- J. K. Huysmans
- Deutsch von M. Capsius
Chapitre X
Pendant cette singulière maladie qui ravage les races à bout de sang, de soudaines accalmies succèdent aux crises; sans qu’il pût s’expliquer pourquoi, des Esseintes se réveilla tout valide, un beau matin; plus de toux déracinante, plus de coins enfoncés à coups de maillet dans la nuque, mais une sensation ineffable de bien-être, une légèreté de cervelle dont les pensées s’éclaircissaient et, d’opaques et glauques, devenaient fluides et irisées, de même que des bulles de savon de nuances tendres.
Cet état dura quelques jours, puis subitement, une après-midi, les hallucinations de l’odorat se montrèrent.
Sa chambre embauma la frangipane, il vérifia si un flacon ne traînait pas, débouché; il n’y avait point de flacon dans la pièce; il passa dans son cabinet de travail, dans la salle à manger: l’odeur persista.
Il sonna son domestique: — Vous ne sentez rien, dit-il? L’autre renifla une prise d’air et déclara ne respirer aucune fleur: le doute ne pouvait exister; la névrose revenait, une fois de plus, sous l’apparence d’une nouvelle illusion des sens.
Fatigué par la ténacité de cet imaginaire arôme, il résolut de se plonger dans des parfums véritables, espérant que cette homéopathie nasale le guérirait ou du moins qu’elle retarderait la poursuite de l’importune frangipane.
Il se rendit dans son cabinet de toilette. Là, près d’un ancien baptistère qui lui servait de cuvette, sous une longue glace en fer forgé, emprisonnant ainsi que d’une margelle argentée de lune, l’eau verte et comme morte du miroir, des bouteilles de toute grandeur, de toute forme, s’étageaient sur des rayons d’ivoire.
Il les plaça sur une table et les divisa en deux séries: celle des parfums simples, c’est-à-dire des extraits ou des esprits, et celle des parfums composés, désignés sous le terme générique de bouquets.
Il s’enfonça dans un fauteuil et se recueillit.
Il était, depuis des années, habile dans la science du flair; il pensait que l’odorat pouvait éprouver des jouissances égales à celles de l’ouïe et de la vue, chaque sens étant susceptible, par suite d’une disposition naturelle et d’une érudite culture, de percevoir des impressions nouvelles, de les décupler, de les coordonner, d’en composer ce tout qui constitue une oeuvre; et il n’était pas, en somme, plus anormal qu’un art existât, en dégageant d’odorants fluides, que d’autres, en détachant des ondes sonores, ou en frappant de rayons diversement colorés la rétine d’un oeil; seulement, si personne ne peut discerner, sans une intuition particulière développée par l’étude, une peinture de grand maître d’une croûte, un air de Beethoven d’un air de Clapisson, personne, non plus, ne peut, sans une initiation préalable, ne point confondre, au premier abord, un bouquet créé par un sincère artiste, avec un pot-pourri fabriqué par un industriel, pour la vente des épiceries et des bazars.
Dans cet art des parfums, un côté l’avait, entre tous, séduit, celui de la précision factice.
Presque jamais, en effet, les parfums ne sont issus des fleurs dont ils portent le nom; l’artiste qui oserait emprunter à la seule nature ses éléments, ne produirait qu’une oeuvre bâtarde, sans vérité, sans style, attendu que l’essence obtenue par la distillation des fleurs ne saurait offrir qu’une très lointaine et très vulgaire analogie avec l’arôme même de la fleur vivante, épandant ses effluves, en pleine terre.
Aussi, à l’exception de l’inimitable jasmin, qui n’accepte aucune contrefaçon, aucune similitude, qui repousse jusqu’aux à peu près, toutes les fleurs sont exactement représentées par des alliances d’alcoolats et d’esprits, dérobant au modèle sa personnalité même et y ajoutant ce rien, ce ton en plus, ce fumet capiteux, cette touche rare qui qualifie une oeuvre d’art.
En résumé, dans la parfumerie, l’artiste achève l’odeur initiale de la nature dont il taille la senteur, et il la monte ainsi qu’un joaillier épure l’eau d’une pierre et la fait valoir.
Peu à peu, les arcanes de cet art, le plus négligé de tous, s’étaient ouverts devant des Esseintes qui déchiffrait maintenant cette langue, variée, aussi insinuante que celle de la littérature, ce style d’une concision inouïe, sous son apparence flottante et vague.
