- J. K. Huysmans
- Deutsch von M. Capsius
Chapitre IX
Ces cauchemars se renouvelèrent; il craignit de s’endormir. Il resta, étendu sur son lit, des heures entières, tantôt dans de persistantes insomnies et de fiévreuses agitations, tantôt dans d’abominables rêves que rompaient des sursauts d’homme perdant pied, dégringolant du haut en bas d’un escalier, dévalant, sans pouvoir se retenir, au fond d’un gouffre.
La névrose engourdie, durant quelques jours, reprenait le dessus, se révélait plus véhémente et plus têtue, sous de nouvelles formes.
Maintenant les couvertures le gênaient; il étouffait sous les draps et il avait des fourmillements par tout le corps, des cuissons de sang, des piqûres de puces le long des jambes, à ces symptômes, se joignirent bientôt une douleur sourde dans les maxillaires et la sensation qu’un étau lui comprimait les tempes.
Ses inquiétudes s’accrurent; malheureusement les moyens de dompter l’inexorable maladie manquèrent. Il avait sans succès tenté d’installer des appareils hydrothérapiques dans son cabinet de toilette.
L’impossibilité de faire monter l’eau à la hauteur où sa maison était perchée, la difficulté même de se procurer de l’eau, en quantité suffisante, dans un village où les fontaines ne fonctionnent parcimonieusement qu’à certaines heures l’arrêtèrent; ne pouvant être sabré par des jets de lance qui plaqués, écrasés sur les anneaux de la colonne vertébrale, étaient seuls assez puissants pour mater l’insomnie et ramener le calme, il fut réduit aux courtes aspersions dans sa baignoire ou dans son tub, aux simples affusions froides, suivies d’énergiques frictions pratiquées, à l’aide du gant de crin, par son domestique.
Mais ces simili-douches n’enrayaient nullement la marche de la névrose; tout au plus éprouvait-il un soulagement de quelques heures, chèrement payé du reste par le retour des accès qui revenaient à la charge, plus violents et plus vifs.
Son ennui devint sans borne; la joie de posséder de mirobolantes floraisons était tarie; il était déjà blasé sur leur contexture et sur leurs nuances; puis malgré les soins dont il les entoura, la plupart de ses plantes dépérirent; il les fit enlever de ses pièces et, arrivé à un état d’excitabilité extrême, il s’irrita de ne plus les voir, l’oeil blessé par le vide des places qu’elles occupaient.
Pour se distraire et tuer les interminables heures, il recourut à ses cartons d’estampes et rangea ses Goya; les premiers états de certaines planches des Caprices, des épreuves reconnaissables à leur ton rougeâtre, jadis achetées dans les ventes à prix d’or, le déridèrent et il s’abîma en elles, suivant les fantaisies du peintre, épris de ses scènes vertigineuses, de ses sorcières chevauchant des chats, de ses femmes s’efforçant d’arracher les dents d’un pendu, de ses bandits, de ses succubes, de ses démons et de ses nains.
Puis, il parcourut toutes les autres séries de ses eaux-fortes et de ses aquatintes, ses Proverbes d’une horreur si macabre, ses sujets de guerre d’une rage si féroce, sa planche du Garrot enfin, dont il choyait une merveilleuse épreuve d’essai, imprimée sur papier épais, non collé, aux visibles pontuseaux traversant la pâte.
La verve sauvage, le talent âpre, éperdu de Goya le captait; mais l’universelle admiration que ses oeuvres avaient conquise, le détournait néanmoins un peu, et il avait renoncé, depuis des années, à les encadrer, de peur qu’en les mettant en évidence, le premier imbécile venu ne jugeât nécessaire de lâcher des âneries et de s’extasier, sur un mode tout appris, devant elles.
Il en était de même de ses Rembrandt qu’il examinait, de temps à autre, à la dérobée; et, en effet, si le plus bel air du monde devient vulgaire, insupportable, dès que le public le fredonne, dès que les orgues s’en emparent, l’oeuvre d’art qui ne demeure pas indifférente aux faux artistes, qui n’est point contestée par les sots, qui ne se contente pas de susciter l’enthousiasme de quelques-uns, devient, elle aussi, par cela même, pour les initiés, polluée, banale, presque repoussante.
Cette promiscuité dans l’admiration était d’ailleurs l’un des plus grands chagrins de sa vie; d’incompréhensibles succès lui avaient, à jamais gâté des tableaux et des livres jadis chers; devant l’approbation des suffrages, il finissait par leur découvrir d’imperceptibles tares, et il les rejetait, se demandant si son flair ne s’épointait pas, ne se dupait point.
Il referma ses cartons et, une fois de plus, il tomba, désorienté, dans le spleen. Afin de changer le cours de ses idées, il essaya des lectures émollientes, tenta, en vue de se réfrigérer le cerveau, des solanées de l’art, lut ces livres si charmants pour les convalescents et les mal-à-l’aise que des oeuvres plus tétaniques ou plus riches en phosphates fatigueraient, les romans de Dickens.
Mais ces volumes produisirent un effet contraire à celui qu’il attendait: ces chastes amoureux, ces héroïnes protestantes, vêtues jusqu’au cou, s’aimaient parmi les étoiles, se bornaient à baisser les yeux, à rougir, à pleurer de bonheur, en se serrant les mains. Aussitôt cette exagération de pureté le lança dans un excès opposé; en vertu de la loi des contrastes, il sauta d’un extrême à l’autre, se rappela des scènes vibrantes et corsées, songea aux pratiques humaines des couples, aux baisers mélangés, aux baisers colombins, ainsi que les désigne la pudeur ecclésiastique, quand ils pénètrent entre les lèvres.
