- J. K. Huysmans
- Deutsch von M. Capsius
Chapitre XV
Allumé comme un feu de paille, son enthousiasme pour le sustenteur tomba de même. D’abord engourdie, la dyspepsie nerveuse se réveilla; puis, cette échauffante essence de nourriture détermina une telle irritation dans ses entrailles que des Esseintes dut, au plus tôt, en cesser l’usage.
La maladie reprit sa marche; des phénomènes inconnus l’escortèrent. Après les cauchemars, les hallucinations de l’odorat, les troubles de la vue, la toux rèche, réglée de même qu’une horloge, les bruits des artères et du coeur et les suées froides, surgirent les illusions de l’ouïe, ces altérations qui ne se produisent que dans la dernière période du mal.
Rongé par une ardente fièvre, des Esseintes entendit subitement des murmures d’eau, des vols de guêpes, puis ces bruits se fondirent en un seul qui ressemblait au ronflement d’un tour; ce ronflement s’éclaircit, s’atténua et peu à peu se décida en un son argentin de cloche.
Alors, il sentit son cerveau délirant emporté dans des ondes musicales, roulé dans les tourbillons mystiques de son enfance. Les chants appris chez les jésuites reparurent, établissant par eux-mêmes, le pensionnat, la chapelle, où ils avaient retenti, répercutant leurs hallucinations aux organes olfactifs et visuels, les voilant de fumée d’encens et de ténèbres irradiées par des lueurs de vitraux, sous de hauts cintres.
Chez les Pères, les cérémonies religieuses se pratiquaient en grande pompe; un excellent organiste et une remarquable maîtrise faisaient de ces exercices spirituels un délice artistique profitable au culte. L’organiste était amoureux des vieux maîtres et, aux jours fériés, il célébrait des messes de Palestrina et d’Orlando Lasso, des psaumes de Marcello, des oratorios de Haendel, des motets de Sébastien Bach, exécutait de préférence aux molles et faciles compilations du père Lambillotte si en faveur auprès des prêtres, des „Laudi spirituali“ du XVIe siècle dont la sacerdotale beauté avait mainte fois capté des Esseintes.
Mais il avait surtout éprouvé d’ineffables allégresses à écouter le plain-chant que l’organiste avait maintenu en dépit des idées nouvelles.
Cette forme maintenant considérée comme une forme caduque et gothique de la liturgie chrétienne, comme une curiosité archéologique, comme une relique des anciens temps, c’était le verbe de l’antique Église, l’âme du moyen âge; c’était la prière éternelle chantée, modulée suivant les élans de l’âme, l’hymne permanente élancée depuis des siècles vers le Très-Haut.
Cette mélodie traditionnelle était la seule qui, avec son puissant unisson, ses harmonies solennelles et massives, ainsi que des pierres de taille, put s’accoupler avec les vieilles basiliques et emplir les voûtes romanes dont elle semblait l’émanation et la voix même.
Combien de fois des Esseintes n’avait-il pas été saisi et courbé par un irrésistible souffle, alors que le „Christus factus est“ du chant grégorien s’élevait dans la nef dont les piliers tremblaient parmi les mobiles nuées des encensoirs, ou que le faux-bourdon du “ De profundis „ gémissait, lugubre de même qu’un sanglot contenu, poignant ainsi qu’un appel désespéré de l’humanité pleurant sa destinée mortelle, implorant la miséricorde attendrie de son Sauveur!
En comparaison de ce chant magnifique, créé par le génie de l’Église, impersonnel, anonyme comme l’orgue même dont l’inventeur est inconnu, toute musique religieuse lui paraissait profane. Au fond, dans toutes les oeuvres de Jomelli et de Porpora, de Carissimi et de Durante, dans les conceptions les plus admirables de Haendel et de Bach, il n’y avait pas la renonciation d’un succès public, le sacrifice d’un effet d’art, l’abdication d’un orgueil humain s’écoutant prier; tout au plus, avec les imposantes messes de Lesueur célébrées à Saint-Roch, le style religieux s’affirmait-il, grave et auguste, se rapprochant au point de vue de l’âpre nudité, de l’austère majesté du vieux plain-chant.
Depuis lors, absolument révolté par ces prétextes à Stabat, imaginés par les Pergolèse et les Rossini, par toute cette intrusion de l’art mondain dans l’art liturgique, des Esseintes s’était tenu à l’écart de ces oeuvres équivoques que tolère l’indulgente Église.
D’ailleurs, cette faiblesse consentie par désir de recettes et sous une fallacieuse apparence d’attrait pour les fidèles, avait aussitôt abouti à des chants empruntés à des opéras italiens, à d’abjectes cavatines, à d’indécents quadrilles, enlevés à grand orchestre dans les églises elles-mêmes converties en boudoirs, livrées aux histrions des théâtres qui bramaient dans les combles, alors qu’en bas les femmes combattaient à coups de toilettes et se pâmaient aux cris des cabots dont les impures voix souillaient les sons sacrés de l’orgue!
Depuis des années, il s’était obstinément refusé à prendre part à ces pieuses régalades, restant sur ses souvenirs d’enfance, regrettant même d’avoir entendu quelques Te Deum, inventés par de grands maîtres, car il se rappelait cet admirable Te Deum du plain-chant, cette hymne si simple, si grandiose, composée par un saint quelconque, un saint Ambroise ou un saint Hilaire, qui, à défaut des ressources compliquées d’un orchestre, à défaut de la mécanique musicale de la science moderne, révélait une ardente foi, une délirante jubilation, échappées, de l’âme de l’humanité tout entière, en des accents pénétrés, convaincus, presque célestes!
