namens eines bekannten Technikers, der sich „Volkszahnarzt“ nannte und an der Ecke eines Quais wohnte. Er durchrannte die Straßen und biß voll Verzweiflung in sein Taschentuch, um die Tränen zurückzuhalten.
Er war eben vor dem Haus angelangt, das man schon von weitem an dem großen schwarzen Holzschilde erkennen konnte, auf dem mit riesig großen Buchstaben der Name „Gatonax“ gemalt war; in zwei kleinen Glaskästen sah man Zähne in Zahnfleisch aus rosa Wachs sorgfältig aufgereiht und durch eine mechanische Feder aus Draht miteinander verbunden. Er keuchte, der Schweiß trat ihm auf die Stirn, und eine wahnsinnige Angst befiel ihn, ein Schauer durchrieselte seine Haut, worauf sich urplötzlich eine Linderung fühlbar machte: er litt nicht mehr, der Zahn tat nicht mehr weh.
Wie verdummt blieb er auf dem Trottoir stehn; schließlich aber stemmte er sich gegen die Angst und kletterte eine dunkle Treppe bis zum dritten Stock hinauf. Da stand er vor einer Tür; ein Porzellanschild mit himmelblauen Buchstaben: es war derselbe Name wie unten an der Tür.
Er zog die Klingel; doch entsetzt durch die Blutauswürfe, die er auf den Treppenstufen bemerkte, wollte er jetzt umkehren, entschlossen, sein ganzes Leben lang den Zahnschmerz zu erdulden, als ein Schrei das Treppenhaus erfüllte, der den Entsetzten auf seinen Platz bannte. Im selben Augenblick öffnete sich die Tür, und eine alte Frau bat ihn einzutreten.
Die Scham überwand die Furcht. Man führte ihn in das Eßzimmer, eine andre Tür ward zugeschlagen, und ein großer vierschrötiger Mann im schwarzen Gehrock und schwarzen Beinkleidern trat ein und forderte ihn auf, ihm in ein andres Zimmer zu folgen.
Seine Empfindungen wurden von diesem Augenblick ab undeutlich. Er erinnerte sich, sich auf einen Sessel neben dem Fenster niedergesetzt und etwas gestammelt zu haben, während er den Finger auf seinen Zahn legte: „Schon mal plombiert … fürchte, es ist nichts zu machen …“
Der Mann hob schnell die Auseinandersetzung auf, indem er dem Herzog seinen enormen Zeigefinger in den Mund schob und dann etwas in seinen gewichsten und spitz gedrehten Schnurrbart brummte. Er nahm ein Instrument vom Tisch, womit er die große Szene begann.
Herzog Jean hatte sich krampfhaft an die Lehne des Sessels geklammert und gefühlt, wie etwas Kaltes seine Backe berührte; hierauf hatte er vor den Augen nur Funken gesehn; er wurde von entsetzlichsten Schmerzen erfaßt, und so brüllte er, mit den Füßen strampelnd, wie ein wildes Tier.
Man hörte ein Knacken, der Backenzahn war beim Herausziehen abgebrochen; ihm war, als ob man ihm den Kopf abgerissen oder den Schädel eingeschlagen hätte. Er hatte aus Leibeskräften geheult und sich wütend gegen den Mann gewehrt, der sich von neuem auf ihn stürzte, als ob er ihm mit seinem Arm in den Leib dringen wolle.
Der Arzt war nach der zweiten Operation einen Schritt zurückgetreten, hatte den Herzog wieder in den Sitz zurückfallen lassen, worauf er an das Fenster ging, schwer Atem holte und am Ende seiner Zange einen blauen Zahnstumpf hielt, an dem etwas Rotes hing.
Wie vernichtet hatte Herzog Jean eine ganze Schale voll Blut ausgebrochen, mit einer heftigen Bewegung die Annahme des Zahnstumpfes verweigert, den ihm die alte Frau, in ein Stück Zeitungspapier gewickelt, darreichte, und war davongestürzt, nachdem er zwei Franken gezahlt hatte.
Auf der Straße war er ganz heiter, wie um zehn Jahre jünger und interessierte sich für alles und jedes. — — —
„Brr!“ murmelte er jetzt, ganz erschreckt von dem Gang, den seine Gedanken genommen hatten.
Er stand auf, um diese Vision zu zerstören, und um in die Wirklichkeit zurückzukehren, fing er an, sich wieder mit der Schildkröte zu beschäftigen.
Sie rührte sich noch immer nicht, er befühlte sie, sie war tot. Sie war an eine ruhige Existenz, an ein demütiges Leben, das sie unter ihrer ärmlichen Schale zubrachte, gewöhnt; sie hatte den glänzenden Luxus, den man ihr aufdrang, den goldglänzenden Überzug, mit dem man sie bekleidet hatte, die Edelsteine, mit denen man ihr den Rücken gepflastert hatte, nicht vertragen können.