Il interrompit sa lecture, rumina loin de la bégueule Angleterre, sur les peccadilles libertines, sur les salaces apprêts que l’Église désapprouve; une commotion le frappa; l’anaphrodisie de sa cervelle et de son corps qu’il avait crue définitive, se dissipa; la solitude agit encore sur le détraquement de ses nerfs; il fut une fois de plus obsédé non par la religion même, mais par la malice des actes et des péchés qu’elle condamne; l’habituel sujet de ses obsécrations et de ses menaces le tint seul; le côté charnel, insensible depuis des mois, remué tout d’abord, par l’énervement des lectures pieuses, puis réveillé, mis debout, dans une crise de névrose, par le cant anglais; se dressa et la stimulation de ses sens le reportant en arrière, il pataugea dans le souvenir de ses vieux cloaques.
Il se leva et, mélancoliquement, ouvrit une petite boîte de vermeil au couvercle semé d’aventurines.
Elle était pleine de bonbons violets; il en prit un, et il le palpa entre ses doigts, pensant aux étranges propriétés de ce bonbon praliné, comme givré de sucre; jadis, alors que son impuissance était acquise, alors aussi qu’il songeait, sans aigreur, sans regrets, sans nouveaux désirs, à la femme, il déposait l’un de ces bonbons sur sa langue, le laissait fondre et soudain, se levaient avec une douceur infinie, des rappels très effacés, très languissants des anciennes paillardises.
Ces bonbons inventés par Siraudin et désignés sous la ridicule appellation de „Perles des Pyrénées“ étaient une goutte de parfum de sarcanthus, une goutte d’essence féminine, cristallisée dans un morceau de sucre; ils pénétraient les papilles de la bouche, évoquaient des souvenances d’eau opalisée par des vinaigres rares, de baisers très profonds tout imbibés d’odeurs.
D’habitude, il souriait, humant cet arôme amoureux, cette ombre de caresses qui lui mettait un coin de nudité dans la cervelle et ranimait, pour une seconde, le goût naguère adoré de certaines femmes; aujourd’hui, ils n’agissaient plus en sourdine, ne se bornaient plus à raviver l’image de désordres lointains et confus; ils déchiraient, au contraire, les voiles, jetaient devant ses yeux la réalité corporelle, pressante et brutale.
En tête du défilé des maîtresses que la saveur de ce bonbon aidait à dessiner en des traits certains, l’une s’arrêta, montrant des dents longues et blanches, une peau satinée, toute rose, un nez taillé en biseau, des yeux de souris, des cheveux coupés à la chien et blonds.
C’était miss Urania, une Américaine, au corps bien découplé, aux jambes nerveuses, aux muscles d’acier, aux bras de fonte.
Elle avait été l’une des acrobates les plus renommées du Cirque. Des Esseintes l’avait, durant de longues soirées, attentivement suivie; les premières fois, elle lui était apparue telle qu’elle était, c’est-à-dire solide et belle, mais le désir de l’approcher ne l’étreignit point; elle n’avait rien qui la recommandât à la convoitise d’un blasé, et cependant il retourna au Cirque alléché par il ne savait quoi, poussé par un sentiment difficile à définir.
Peu à peu, en même temps qu’il l’observait, de singulières conceptions naquirent; à mesure qu’il admirait sa souplesse et sa force, il voyait un artificiel changement de sexe se produire en elle; ses singeries gracieuses, ses mièvreries de femelle s’effaçaient de plus en plus, tandis que se développaient, à leur place, les charmes agiles et puissants d’un mâle; en un mot, après avoir tout d’abord été femme, puis, après avoir hésité, après avoir avoisiné l’androgyne, elle semblait se résoudre, se préciser, devenir complètement un homme.
Alors, de même qu’un robuste gaillard s’éprend d’une fille grêle, cette clownesse doit aimer, par tendance, une créature faible, ployée, pareille à moi, sans souffle, se dit des Esseintes, à se regarder, à laisser agir l’esprit de comparaison, il en vint à éprouver, de son côté, l’impression que lui-même se féminisait, et il envia décidément la possession de cette femme, aspirant ainsi qu’une fillette chlorotique, après le grossier hercule dont les bras la peuvent broyer dans une étreinte.
Cet échange de sexe entre miss Urania et lui, l’avait exalté; nous sommes voués l’un à l’autre, assurait-il; à cette subite admiration de la force brutale jusqu’alors exécrée, se joignit enfin l’exorbitant attrait de la boue, de la basse prostitution heureuse de payer cher les tendresses malotrues d’un souteneur.
En attendant qu’il se décidât à séduire l’acrobate, à entrer, si faire se pouvait, dans la réalité même, il confirmait ses rêves, en posant la série de ses propres pensées sur les lèvres inconscientes de la femme, en relisant ses intentions qu’il plaçait dans le sourire immuable et fixe de l’histrionne tournant sur son trapèze.
Un beau soir, il se résolut à dépêcher les ouvreuses. Miss Urania crut nécessaire de ne point céder, sans une préalable cour; néanmoins elle se montra peu farouche, sachant par les ouï-dire, que des Esseintes était riche et que son nom aidait à lancer les femmes.
Mais aussitôt que ses voeux furent exaucés, son désappointement dépassa le possible. Il s’était imaginé l’Américaine, stupide et bestiale comme un lutteur de foire, et sa bêtise était malheureusement toute féminine. Certes, elle manquait d’éducation et de tact, n’avait ni bon sens ni esprit, et elle témoignait d’une ardeur animale, à table, mais tous les sentiments enfantins de la femme subsistaient en elle; elle possédait le caquet et la coquetterie des filles entichées de balivernes; la transmutation des idées masculines dans son corps de femme n’existait pas.