D’ailleurs, les idées de des Esseintes sur la musique étaient en flagrante contradiction avec les théories qu’il professait sur les autres arts. En fait de musique religieuse, il n’approuvait réellement que la musique monastique du moyen âge, cette musique émaciée qui agissait instinctivement sur ses nerfs, de même que certaines pages de la vieille latinité chrétienne; puis, il l’avouait lui-même, il était incapable de comprendre les ruses que les maîtres contemporains pouvaient avoir introduites dans l’art catholique; d’abord, il n’avait pas étudié la musique avec cette passion qui l’avait porté vers la peinture et vers les lettres. Il jouait, ainsi que le premier venu, du piano, était, après de longs ânonnements, à peu près apte à mal déchiffrer une partition, mais il ignorait l’harmonie, la technique nécessaire pour saisir réellement une nuance, pour apprécier une finesse, pour savourer, en toute connaissance de cause, un raffinement. D’autre part, la musique profane est un art de promiscuité lorsqu’on ne peut la lire chez soi, seul, ainsi qu’on lit un livre; afin de la déguster, il eût fallu se mêler à cet invariable public qui regorge dans les théâtres et qui assiège ce Cirque d’hiver où, sous un soleil frisant, dans une atmosphère de lavoir, l’on aperçoit un homme à tournure de charpentier, qui bat en l’air une rémolade et massacre des épisodes dessoudés de Wagner, à l’immense joie d’une inconsciente foule!
Il n’avait pas eu le courage de se plonger dans ce bain de multitude, pour aller écouter du Berlioz dont quelques fragments l’avaient pourtant subjugué par leurs exaltations passionnées et leurs bondissantes fougues, et il savait pertinemment aussi qu’il n’était pas une scène, pas même une phrase d’un opéra du prodigieux Wagner qui pût être impunément détachée de son ensemble.
Les morceaux, découpés et servis sur le plat d’un concert, perdaient toute signification, demeuraient privés de sens, attendu que, semblables à des chapitres qui se complètent les uns les autres et concourent tous à la même conclusion, au même but, ses mélodies lui servaient à dessiner le caractère de ses personnages, à incarner leurs pensées, à exprimer leurs mobiles, visibles ou secrets, et que leurs ingénieux et persistants retours n’étaient compréhensibles que pour les auditeurs qui suivaient le sujet depuis son exposition et voyaient peu à peu les personnages se préciser et grandir dans un milieu d’où l’on ne pouvait les enlever sans les voir dépérir, tels que des rameaux séparés d’un arbre.
Aussi des Esseintes pensait-il que, parmi cette tourbe de mélomanes qui s’extasiait, le dimanche, sur les banquettes, vingt à peine connaissaient la partition qu’on massacrait, quand les ouvreuses consentaient à se taire pour permettre d’écouter l’orchestre.
Étant donné également que l’intelligent patriotisme empêchait un théâtre français de représenter un opéra de Wagner, il n’y avait pour les curieux qui ignorent les arcanes de la musique et ne peuvent ou ne veulent se rendre à Bayreuth, qu’à rester chez soi, et c’est le raisonnable parti qu’il avait su prendre.
D’un autre côté, la musique plus publique, plus facile et les morceaux indépendants des vieux opéras ne le retenaient guère; les bas fredons d’Auber et de Boieldieu, d’Adam et de Flotow et les lieux communs de rhétorique professés par les Ambroise Thomas et les Bazin lui répugnaient au même titre que les minauderies surannées et que les grâces populacières des Italiens. Il s’était donc résolument écarté de l’art musical, et, depuis des années que durait son abstention, il ne se rappelait avec plaisir que certaines séances de musique de chambre où il avait entendu du Beethoven et surtout du Schumann et du Schubert qui avaient trituré ses nerfs à la façon des plus intimes et des plus tourmentés poèmes d’Edgar Poe.
Certaines parties pour violoncelle de Schumann l’avaient positivement laissé haletant et étranglé par l’étouffante boule de l’hystérie; mais c’étaient surtout des lieders de Schubert qui l’avaient soulevé, jeté hors de lui, puis prostré de même qu’après une déperdition de fluide nerveux, après une ribote mystique d’âme.
Cette musique lui entrait, en frissonnant, jusqu’aux os et refoulait un infini de souffrances oubliées, de vieux spleen, dans le coeur étonné de contenir tant de misères confuses et de douleurs vagues. Cette musique de désolation, criant du plus profond de l’être, le terrifiait en le charmant. Jamais, sans que de nerveuses larmes lui montassent aux yeux, il n’avait pu se répéter „les Plaintes de la jeune fille“, car il y avait dans ce lamento, quelque chose de plus que de navré, quelque chose d’arraché qui lui fouillait les entrailles, quelque chose comme une fin d’amour dans un paysage triste.