Avec cela, elle avait une retenue puritaine, au lit et aucune de ces brutalités d’athlète qu’il souhaitait tout en les craignant; elle n’était pas sujette comme il en avait, un moment, conçu l’espoir, aux perturbations de son sexe. En sondant bien le vide de ses convoitises, peut-être eût-il cependant aperçu un penchant vers un être délicat et fluet, vers un tempérament absolument contraire au sien, mais alors il eût découvert une préférence non pour une fillette, mais pour un joyeux gringalet, pour un cocasse et maigre clown.
Fatalement, des Esseintes rentra dans son rôle d’homme momentanément oublié; ses impressions de féminité, de faiblesse, de quasi-protection achetée, de peur même, disparurent; l’illusion n’était plus possible; miss Urania était une maîtresse ordinaire, ne justifiant en aucune façon, la curiosité cérébrale qu’elle avait fait naître.
Bien que le charme de sa chair fraîche, de sa beauté magnifique, eût d’abord étonné et retenu des Esseintes, il chercha promptement à esquiver cette liaison, précipita la rupture, car sa précoce impuissance augmentait encore devant les glaciales tendresses, devant les prudes laisser-aller de cette femme.
Et pourtant elle était la première à s’arrêter devant lui, dans le passage ininterrompu de ces luxures; mais, au fond, si elle s’était plus énergiquement empreinte dans sa mémoire qu’une foule d’autres dont les appâts avaient été moins fallacieux et les plaisirs moins limités, cela tenait à sa senteur de bête bien portante et saine; la redondance de sa santé était l’antipode même de cette anémie, travaillée aux parfums, dont il retrouvait un fin relent dans le délicat bonbon de Siraudin.
Ainsi qu’une odorante antithèse, miss Urania s’imposait fatalement à son souvenir, mais presque aussitôt des Esseintes, heurté par cet imprévu d’un arôme naturel et brut, retournait aux exhalaisons civilisées, et inévitablement il songeait à ses autres maîtresses; elles se pressaient, en troupeau, dans sa cervelle, mais par-dessus toutes s’exhaussait maintenant la femme dont la monstruosité l’avait tant satisfait pendant des mois.
Celle-là était une petite et sèche brune, aux yeux noirs, aux cheveux pommadés, plaqués sur la tête, comme avec un pinceau, séparés par une raie de garçon, près d’une tempe. Il l’avait connue dans un café-concert, où elle donnait des représentations de ventriloque
À la stupeur d’une foule que ces exercices mettaient mal à l’aise, elle faisait parler, à tour de rôle, des enfants en carton, rangés en flûte de pan, sur des chaises; elle conversait avec des mannequins presque vivants et, dans la salle même, des mouches bourdonnaient autour des lustres et l’on entendait bruire le silencieux public qui s’étonnait d’être assis et se reculait instinctivement dans ses stalles, alors que le roulement d’imaginaires voitures le frôlait, en passant, de l’entrée jusqu’à la scène.
Des Esseintes avait été fasciné; une masse d’idées germa en lui; tout d’abord il s’empressa de réduire, à coups de billets de banque, la ventriloque qui lui plut par le contraste même qu’elle opposait avec l’Américaine. Cette brunette suintait des parfums préparés, malsains et capiteux, et elle brûlait comme un cratère; en dépit de tous ses subterfuges, des Esseintes s’épuisa en quelques heures; il n’en persista pas moins à se laisser complaisamment gruger par elle, car plus que la maîtresse, le phénomène l’attirait.
D’ailleurs les plans qu’il s’était proposés, avaient mûri. Il se résolut à accomplir des projets jusqu’alors irréalisables.
Il fit apporter, un soir, un petit sphinx, en marbre noir, couché dans la pose classique, les pattes allongées, la tête rigide et droite; et une chimère, en terre polychrome, brandissant une crinière hérissée, dardant des yeux féroces, éventant avec les sillons de sa queue ses flancs gonflés ainsi que des soufflets de forge. Il plaça chacune de ces bêtes à un bout de la chambre, éteignit les lampes, laissant les braises rougeoyer dans l’âtre et éclairer vaguement la pièce en agrandissant les objets presque noyés dans l’ombre.
Puis, il s’étendit sur un canapé, près de la femme dont l’immobile figure était atteinte par la lueur d’un tison, et il attendit.
Avec des intonations étranges qu’il lui avait fait longuement et patiemment répéter à l’avance, elle anima, sans même remuer les lèvres, sans même les regarder, les deux monstres.
Et dans le silence de la nuit, l’admirable dialogue de la Chimère et du Sphinx commença, récité par des voix gutturales et profondes, rauques, puis aiguës, comme surhumaines.
„— Ici, Chimère, arrête-toi.
„— Non; jamais.“
Bercé par l’admirable prose de Flaubert, il écoutait, pantelant, le terrible duo et des frissons le parcoururent, de la nuque aux pieds, quand la Chimère proféra la solennelle et magique phrase:
„Je cherche des parfums nouveaux, des fleurs plus larges, des plaisirs inéprouvés.“
Ah! c’était à lui-même que cette voix aussi mystérieuse qu’une incantation, parlait; c’était à lui qu’elle racontait sa fièvre d’inconnu, son idéal inassouvi, son besoin d’échapper à l’horrible réalité de l’existence, à franchir les confins de la pensée, à tâtonner sans jamais arriver à une certitude, dans les brumes des au-delà de l’art! — Toute la misère de ses propres efforts lui refoula le coeur. Doucement, il étreignait la femme silencieuse, à ses côtés, se réfugiant, ainsi qu’un enfant inconsolé, près d’elle, ne voyant même pas l’air maussade de la comédienne obligée à jouer une scène, à exercer son métier, chez elle, aux instants du repos, loin de la rampe.
Leur liaison continua, mais bientôt les défaillances de des Esseintes s’aggravèrent; l’effervescence de sa cervelle ne fondait plus les glaces de son corps: les nerfs n’obéissaient plus à la volonté; les folies passionnelles des vieillards le dominèrent. Se sentant devenir de plus en plus indécis près de cette maîtresse, il recourut à l’adjuvant le plus efficace des vieux et inconstants prurits, à la peur.
Pendant qu’il tenait la femme entre ses bras, une voix de rogomme éclatait derrière la porte: „Ouvriras-tu? je sais bien que t’es avec un miché, attends, attends un peu, salope!“ — Aussitôt, de même que ces libertins excités par la terreur d’être pris en flagrant délit, à l’air, sur les berges, dans le Jardin des Tuileries, dans un rambuteau ou sur un banc, il retrouvait passagèrement ses forces, se précipitait sur la ventriloque dont la voix continuait à tapager hors de la pièce, et il éprouvait des allégresses inouïes, dans cette bousculade, dans cette panique de l’homme courant un danger, interrompu, pressé dans son ordure.
Malheureusement, ces séances furent de durée brève; malgré les prix exagérés qu’il lui paya, la ventriloque le congédia et, le soir même, s’offrit à un gaillard dont les exigences étaient moins compliquées et les reins plus sûrs.
Celle-là, il l’avait regrettée et, au souvenir de ses artifices, les autres femmes lui parurent dénuées de saveur; les grâces pourries de l’enfance lui semblèrent même fades; son mépris pour leurs monotones grimaces devint tel qu’il ne pouvait plus se résoudre à les subir.
Remâchant son dégoût, seul, un jour qu’il se promenait sur l’avenue de Latour-Maubourg, il fut abordé, près des Invalides, par un tout jeune homme qui le pria de lui indiquer la voie la plus courte pour se rendre à la rue de Babylone. Des Esseintes lui désigna son chemin et, comme il traversait aussi l’esplanade, ils firent route ensemble.
La voix du jeune homme insistant, d’une façon inopinée, afin d’être plus amplement renseigné, disant:
— Alors vous croyez qu’en prenant à gauche, ce serait plus long; l’on m’avait pourtant affirmé qu’en obliquant par l’avenue, j’arriverais plus tôt, — était, tout à la fois, suppliante et timide, très basse et douce.
Des Esseintes le regarda. Il paraissait échappé du collège, était pauvrement vêtu d’un petit veston de cheviote lui étreignant les hanches, dépassant à peine la chute des reins, d’une culotte noire, collante, d’un col rabattu, échancré sur une cravate bouffante bleu foncé, à vermicelles blancs, forme La Vallière. Il tenait à la main un livre de classe cartonné, et il était coiffé d’un melon brun, à bords plats.
La figure était troublante; pâle et tirée, assez régulière sous les longs cheveux noirs, elle était éclairée par de grands yeux humides, aux paupières cernées de bleu, rapprochés du nez que pointillaient d’or quelques rousseurs et sous lequel s’ouvrait une bouche petite, mais bordée de grosses lèvres, coupées, au milieu, d’une raie ainsi qu’une cerise.
Ils se dévisagèrent, pendant un instant, en face, puis le jeune homme baissa les yeux et se rapprocha; son bras frôla bientôt celui de des Esseintes qui ralentit le pas, considérant, songeur, la marche balancée de ce jeune homme.
Et du hasard de cette rencontre, était née une défiante amitié qui se prolongea durant des mois; des Esseintes n’y pensait plus sans frémir; jamais il n’avait supporté un plus attirant et un plus impérieux fermage; jamais il n’avait connu des périls pareils, jamais aussi il ne s’était senti plus douloureusement satisfait.
Parmi les rappels qui l’assiégeaient, dans sa solitude, celui de ce réciproque attachement dominait les autres. Toute la levure d’égarement que peut détenir un cerveau surexcité par la névrose, fermentait, et, à se complaire ainsi dans ces souvenirs, dans cette délectation morose, comme la théologie appelle cette récurrence des vieux opprobres, il mêlait aux visions physiques des ardeurs spirituelles cinglées par l’ancienne lecture des casuistes, des Busembaum et des Diana, des Liguori et des Sanchez, traitant des péchés contre le 6e et le 9e commandement du Décalogue.
En faisant naître un idéal extrahumain dans cette âme qu’elle avait baignée et qu’une hérédité datant du règne de Henri III prédisposait peut-être, la religion avait aussi remué l’illégitime idéal des voluptés; des obsessions libertines et mystiques hantaient, en se confondant, son cerveau altéré d’un opiniâtre désir d’échapper aux vulgarités du monde, de s’abîmer, loin des usages vénérés, dans d’originales extases, dans des crises célestes ou maudites, également écrasantes par les déperditions de phosphore qu’elles entraînent.
Actuellement, il sortait de ces rêveries, anéanti, brisé, presque moribond, et il allumait aussitôt les bougies et les lampes, s’inondant de clarté, croyant entendre ainsi, moins distinctement que dans l’ombre, le bruit sourd, persistant, intolérable, des artères qui lui battaient, à coups redoublés, sous la peau du cou.