Et toujours lorsqu’elles lui revenaient aux lèvres, ces exquises et funèbres plaintes évoquaient pour lui un site de banlieue, un site avare, muet, où, sans bruit, au loin, des files de gens, harassés par la vie, se perdaient, courbés en deux, dans le crépuscule, alors qu’abreuvé d’amertumes, gorgé de dégoût, il se sentait, dans la nature éplorée, seul, tout seul, terrassé par une indicible mélancolie, par une opiniâtre détresse, dont la mystérieuse intensité excluait toute consolation, toute pitié, tout repos. Pareil à un glas de mort, ce chant désespéré le hantait, maintenant qu’il était couché, anéanti par la fièvre et agité par une anxiété d’autant plus inapaisable qu’il n’en discernait plus la cause. Il finissait par s’abandonner à la dérive, culbuté par le torrent d’angoisses que versait cette musique tout d’un coup endiguée, pour une minute, par le chant des psaumes qui s’élevait, sur un ton lent et bas, dans sa tête dont les tempes meurtries lui semblaient frappées par des battants de cloches.
Un matin, pourtant, ces bruits se calmèrent; il se posséda mieux et demanda au domestique de lui présenter une glace; elle lui glissa aussitôt des mains; il se reconnaissait à peine -, la figure était couleur de terre, les lèvres boursouflées et sèches, la langue ridée, la peau rugueuse; ses cheveux et sa barbe que le domestique n’avait plus taillés depuis la maladie, ajoutaient encore à l’horreur de la face creuse, des yeux agrandis et liquoreux qui brûlaient d’un éclat fébrile dans cette tête de squelette, hérissée de poils. Plus que sa faiblesse, que ses vomissements incoercibles qui rejetaient tout essai de nourriture, plus que ce marasme où il plongeait, ce changement de visage l’effraya. Il se crut perdu, puis, dans l’accablement qui l’écrasa, une énergie d’homme acculé le mit sur son séant, lui donna la force d’écrire une lettre à son médecin de Paris et de commander au domestique de partir à l’instant à sa recherche et de le ramener, coûte que coûte, le jour même.
Subitement, il passa de l’abandon le plus complet au plus fortifiant espoir; ce médecin était un spécialiste célèbre, un docteur renommé pour ses cures des maladies nerveuses: „il doit avoir guéri des cas plus têtus et plus périlleux que les miens, se disait des Esseintes; à coup sur, je serai sur pied, dans quelques jours“; puis, à cette confiance, un désenchantement absolu succédait; si savants, si intuitifs qu’ils puissent être, les médecins ne connaissent rien aux névroses, dont ils ignorent jusqu’aux origines. De même que les autres, celui-là lui prescrirait l’éternel oxyde de zinc et la quinine, le bromure de potassium et la valériane; qui sait, continuait-il, se raccrochant aux dernières branches, si ces remèdes m’ont été jusqu’alors infidèles, c’est sans doute parce que je n’ai pas su les utiliser à de justes doses.
Malgré tout, cette attente d’un soulagement le ravitaillait, mais il eut une appréhension nouvelle: pourvu que le médecin soit à Paris et qu’il veuille se déranger, et aussitôt la peur que son domestique ne l’eût pas rencontré, l’atterra. Il recommençait à défaillir, sautant, d’une seconde à l’autre, de l’espoir le plus insensé aux transes les plus folles, s’exagérant et ses chances de soudaine guérison et ses craintes de prompt danger; les heures s’écoulèrent et le moment vint où, désespéré, à bout de force, convaincu que décidément le médecin n’arriverait pas, il se répéta rageusement que, s’il avait été secouru à temps, il eût été certainement sauvé; puis sa colère contre le domestique, contre le médecin qu’il accusait de le laisser mourir, s’évanouit, et enfin il s’irrita contre lui-même, se reprochant d’avoir attendu aussi longtemps pour requérir un aide, se persuadant qu’il serait actuellement guéri s’il avait, depuis la veille seulement, réclamé des médicaments vigoureux et des soins utiles.
Peu à peu, ces alternatives d’alarmes et d’espérances qui cahotaient dans sa tête vide s’apaisèrent; ces chocs achevèrent de le briser; il tomba dans un sommeil de lassitude traversé par des rêves incohérents, dans une sorte de syncope entrecoupée par des réveils sans connaissance; il avait tellement fini par perdre la notion de ses désirs et de ses peurs qu’il demeura ahuri, n’éprouvant aucun étonnement, aucune joie, alors que tout à coup le médecin entra.
Le domestique l’avait sans doute mis au courant de l’existence menée par des Esseintes et des divers symptômes qu’il avait pu lui-même observer depuis le jour où il avait ramassé son maître, assommé par la violence des parfums, près de la fenêtre, car il questionna peu le malade dont il connaissait d’ailleurs et depuis de longues années les antécédents; mais il l’examina, l’ausculta et observa avec attention les urines où certaines traînées blanches lui révélèrent l’une des causes les plus déterminantes de sa névrose. Il écrivit une ordonnance et, sans dire mot, partit, annonçant son prochain retour.
Cette visite réconforta des Esseintes qui s’effara pourtant de ce silence et adjura le domestique de ne pas lui cacher plus longtemps la vérité. Celui-ci lui affirma que le docteur ne manifestait aucune inquiétude et, si défiant qu’il fût, des Esseintes ne put saisir un signe quelconque qui décelât l’hésitation d’un mensonge sur le tranquille visage du vieil homme.
Alors ses pensées se déridèrent; d’ailleurs ses souffrances s’étaient tues et la faiblesse qu’il ressentait par tous les membres s’entait d’une certaine douceur, d’un certain dorlotement tout à la fois indécis et lent; il fut enfin stupéfié et satisfait de ne pas être encombré de drogues et de fioles, et un pâle sourire remua les lèvres quand le domestique apporta un lavement nourrissant à la peptone et le prévint qu’il répéterait cet exercice trois fois dans les vingt-quatre heures.