Neuntes Kapitel
Dieses Alpdrücken wiederholte sich; er fürchtete sich vor dem Einschlafen. Er blieb stundenlang auf seinem Bett ausgestreckt, bald in anhaltender Schlaflosigkeit und fieberhafter Aufregung, bald in schrecklichen Träumen, in denen er den Boden unter den Füßen verlor, eine Treppe hinunterstürzte oder in einen Abgrund fiel, ohne sich festhalten zu können.
Das während einiger Tage eingelullte Nervenleiden gewann wieder die Oberhand und trat heftiger und eigensinniger unter neuen Formen auf.
Jetzt belästigten ihn die Decken; er erstickte unter ihnen, hatte ein Kribbeln im ganzen Körper, Hitze im Blut. Ein Prickeln peinigte ihn am ganzen Leibe. Zu diesen Symptomen kam bald ein dumpfer Schmerz in den Kinnbacken hinzu und das Gefühl, als wenn seine Schläfen in einen Schraubstock gepreßt würden.
Seine Befürchtungen wuchsen; unglücklicherweise fehlten die Mittel, diese hartnäckige Krankheit zu bezwingen.
Ohne Erfolg hatte er Kaltwasserapparate in seinem Ankleidezimmer herrichten zu lassen versucht. Die Unmöglichkeit, das Wasser auf die Höhe, auf der sein Haus lag, hinaufzuleiten, die Schwierigkeit, es sich in genügender Quantität zu verschaffen in einem Dorf, wo die Brunnen aus Sparsamkeit nur zu gewissen Stunden in Betrieb waren, verhinderte die Benutzung; da er sich nicht durch den Wasserstrahl peitschen lassen konnte, der, kräftig auf die Wirbelsäule gerichtet, mächtig genug war, um die Schlaflosigkeit zu bekämpfen und die Ruhe herbeizuführen, mußte er sich mit kurzen Abwaschungen in seiner Badewanne oder mit einfachen Übergießungen begnügen, worauf er sich von seinem Diener mit Pferdehaarhandschuhen frottieren ließ.
Aber dieses schwache Mittel hemmte das Vorschreiten des Nervenleidens keineswegs; höchstens empfand er während einiger Stunden etwas Erleichterung, übrigens teuer genug bezahlt durch die Rückfälle, die sich immer heftiger erneuerten.
Seine Unzufriedenheit nahm mehr und mehr zu; die Freude, einen seltnen Blumenflor zu besitzen, war verflogen; er war schon gegen ihre Farben und Formen abgestumpft; denn trotz aller Sorgfalt, mit der er sie pflegte, verwelkten die meisten seiner Pflanzen. Er ließ sie daher aus seinen Zimmern entfernen.
Jetzt ärgerte ihn wieder bei seiner Reizbarkeit der leere Raum, den sie vorher eingenommen hatten.
Um sich zu zerstreuen und die endlosen Stunden zu töten, nahm er Zuflucht zu seinen Kupferstichen und ordnete seine Goyas. Die ersten Drucke der „Capriccios“, an ihrem rötlichen Ton erkennbar, früher ein mal mit schwerem Gelde erstanden, heiterten ihn auf. Er vertiefte sich in sie und folgte den Phantasien des Künstlers, verliebt in seine phantastischen Szenen, seine auf Katzen reitenden Hexen, seine Weiber, die da versuchen, einem Gehängten die Zähne auszureißen, seine Räuber, seine Dämonen und Zwerge.
Dann durchblätterte er alle andern Serien seiner Radierungen und Aquatintazeichnungen, seine unheimlichen „Sprichwörter“, seine wilden Kriegsskizzen, seinen Kupferstich des Garot, von dem er einen wunderbaren Künstlerabdruck auf dickem Papier, von sichtbaren Wasserstreifen durchzogen, besonders gern hatte.
Das wilde Feuer, das herbe, stürmische Talent von Goya fesselte ihn; aber die allgemeine Bewunderung, die seine Werke erlangt hatten, brachten ihn trotzdem etwas von ihm ab, und er hatte daher davon abgesehn, sie einrahmen zu lassen, aus Furcht, daß, wenn er sie zur Schau stellte, der erste beste Einfaltspinsel es für nötig hielte, Dummheiten darüber loszulassen oder vor Entzücken außer sich zu geraten.
Es ging ihm ebenso mit seinen Rembrandts, die er dann und wann mit heimlichem Entzücken betrachtete; denn wie die schönste Arie der Welt unausstehlich wird, sobald sie der Pöbel summt und die Straßenorgel sich ihrer bemächtigt, so wird das Kunstwerk, das den unselbständigen Künstler zur Nachahmung reizt, das die Dummköpfe loben und das sich nicht damit begnügt, die Begeisterung von wenigen zu erregen, ebenfalls für die Kenner entweiht, banal, ja widerwärtig.
Dieses Schwanken in seiner Bewunderung war übrigens mit sein größter Kummer; äußerliche Erfolge hatten ihm Bilder und Bücher, die ihm ehemals teuer waren, für immer verleidet; infolge des Beifalls der Stimmenmehrheit entdeckte er zuletzt Mängel, die gar nicht da waren, er wies sie zurück, indem er sich fragte, ob sein Scharfsinn sich nicht abstumpfe und ihn betrüge.
Er schloß seine Mappen und verfiel wieder einmal seinen schwankenden Gefühlen und unfruchtbaren Grübeleien. Um den Lauf seiner Gedanken zu ändern, nahm er besänftigende Lektüre zur Hand, versuchte sich das Gehirn abzukühlen. Er las die Romane von Dickens, an denen sich die Genesenden und die Unglücklichen entzücken.
Aber diese Bücher brachten die entgegengesetzten Wirkungen hervor, als er erwartet hatte: er sah nur keusch Liebende, steif gekleidete Heldinnen, die nur beim Sternenlicht lieben und sich begnügen, die Augen zu senken, zu erröten oder vor Glück zu weinen, indem sie sich die Hände drücken. Diese übertriebne Keuschheit führte ihn der entgegengesetzten Übertreibung zu, so daß er von einem Extrem ins andre fiel, sich mächtig bewegter Szenen erinnerte, an die sexuellen Beziehungen zwischen Mann und Weib und an ihre Küsse dachte.
Er unterbrach seine Lektüre und grübelte weiter über die Prüderie Englands. Er wurde von einer seltsamen Aufregung befallen. Die Zeugungsunfähigkeit seines Gehirns und seines Körpers, die er für eine permanente gehalten hatte, verschwand. Die Einsamkeit wirkte belebend auf seine Nerven. Die sinnliche Seite, seit Monaten ganz unempfindlich, war zuerst wieder durch die entnervende fromme Lektüre angeregt, dann durch die englische Ziererei zu einer Nervenkrisis gesteigert und stand jetzt in voller Blüte da; durch die Erregtheit seiner Sinne in die Vergangenheit zurückgeführt, watete er im Schmutz seiner alten Erinnerungen herum.
Er stand auf und öffnete schwermütig eine kleine vergoldete Dose, deren Deckel mit glitzernden Steinen besetzt war.
Sie war voll von violetten Bonbons; er nahm einen heraus, berührte ihn leicht mit den Fingerspitzen und dachte an die seltsamen Eigentümlichkeiten dieses Bonbons. Damals, als er sich seiner Impotenz klar ward, als er noch ohne Bitterkeit, ohne Bedauern, ohne neues Verlangen an das Weib dachte, legte er einen dieser Bonbons auf die Zunge, ließ ihn zergehn, und plötzlich stiegen mit einer unendlichen Sanftheit verwischte Rückerinnerungen an wollüstige Ausschweifungen in ihm auf.
Diese Bonbons, von Siraudin erfunden und mit dem lächerlichen Namen „Perles de Pyrénées“ bezeichnet, enthielten einen Tropfen Sarcanthusöl. Sie drangen in die Schleimhäute ein und erinnerten ihn an die Wollust aromatischer Küsse.
Gewöhnlich lächelte er beim Einatmen dieses verliebten Aromas, das ihm ein Teilchen Nacktheit vor das geistige Auge führte und für einen Augenblick wieder das Verlangen nach dem noch vor kurzem angebeteten Geruch bestimmter Frauen in ihm rege machte.
Jetzt wirkten sie nicht mehr heimlich und leise, sie beschränkten sich nicht mehr darauf, das Bild ferner und konfuser Ausschweifungen anzufachen — im Gegenteil, die Schleier zerrissen, und vor seinen Augen entstand die verkörperte, zudringliche, brutale Wirklichkeit.
An der Spitze der Fata Morgana ehemaliger Geliebten, die der Genuß dieses Bonbons in klaren Zügen zeichnen half, befand sich eine mit großen, weißen Zähnen, mit einer Haut wie von rosa Atlas, die Nase wie gemeißelt, mit kleinen Mäuseaugen und kurz abgeschnittnem blonden Haar.
Sie hieß Miß Urania, war Amerikanerin und eine der berühmtesten Akrobatinnen des Zirkus, deren schön proportionierter Körper, kräftige Schenkel und Muskeln von Stahl und Eisen Aufsehn erregt hatten.
Herzog Jean hatte sie während langer Abende aufmerksam beobachtet; die ersten Male war sie ihm, wie sie wirklich war, erschienen, das heißt: kräftig und hübsch, aber der Wunsch, sich ihr zu nähern, packte ihn nicht; sie besaß nichts, was sie der Lüsternheit eines blasierten Menschen begehrlich machen konnte, und doch ging er wieder nach dem Zirkus hin, angelockt, ohne zu wissen wovon, getrieben von einem schwer zu erklärenden Gefühl.
Während er ihre Bewegungen verfolgte, machte er eine sonderbare Beobachtung; in dem Maße, wie er ihre Geschmeidigkeit und ihre Kraft bewunderte, sah er eine Geschlechtsveränderung mit ihr vorgehn: ihre zierlichen und weiblichen Bewegungen verwischten sich mehr und mehr, während sich die gewandten und kräftigen Reize des Mannes dafür vordrängten; kurz, nachdem sie sich zuerst als Weib gezeigt hatte, dann für eine kurze Zeit geschlechtslos gewesen war, schien sie vollständig Mann geworden zu sein. „Diese Akrobatin könnte sich, wie sich ein kräftiger Kerl in ein zartes Mädchen verliebt, auch in einen Schwächling, wie ich es bin, verlieben,“ sagte sich der Herzog; und indem er sich betrachtete und Vergleiche zog, wurde es ihm klar, daß er immer femininer wurde; und er sehnte sich nach dem Besitz dieser Frau und begehrte sie, wie sich ein bleichsüchtiges junges Mädchen wohl nach einem robusten Manne sehnt, dessen Liebkosungen sie zu erdrücken drohn.
Dieser Austausch des Geschlechts zwischen der Akrobatin und ihm begeisterte ihn. „Wir sind für einander bestimmt,“ überzeugte er sich selbst.