L’opération réussit et des Esseintes ne put s’empêcher de s’adresser de tacites félicitations à propos de cet événement qui couronnait, en quelque sorte, l’existence qu’il s’était créée; son penchant vers l’artificiel avait maintenant, et sans même qu’il l’eût voulu, atteint l’exaucement suprême; on n’irait pas plus loin; la nourriture ainsi absorbée était, à coup sûr, la dernière déviation qu’on pût commettre.
Ce serait délicieux, se disait-il, si l’on pouvait, une fois en pleine santé, continuer ce simple régime. Quelle économie de temps, quelle radicale délivrance de l’aversion qu’inspire aux gens sans appétit, la viande! quel définitif débarras de la lassitude qui découle toujours du choix forcément restreint des mets! quelle énergique protestation contre le bas péché de la gourmandise! enfin quelle décisive insulte jetée à la face de cette vieille nature dont les uniformes exigences seraient pour jamais éteintes!
Et il poursuivait, se parlant à mi-voix: il serait facile de s’aiguiser la faim, en s’ingurgitant un sévère apéritif, puis lorsqu’on pourrait logiquement se dire: „Quelle heure se fait-il donc? il me semble qu’il serait temps de se mettre à table, j’ai l’estomac dans les talons“, on dresserait le couvert en déposant le magistral instrument sur la nappe et alors, le temps de réciter le bénédicité, et l’on aurait supprimé l’ennuyeuse et vulgaire corvée du repas.
Quelques jours après, le domestique présenta un lavement dont la couleur et dont l’odeur différaient absolument de celles de la peptone.
— Mais ce n’est plus le même! s’écria des Esseintes qui regarda très ému le liquide versé dans l’appareil. Il demanda, comme dans un restaurant, la carte, et, dépliant l’ordonnance du médecin, il lut
Huile de foie de morue . . . . . . . 20 grammes
Thé de boeuf . . . . . . . . . . . . . . 200 grammes
Vin de Bourgogne . . . . . . . . . . 200 grammes
Jaune d’oeuf . . . . . . . . . . . . . . n° 1
Il resta rêveur. Lui qui n’avait pu, en raison du délabrement de son estomac, s’intéresser sérieusement à l’art de la cuisine, il se surprit tout à coup à méditer sur des combinaisons de faux gourmet; puis, une idée biscornue lui traversa la cervelle. Peut-être le médecin avait-il cru que l’étrange palais de son client était déjà fatigué par le goût de la peptone; peut-être avait-il voulu, pareil à un chef habile, varier la saveur des aliments, empêcher que la monotonie des plats n’amenât une complète inappétence. Une fois lancé dans ces réflexions, des Esseintes rédigea des recettes inédites, préparant des dîners maigres, pour le vendredi, forçant la dose d’huile de foie de morue et de vin et rayant le thé de boeuf ainsi qu’un manger gras, expressément interdit par l’Église; mais il n’eut bientôt plus à délibérer de ces boissons nourrissantes, car le médecin parvenait, peu à peu à dompter les vomissements et à lui faire avaler, par les voies ordinaires, un sirop de punch à la poudre de viande dont le vague arôme de cacao plaisait à sa réelle bouche.
Des semaines s’écoulèrent, et l’estomac se décida à fonctionner; à certains instants, des nausées revenaient encore, que la bière de gingembre et la potion antiémétique de Rivière arrivaient pourtant à réduire.
Enfin, peu à peu, les organes se restaurèrent; aidées par les pepsines, les véritables viandes furent digérées, les forces se rétablirent et des Esseintes put se tenir debout dans sa chambre et s’essayer à marcher, en s’appuyant sur une canne et en se soutenant aux coins des meubles; au lieu de se réjouir de ce succès, il oublia ses souffrances défuntes, s’irrita de la longueur de la convalescence, et reprocha au médecin de le traîner ainsi à petits pas. Des essais infructueux ralentirent, il est vrai, la cure; pas mieux que le quinquina, le fer, même mitigé par le laudanum, n’était accepte et l’on dut les remplacer par les arséniates, après quinze jours perdus en d’inutiles efforts, comme le constatait impatiemment des Esseintes.
Enfin, le moment échut où il put demeurer levé pendant des après-midi entières et se promener, sans aide, parmi ses pièces. Alors son cabinet de travail l’agaça; des défauts auxquels l’habitude l’avait accoutumé lui sautèrent aux yeux, dès qu’il y revint après une longue absence.
Les couleurs choisies pour être vues aux lumières des lampes lui parurent se désaccorder aux lueurs du jour; il pensa à les changer et combina pendant des heures de factieuses harmonies de teintes, d’hybrides accouplements d’étoffes et de cuirs.
— Décidément, je m’achemine vers la santé, se dit-il, relatant le retour de ses anciennes préoccupations, de ses vieux attraits.
Un matin, tandis qu’il contemplait ses murs orange et bleu, songeant à d’idéales tentures fabriquées avec des étoles de l’Église grecque, rêvant à des dalmatiques russes d’orfroi, à des chapes en brocart, ramagées de lettres slavones figurées par des pierres de l’Oural et des rangs de perles, le médecin entra et, observant les regards de son malade, l’interrogea.
Des Esseintes lui fit part de ses irréalisables souhaits, et il commençait à manigancer de nouvelles investigations de couleurs, à parler des concubinages et des ruptures de tons qu’il ménagerait, quand le médecin lui assena une douche glacée sur la tête, en lui affirmant d’une façon péremptoire, que ce ne serait pas, en tout cas dans ce logis qu’il mettrait à exécution ses projets.