Eines schönen Abends entschloß er sich, die Logenschließerin abzuschicken. Aber Miß Urania hielt es für angemessen, ihm nicht eher Gehör zu schenken, bis er ihr den üblichen Hof gemacht hatte; doch zeigte sie sich wenig grausam, denn durch Hörensagen wußte sie, daß der Herzog des Esseintes reich war und daß sein Name genügte, um eine Frau in Mode zu bringen.
Aber sobald seine Wünsche Erhörung gefunden hatten, übertraf seine Enttäuschung alle bisherige Erfahrung. Er hatte sich die Akrobatin dumm und roh wie einen Jahrmarktsringer vorgestellt, ihre Dummheit war aber unglücklicherweise nur weiblich. Gewiß, es fehlte ihr an Erziehung und an Takt, sie hatte weder Verstand noch Geist, und sie bewies bei Tisch einen tierischen Eifer, anderseits aber waren alle kindlichen Gefühle des Weibes in ihr vorhanden; sie schwatzte auch und kokettierte wie alle von ihren Albernheiten eingenommnen Frauenzimmer.
Dabei bewahrte sie im Bett eine puritanische Zurückhaltung und zeigte keine jener athletischen Roheiten, die er ersehnte, aber auch gleichzeitig fürchtete. Sie war nicht, wie er es einen Augenblick gehofft, den Aufregungen ihres Geschlechts unterworfen. Doch wenn er den Mangel ihrer Sinnlichkeit recht untersucht hätte, so hätte er eine Neigung zu einem zarten, schmächtigen Wesen, zu einem ihm ganz entgegengesetzten Temperament, einem mageren Clown, entdeckt.
Unglücklicherweise trat der junge Herzog wieder in die einen Moment vergessne Männerrolle zurück; seine Eindrücke von weiblicher Natur, von Schwäche, verschwanden; die Illusion war nicht mehr möglich. Miß Urania war eine ganz gewöhnliche Maitresse, die in keiner Weise den neugierigen Erwartungen des Gehirns entsprach, die sie anfangs hervorgerufen hatte.
Obgleich der Reiz ihrer weichen, frischen Haut, ihrer prächtigen Schönheit den Herzog zuerst überrascht und bei ihr zurückgehalten hatte, suchte er dieses Verhältnis schnell wieder zu lösen und den Bruch zu beschleunigen, denn seine frühzeitige Impotenz verschlimmerte sich noch bei den eisigen Liebkosungen, bei dem gezierten Wesen dieses Mädchens.
Und doch war sie die erste, die vor ihm stehn blieb bei dem ununterbrochnen Vorbeimarsch dieser wollüstigen Bilder; wenn sie sich aber schließlich seinem Gedächtnis doch fester eingeprägt hatte als eine Menge andrer, deren Reize weniger trügerisch und deren Genüsse weniger beschränkt gewesen waren, so lag das an dem gesunden und kräftigen Geruch ihres weiblichen Körpers; dieser Überfluß an Gesundheit war das Gegenteil der Blutarmut, die man mit Parfüms auffrischte, deren feinen Geruch er in dem zarten Siraudin-Bonbon wiederfand.
Er gedachte seiner andern Geliebten. Sie drängten sich wie eine Herde in seinem Gehirn zusammen, doch alle überragte ein Weib, dessen eigentümlicher Reiz ihn während mehrerer Monate außergewöhnlich gefesselt hatte.
Es war eine kleine, magre Brünette mit schwarzen Augen und pomadisierten Haaren, die auf dem Kopfe wie mit einem Pinsel angeklebt waren, mit einem Scheitel auf der linken Seite, der ihr das Aussehn eines Jungen gab.
Er hatte sie in einem Café-Konzert kennen gelernt, wo sie Bauchredner-Vorstellungen gab.
Zum Erstaunen der Zuschauer, die sich fast unbehaglich bei diesen Ausführungen fühlten, ließ sie abwechselnd Kinder aus Pappe sprechen, die wie Orgelpfeifen auf Stühlen aufgestellt waren.
Herzog Jean war bezaubert gewesen; eine Menge von Ideen keimten in ihm auf. Zuerst beeilte er sich, die Bauchrednerin mit Haufen von Banknoten zu bändigen, da sie ihm gerade wegen des Kontrastes, den sie zu der Amerikanerin bildete, gefiel. Diese kleine Brünette brannte wie ein Krater; aber trotz all ihrer angewandten künstlichen Mittel erschöpfte sich der Herzog in wenigen Stunden; er fuhr indessen fort, sich willfährig von ihr ausziehn zu lassen, denn mehr als die Geliebte zog ihn das Phänomen an.
Endlich waren die Pläne, die er gemacht hatte, gereift.
Er ließ eines Abends eine Sphinx aus schwarzem Marmor bringen, in der klassischen Stellung mit ausgestreckten Tatzen, mit steifem, gradem Kopf, und eine Chimäre aus buntem Ton, mit gesträubter Mähne, die wilde Blicke warf und mit den Strähnen ihres Schweifes ihre geschwollnen Seiten fächelte. Er stellte die beiden Tiere in seinem Zimmer auf und löschte die Lampen aus. Die glühenden Kohlen im Kamin glommen weiter und vergrößerten alle Gegenstände, die wie im Schatten verschwanden.
Dann streckte er sich auf dem Sofa aus, nahe seiner Geliebten, deren unbewegliches Gesicht von dem Schein der Glut erleuchtet wurde, und wartete.
Mit seltsamen Tönen und Ausdrücken, die er sie lange und geduldig vorher hatte einüben lassen, belebte sie, ohne die Lippen zu bewegen, ohne sie nur anzusehn, die beiden Ungeheuer.
Und in der Stille der Nacht begann jetzt der wunderbare Dialog zwischen der Chimäre und der Sphinx, vorgetragen mit tiefen, rauhen Kehllauten, dann in scharfer, feiner Stimme:
„Hier, Chimäre, halte still.“
„Nie und nimmer.“
Gewiegt von der entzückenden Prosa Flauberts, hörte er schwer atmend das schreckliche Duett, und ein Schauder durchflog ihn vom Nacken bis zur Zehe, als die Chimäre die feierlichen und zauberhaften Worte ausspricht:
„Ich suche neue Wohlgerüche, prächtigere Blumen, unbekannte Genüsse.“ —
Ach! es war ihm, als ob diese Stimme zu ihm selbst, geheimnisvoll, wie in einer Beschwörung, sprach.
Das ganze Elend seiner eignen nutzlosen Anstrengungen strömte ihm zum Herzen zurück. Sanft umfaßte er das schweigende Weib wie ein ungetröstetes Kind; nicht einmal das verdrießliche Gesicht der Komödiantin beachtete er, die genötigt war, eine Szene zu spielen und ihr Handwerk noch während ihrer Mußestunden auszuüben.
Ihr Verhältnis dauerte fort, doch bald verschlimmerte sich die Schwäche des Herzogs; die Aufwallungen seines Gehirns schmolzen nicht mehr das Eis seines Körpers; die Nerven gehorchten nicht mehr seinem Willen; die leidenschaftlichen Torheiten der Greise beherrschten ihn. Da er sich mehr und mehr bei seiner Geliebten schwach werden fühlte, nahm er seine Zuflucht zu dem wirksamsten Hilfsmittel der alten und unbeständigen Aufreizung, zu der Furcht.
Während er seine Maitresse in seinen Armen hielt, erscholl hinter der Tür eine rauhe Säuferstimme: „Wirst du gleich öffnen? Ich weiß sehr gut, daß du mit einem reichen Gimpel zusammen bist, na warte nur, du Schlange!“
Wie die Wüstlinge in der Gefahr einen Reiz empfinden und im Freien, auf den Böschungen, im Garten der Tuilerien, im Wald oder auf einer Bank ihre Sinnlichkeit befriedigen, so fand der Herzog vorübergehend seine Kräfte wieder und stürzte sich auf die Bauchrednerin, deren Stimme hinter der Tür tobte, und empfand unerhörte Genüsse in diesem Herumstoßen, in dieser Angst des Mannes, der sich in Gefahr befindet.
Unglücklicherweise waren diese Freuden von kurzer Dauer, denn trotz der enormen Summen, die er der Bauchrednerin bezahlte, verabschiedete ihn diese schließlich und gab sich noch demselben Abend einem strammen Burschen hin, dessen Ansprüche weniger kompliziert, dessen Lenden aber kräftiger waren.
Diese Komödiantin hatte er wirklich bedauert, und bei der Erinnerung an ihre Geschicklichkeit schienen ihm die andern Frauen anmutlos.
Eines Tags, da er allein in der Avenue de Latour-Maubourg spazieren ging, in seine Betrachtungen und seinen Widerwillen gegen das weibliche Geschlecht vertieft, wurde er nahe bei der Esplanade des Invalides von einem jungen Menschen angeredet, der ihn bat, ihm den kürzesten Weg nach der Rue de Babylone zu zeigen.
Herzog Jean bezeichnete ihm den Weg, den er einzuschlagen hatte, und da auch er die Esplanade entlang ging, schritten sie zusammen weiter.
„Sie glauben, daß es, wenn ich links ginge, ein Umweg wäre?“ fuhr der junge Mann zu fragen fort, „man hatte mir bedeutet, die Avenue in schräger Richtung zu verfolgen“ … seine Stimme klang leise und schüchtern, fast bittend.
Der Herzog betrachtete ihn näher. Er schien aus dem Gymnasium gekommen zu sein, war ärmlich gekleidet, trug eine kurze Jacke aus Cheviot, eine schwarze enge Hose, niedergeschlagnen Kragen und eine lose dunkelblaue Krawatte mit weißen Punkten.
In der Hand hielt er ein Schulbuch und hatte auf dem Kopf einen runden braunen Hut mit glattem Rand.
Sein Gesicht war beunruhigend; blaß und müde, doch ziemlich regelmäßig und von langem, schwarzem Haar umrahmt; er hatte große feuchte Augen mit blauen Rändern, um die Nase herum einige Sommersprossen und einen kleinen Mund mit starken Lippen, die in der Mitte wie eine Kirsche gespalten waren.
Sie sahen sich eine Weile an, grade ins Gesicht, dann schlug der junge Mensch die Augen nieder und kam näher; sein Arm streifte bald den des Herzogs, der seinen Schritt mäßigte und nachdenklich den wiegenden Gang des Jünglings betrachtete.
Und aus dieser zufälligen Begegnung war eine Freundschaft entstanden, die sich monatelang hinzog.
Der Herzog dachte mit Schaudern an sie zurück, niemals hatte er einen anziehendern und herrischern Pakt ertragen, niemals hatte er solche Gefahren gekannt und niemals noch sich so schmerzhaft befriedigt gefühlt.
Unter allen Erinnerungen, die ihn in seiner Einsamkeit bestürmten, beherrschte dieses Liebesverhältnis alle andern. —
Jetzt erwachte er aus seinen Träumereien, gebrochen, vernichtet, sterbend; er zündete schnell alle Lichte und Lampen an und hoffte in dieser Flut von Licht weniger deutlich das dumpfe, unaufhörliche, unausstehliche Klopfen der Pulsadern zu vernehmen.