Et, sans lui laisser le temps de respirer, il déclara qu’il était allé au plus pressé en rétablissant les fonctions digestives et qu’il fallait maintenant attaquer la névrose qui n’était nullement guérie et nécessiterait des années de régime et de soins. Il ajouta enfin qu’avant de tenter tout remède, avant de commencer tout traitement hydrothérapique, impossible d’ailleurs à suivre à Fontenay, il fallait quitter cette solitude, revenir à Paris, rentrer dans la vie commune, tâcher enfin de se distraire comme les autres.
— Mais, ça ne me distrait pas, moi, les plaisirs des autres, s’écria des Esseintes indigné!
Sans discuter cette opinion, le médecin assura simplement que ce changement radical d’existence qu’il exigeait était, à ses yeux, une question de vie ou de mort, une question de santé ou de folie compliquée à brève échéance de tubercules.
— Alors c’est la mort ou l’envoi au bagne! s’exclama des Esseintes exaspéré.
Le médecin, qui était imbu de tous les préjugés d’un homme du monde, sourit et gagna la porte sans lui répondre.
Fünfzehntes Kapitel
Die nervöse Verdauungsschwäche zeigte sich von neuem. Das neue Mittel brachte eine solche Reizung in seinem Magen hervor, daß der Herzog so schnell wie möglich mit seinem Gebrauch aufhören mußte.
Die Krankheit nahm ihren gewöhnlichen Verlauf; unbekannte Erscheinungen begleiteten sie. Nach den Alpdrücken, den Geruchseinbildungen, Gesichtsstörungen, dem harten, hartnäckigen Husten, dem Klopfen der Pulsadern und des Herzens, dem kalten Schweiß traten Täuschungen des Gehörs ein, Verschlimmerungen, die sich nur in der letzten Periode des Übels zu zeigen pflegen.
Von einem hitzigen Fieber verzehrt, hörte der Herzog plötzlich ein Wasserrauschen, das Summen von Bienenschwärmen; dann verschmolzen diese Geräusche zu einem einzigen zusammen, das dem Schnarren einer Drehbank ähnelte. Dieses Schnarren wurde nach und nach schwächer und löste sich in hellen Glockenklängen auf.
Bald fühlte er sein fieberndes Hirn wie emporgetragen in musikalischen Wellen, eingehüllt in den mystischen Taumel seiner Kindheit.
Die bei den Jesuiten erlernten Gesänge fielen ihm wieder ein, durch sie wieder das Pensionat und die Kapelle, in dem sie erklangen.
Bei den Patern wurden die religiösen Feierlichkeiten mit großer Pracht ausgeführt; ein vortrefflicher Organist und ein ausgezeichneter Chorknabengesang machten diese religiösen Übungen zu einem künstlerischen Genuß, der dem Kultus zugute kam.
Der Organist war in die alten Meister verliebt und bei hohen Festtagen spielte er Messen von Palestrina und Orlando Lasso, Psalmen von Marcello, Oratorien von Händel, Motetten von Sebastian Bach und trug gerne des Paters Lambilottes weiche und leichte Kompositionen vor, wie auch die „Laudi spirituali“ des sechzehnten Jahrhunderts, deren priesterliche Weihe den jungen Herzog oft entzückt hatte.
Besonders aber empfand er eine unbeschreibliche Wonne beim Hören des einstimmigen Kirchengesangs, den der Organist beibehalten hatte.
Die jetzt für veraltet und altertümelnd geltende Liturgie war das Wort und der Geist der antiken Kirche, die Seele des Mittelalters; es war das ewig gesungne Gebet, nach den Begeisterungen der Seele harmonisiert, eine beständige Hymne, die seit Jahrhunderten zu dem Allerhöchsten hinaufgesandt wurde.
Diese traditionelle Melodie war die einzige, die sich mit ihrem mächtigen Gleichklang, ihren feierlich massiven Harmonien den Quadersteinen der alten Basiliken anpaßte und die römischen Gewölbe ausfüllte.
Wie oft war der Herzog nicht ergriffen und niedergedrückt gewesen von dem unwiderstehlichen Hauch, als der „Christus factus est“ des gregorianischen Gesanges zu dem Kirchenschiff emporstieg, dessen Pfeiler unter den schwebenden Wolken des Weihrauchkessels zu zittern schienen; oder wenn die einförmige Melodie des „De profundis“ klagend ertönte, traurig wie ein Schluchzen, durchdringend wie der verzweifelte Ruf der Menschheit, die ihr sterbliches Schicksal beweint, die rührende Barmherzigkeit ihres Erlösers anfleht!
Im Vergleich zu diesem prachtvollen Gesang, den kein einzelner, sondern der Genius der Kirche geschaffen hatte, unpersönlich, namenlos wie die Orgel selbst, deren Erfinder unbekannt ist, schien ihm jede religiöse Musik profan.
Dagegen war in allen den Werken Jomellis und Porporas, Carissimis und Durantes, in den bewundernswürdigsten geistigen Schöpfungen von Händel und Bach keine Verzichtleistung auf einen öffentlichen Erfolg, keine Aufopferung einer Kunstwirkung, keine Entsagung des menschlichen Stolzes zu finden.
Höchstens in der imposanten Hochamtsmusik von Lesueur bestätigte sich der religiöse Stil ernst und streng und näherte sich der erhabnen Majestät des alten Chorals.
Übrigens waren die Ideen des Herzogs in absolutem Widerspruch mit den Theorien, die er in bezug auf alle andern Künste bekannte. Was die religiöse Musik anbelangte, billigte er eigentlich nur die klösterliche Musik des Mittelalters, diese abgezehrte Musik, die instinktmäßig auf die Nerven wirkt. Dann gestand er auch selbst zu, daß er unfähig war, die Schliche zu verstehn, die die Meister der Gegenwart in der katholischen Kunst eingeführt hatten; auch hatte er die Musik nicht mit derselben Leidenschaft studiert, mit der er sich zur Malerei und zu den literarischen Wissenschaften hingezogen fühlte.
Er spielte wie der erste beste Klavier, war nach längerm Studium imstande, eine Partitur zu entziffern, aber er verstand nichts von der Harmonie und der nötigen Technik, um wirklich eine Feinheit zu schätzen und mit Sachverständnis zu genießen.
Mit der profanen Orchestermusik konnte er sich nicht befreunden, weil man sie nicht bei sich allein hören kann, wie man ein Buch zu lesen pflegt. Um sie zu genießen, hätte er sich unter dieses immer gleiche Publikum mischen müssen, das die Theater füllt und den Winterzirkus belagert, wo man in einer Waschhausatmosphäre einen Menschen bewundert, der in der Luft herumfuchtelt und aus Wagner herausgerißne Episoden zur ungeheuern Freude eines unwissenden Haufens grausam zu Tode hetzt.
Er hatte nicht den Mut gehabt, sich in dieses Volksbad zu tauchen, um Berlioz zu hören, von dem ihn indessen einige Bruchstücke durch ihre leidenschaftliche Begeisterung und ihr schwungvolles Feuer gefangen genommen hatten; und er sah auch ein, daß keine Szene, ja selbst nicht einmal ein Satz einer Oper des wunderbaren Wagner aus ihrem Gefüge ungestraft losgelöst werden durfte.
Und deshalb war der Herzog auch der Meinung, daß von diesem Haufen von Musikfreunden, die des Sonntags außer sich gerieten, kaum zwanzig die Partitur kannten, die man verhunzte.
Die bekanntre, leichtre Musik und die unabhängigen Stücke der alten Opern fesselten ihn sehr wenig; die leichten Piecen von Auber und Boïeldieu, Adam und Flotow und die Banalitäten eines Ambroise Thomas und Bazin widerten ihn in gleichem Maße an, wie die veralteten Ziererein und die pöbelhaften Reize der Italiener.
Er hatte sich deshalb von der Musik fern zu halten entschlossen und seit den Jahren dieser seiner Enthaltung erinnerte er sich nur gewisser Kammermusiksoireen, in denen er Beethoven und besonders Schumann und Schubert gehört hatte, die seine Nerven derart zermürbt hatten wie die innigsten und qualvollsten Dichtungen Edgar Poes.
Gewisse Partien für Violoncello von Schumann hatten ihn ganz atemlos gelassen; es waren besonders die Lieder von Schubert, die ihn vor Entzücken außer sich gebracht hatten.
Diese Musik drang in sein tiefstes Innre und machte sein Herz erbeben wie von vergeßnen Leiden alter Melancholie; und er fühlte sich ganz betäubt, plötzlich soviel wirres Elend und unbestimmten Schmerz zu empfinden.
Diese Musik der Verzweiflung, die aus dem Tiefsten des Seins aufschrie, entsetzte und entzückte ihn zugleich. Niemals hatte er „des Mädchens Klage“ hören können, ohne daß ihm nicht nervöse Tränen in die Augen stiegen, denn es war in diesem Klagelied mehr als Betrübnis, etwas Entrißnes, das ihm das Herz zerwühlte, wie das Sterben eines Lieben in einer düstern, öden Landschaft.
Und immer wieder, wenn ihm diese entzückend traurigen Klagen über die Lippen kamen, riefen sie in ihm diese einsame Landschaft wach, in der geräuschlos in der Ferne vom Leben abgehetzte Menschen in der Dämmerung verschwanden. Er fühlte sich dann in dieser trostlosen Natur so allein, durch Herzeleid und Widerwillen verbittert, von einer namenlosen Melancholie erdrückt, von einer tödlichen Herzensangst erfaßt, deren geheimnisvolle Macht jeden Trost, jedes Mitleid, jede Ruhe ausschloß.
Gleich einem Totengeläute verfolgte ihn dieser verzweiflungsvolle Gesang, jetzt, wo er durch Fieber vernichtet daniederlag, von toller Angst erregt, die zu beschwichtigen ihm um so weniger gelang, als er deren Ursache nicht erkannte.
Er überließ sich schließlich dem Spiel der Wellen. Des Kampfes müde, ließ er sich von dem Strom der Angst hin und her werfen, der sich in klagenden Tönen durch seinen schmerzenden Kopf und seine stechende Schläfe ergoß.
Eines Morgens hörte aber dieses Singen und Klingen auf; der Herzog war wieder seiner mächtig und ersuchte den Diener, ihm einen Spiegel zu bringen. Vor Entsetzen glitt ihm der Spiegel fast aus der Hand; er erkannte sich kaum wieder.
Sein Gesicht hatte eine Erdfarbe angenommen, die Lippen waren aufgedunsen und trocken, die Zunge welk, die Haut runzlig. Sein Haar und Bart, seit seiner Krankheit nicht geschnitten, erhöhten noch das Entsetzliche seines eingefallnen Gesichtes mit den hohlen, verschwommnen Augen, die im Fieberglanz in seinem borstigen Schädel brannten.
Mehr als seine Schwäche, als seine Erbrechungen, die jeden Versuch von Nahrung zurückwiesen, mehr als dieser Marasmus, in dem er steckte, erschreckte ihn diese Veränderung seines Äußern.
Er glaubte sich verloren; doch trotz der Ermattung, die ihn niederdrückte, richtete ihn die Energie eines gehetzten Menschen plötzlich auf und gab ihm die Kraft, einen Brief an seinen Arzt in Paris zu schreiben und seinem Diener zu befehlen, ihn auf der Stelle aufzusuchen und ihn um jeden Preis sofort herzuschaffen.
Sein vollständiges Sichgehnlassen ging in plötzliche Hoffnung über; denn dieser Arzt war ein berühmter Spezialist, ein Doktor, bekannt durch seine Kuren nervöser Krankheiten.
„Er hat sicher schon eigensinnigere und gefährlichere Fälle als den meinen behandelt,“ sagte sich der Herzog; „er wird mich zweifellos in einigen Tagen wieder auf die Beine bringen.“
Dann aber folgte diesem Vertrauen eine vollständige Hoffnungslosigkeit.
„So gelehrt, so geschickt sie auch sein mögen, von Nervenleiden verstehn die Ärzte nichts, ja sie kennen nicht einmal ihren Ursprung. Wie alle andern wird auch dieser mir das ewige Zinkoxyd, Chinarinde, Bromkali und Baldrian verschreiben.“
„Aber wer weiß,“ fuhr er dann fort, und klammerte sich an eine letzte Hoffnung, „wenn mir diese Mittel bis jetzt nicht geholfen haben, kommt es vielleicht daher, daß ich sie nicht in richtiger Dosis gebraucht habe.“
Trotz alledem aber gab ihm die Erwartung einer möglichen Linderung schon neuen Lebensmut.
Dann befiel ihn die neue Befürchtung, ob sich der Arzt in Paris befände und sich hierher bemühen werde. Und wieder überwältigte ihn die Furcht, daß der Diener ihn nicht antreffen könnte.
Er fühlte aufs neue seine Kräfte schwinden, er ging von einer Sekunde zur andern von tollster Hoffnung zur wahnsinnigsten Angst über, übertrieb die Aussichten plötzlicher Heilung, wie die Befürchtungen einer nahen Gefahr. So verflossen die Stunden, und der Augenblick kam, wo es zu Ende war mit seiner Kraft, wo er an dem Kommen des Arztes verzweifelte und sich wütend sagte, daß er sicherlich gerettet würde, wenn ihm rechtzeitig beigestanden worden wäre. Dann wieder verflog sein Zorn gegen den Diener und den Arzt, die er beschuldigte, ihn sterben zu lassen, und schließlich raste er gegen sich selbst und warf sich vor, so lange gewartet zu haben, um Hilfe zu holen, und bildete sich ein, daß er jetzt geheilt wäre, wenn er nur einen Tag früher kräftige Arznein und vernünftige Pflege gehabt hätte.
Nach und nach besänftigte sich dieser Wechsel von Beunruhigungen und neuen Hoffnungen, die sich in seinem leeren Hirn jagten. Diese Widersprüche rieben ihn vollends auf. Er verfiel in einen Schlaf der Ermattung, den unzusammenhängende Träume durchzogen, in eine Art von Ohnmacht, die von bewußtlosem Erwachen unterbrochen wurde. Er hatte den Begriff seiner Wünsche und Befürchtungen derart verloren, daß er ganz apathisch war und kein Erstaunen und keine Freude empfand, als der Arzt plötzlich ins Zimmer trat.
Der Diener hatte ihn jedenfalls von der Lebensweise des Herzogs unterrichtet und auch von den verschiednen Symptomen, die er selbst beobachtet hatte seit dem Tage, als er seinen Herrn nahe dem Fenster, von der Heftigkeit der Parfüms ohnmächtig, aufgehoben hatte; denn der Arzt stellte nur wenige Fragen an den Kranken, dessen Verhältnisse er übrigens seit Jahren kannte. Er untersuchte ihn, klopfte und horchte an ihm herum und prüfte aufmerksam den Urin, in dem ihm gewisse weiße Streifen eine der ausgesprochensten Ursachen des Nervenleidens offenbarten.
Er schrieb ein Rezept, und ohne noch etwas hinzuzufügen, ging er fort; seine baldige Rückkehr sagte er zu.
Dieser Besuch tröstete den Herzog, den jedoch das Schweigen sehr befremdete, und er beschwor seinen Diener, ihm nicht länger die Wahrheit vorzuenthalten. Dieser bestätigte ihm, daß der Arzt keinerlei Beunruhigung an den Tag gelegt hätte, und so mißtrauisch auch Herzog Jean war, er fand kein Anzeichen, das eine Lüge auf dem ruhigen Gesicht des alten Mannes verriet.
Bald heiterten sich seine Gedanken auf; überdies waren seine Leiden verstummt und zu der Schwäche, die er in allen Gliedern verspürte, gesellte sich eine gewisse Sanftheit, eine gewisse Wohligkeit, leise und unbestimmt. Und endlich war er ganz zufrieden, nicht mit Arznein und Flaschen überbürdet zu sein. Ein schwaches Lächeln glitt um seine blassen Lippen, als der Diener ein mit Pepton gemischtes Klistier brachte und ihm bedeutete, daß er es dreimal in vierundzwanzig Stunden wiederholen müsse.
Es müßte köstlich sein, dachte er, wenn man bei voller Gesundheit dieses einfache Mittel fortsetzen könnte! Welch eine Ersparnis an Zeit, welch eine radikale Erlösung der Abneigung, die das Fleisch den Leuten ohne Appetit einflößt! Welch endgültige Befreiung des Überdrusses, der sich immer aus der notgedrungen beschränkten Wahl der Speisen ergibt! Welch energische Verwahrung gegen die gemeine Sünde der Gefräßigkeit!
Einige Tage darauf brachte der Diener ein Klistier, dessen Farbe und Geruch anders war als das von Pepton.
„Aber das ist ja nicht dasselbe!“ rief der Herzog aus, der sehr aufgeregt war über die in das Instrument gegoßne Flüssigkeit.
Er verlangte wie in einem Restaurant die Karte, und das Rezept des Arztes entfaltend las er:
Lebertran . . . . . . . . . . 20 Gramm
Kraftbouillon . . . . . . 200 Gramm
Burgunderwein . . . . 200 Gramm
Eigelb . . . . . . . . . . . . . 1 Gramm.
Aber er brauchte bald nicht mehr über die nährenden Flüssigkeiten nachzudenken, denn es gelang dem Arzt, nach und nach die Erbrechungen zu bezwingen und ihm auf gewöhnlichem Wege einen süßlichen Punsch mit Fleischpulver gemischt beizubringen, dessen unbestimmtes Aroma von Kakao seinem Mund zusagte.
Wochen vergingen, und sein Magen entschloß sich endlich wieder zu arbeiten; zu gewissen Zeiten kam die Übelkeit noch wieder, die indessen durch das Ingwerbier und durch eine Arznei von der Riviera eingeschränkt wurde.
Schließlich kräftigten sich auch nach und nach die Organe wieder, und mit Hilfe der Pepsine konnte er wirkliches Fleisch verdaun.
Die Kräfte nahmen zu, und bald konnte der Herzog schon in seinem Zimmer aufrecht stehn und versuchen zu gehn, indem er sich auf einen Stock stützte und an den Ecken der Möbel festhielt. Anstatt sich dieses Erfolges zu freun, vergaß er seine vergangnen Leiden, wurde gereizt über die Länge der Rekonvaleszenz und warf dem Arzt vor, daß er seine Genesung hinauszögre.
Endlich war er so weit wieder hergestellt, daß er während ganzer Nachmittage aufbleiben konnte und ohne Hilfe in seinem Zimmer umherzugehn vermochte.
Jetzt ärgerte ihn sein Arbeitszimmer; Fehler, an die er sich durch die Länge der Zeit gewöhnt hatte, fielen ihm in die Augen, als er nach langer Zwischenzeit wieder dorthin kam.
Die Farben, die gewählt waren, um bei Licht gesehn zu werden, erschienen ihm bei Tageslicht unharmonisch. Er dachte daran, sie zu ändern, und stellte stundenlang künstliche Farbenharmonien zusammen.
Es ist kein Zweifel, ich bin auf dem Wege der Besserung, dachte er, da er die Rückkehr zu seinen frühern Beschäftigungen und alten Liebhaberein wahrnahm.
Eines Morgens, während er seine orange-gelben und blauen Wände betrachtete und dabei von den idealen Wandbekleidungen träumte, die aus griechischen Kirchenstolas, russischen Meßgewändern in Goldstoff, Chormänteln aus Brokat, mit slavonischen Buchstaben gemustert, aus Edelsteinen des Ural und aus Reihen Perlen gebildet waren, trat der Arzt ins Zimmer, beobachtete die Blicke seines Kranken und erkundigte sich nach seinem Befinden.
Der Herzog teilte ihm seine unausführbaren Wünsche mit und fing an, neue Farbenmischungen vor ihm zu entwickeln, von Paarungen und Auflösungen der Nuancen zu sprechen, als ihm der Arzt einen energischen Dämpfer aufsetzte und ihm in einer keinen Widerspruch duldenden Art erklärte, daß er jedenfalls nicht in dieser Wohnung seine Pläne zur Ausführung bringen werde.
Und ohne ihm die Zeit zu einer Entgegnung zu lassen, setzte er ihm auseinander, daß er zuerst zum Wichtigsten geschritten sei, indem er die Verdauungsfunktionen wiederhergestellt habe, und daß er jetzt das Nervenleiden selbst in Behandlung nehmen müsse, das keineswegs geheilt sei und Jahre der Schonung und Pflege erfordre.
Er fügte hinzu, daß, bevor er irgendein Mittel versuchen oder eine Kaltwasserkur anfangen könne, was außerdem in Fontenay unmöglich sei, er diese Zurückgezogenheit aufgeben, nach Paris zurückkehren, in das allgemeine Leben wieder eintreten und endlich versuchen müsse, sich wie jeder andre Mensch zu zerstreun.
„Aber die Vergnügungen der andern zerstreun mich nicht!“ rief der Herzog empört aus.
Ohne sich in eine Diskussion einzulassen, versicherte der Arzt einfach, daß die gänzliche Lebensveränderung in seinen Augen eine Lebensfrage wäre.
„Das heißt also der Tod oder die Galeerenstrafe!“ rief der Herzog erbittert aus.
Der Arzt, von allen Vorurteilen eines Weltmanns durchdrungen, lächelte und schritt ohne zu antworten der Türe zu.