Pour cela, il lui avait d’abord fallu travailler la grammaire, comprendre la syntaxe des odeurs, se bien pénétrer des règles qui les régissent, et, une fois familiarisé avec ce dialecte, comparer les oeuvres des maîtres, des Atkinson et des Lubin, des Chardin et des Violet, des Legrand et des Piesse, désassembler la construction de leurs phrases, peser la proportion de leurs mots et l’arrangement de leurs périodes.
Puis, dans cet idiome des fluides, l’expérience devait appuyer les théories trop souvent incomplètes et banales.
La parfumerie classique était, en effet, peu diversifiée, presque incolore, uniformément coulée dans une matrice fondue par d’anciens chimistes; elle radotait, confinée en ses vieux alambics, lorsque la période romantique était éclose et l’avait, elle aussi, modifiée, rendue plus jeune, plus malléable et plus souple.
Son histoire suivait, pas à pas, celle de notre langue. Le style parfumé Louis XIII, composé des éléments chers à cette époque, de la poudre d’iris, du musc, de la civette, de l’eau de myrte; déjà désignée sous le nom d’eau des anges, était à peine suffisant pour exprimer les grâces cavalières, les teintes un peu crues du temps, que nous ont conservées certains des sonnets de Saint-Amand. Plus tard, avec la myrrhe, l’oliban, les senteurs mystiques, puissantes et austères, l’allure pompeuse du grand siècle, les artifices redondants de l’art oratoire, le style large, soutenu, nombreux, de Bossuet et des maîtres de la chaire, furent presque possibles; plus tard encore, les grâces fatiguées et savantes de la société française sous Louis XV, trouvèrent plus facilement leur interprète dans la frangipane et la maréchale qui donnèrent en quelque sorte la synthèse même de cette époque; puis, après l’ennui et l’incuriosité du premier Empire, qui abusa des eaux de Cologne et des préparations au romarin, la parfumerie se jeta, derrière Victor Hugo et Gautier, vers les pays du soleil; elle créa des orientales, des selam fulgurants d’épices, découvrit des intonations nouvelles, des antithèses jusqu’alors inosées, tria et reprit d’anciennes nuances qu’elle compliqua, qu’elle subtilisa, qu’elle assortit elle rejeta résolument enfin, cette volontaire décrépitude à laquelle l’avaient réduite les Malesherbes, les Boileau, les Andrieux, les Baour-Lormian, les bas distillateurs de ses poèmes.
Mais cette langue n’était pas demeurée, depuis la période de 1830, stationnaire. Elle avait encore évolué, et, se modelant sur la marche du siècle, elle s’était avancée parallèlement avec les autres arts, s’était, elle aussi, pliée aux voeux des amateurs et des artistes, se lançant sur le Chinois et le Japonais, imaginant des albums odorants, imitant les bouquets de fleurs de Takéoka, obtenant par des alliances de lavande et de girofle, l’odeur du Rondéletia; par un mariage de patchouli et de camphre, l’arôme singulier de l’encre de Chine; par des composés de citron, de girofle et de néroli, l’émanation de l’Hovénia du Japon.
Des Esseintes étudiait, analysait l’âme de ces fluides, faisait l’exégèse de ces textes; il se complaisait à jouer pour sa satisfaction personnelle, le rôle d’un psychologue, à démonter et à remonter les rouages d’une oeuvre, à dévisser les pièces formant la structure d’une exhalaison composée, et, dans cet exercice, son odorat était parvenu à la sûreté d’une touche presque impeccable.
De même qu’un marchand de vins reconnaît le cru dont il hume une goutte; qu’un vendeur de houblon, dès qu’il flaire un sac, détermine aussitôt sa valeur exacte; qu’un négociant chinois peut immédiatement révéler l’origine des thés qu’il sent, dire dans quelles fermes des monts Bohées, dans quels couvents bouddhiques, il a été cultivé, l’époque où ses feuilles ont été cueillies, préciser le degré de torréfaction, l’influence qu’il a subie dans le voisinage de la fleur de prunier, de l’Aglaia, de l’Olea fragrans, de tous ces parfums qui servent à modifier sa nature, à y ajouter un rehaut inattendu, à introduire dans son fumet un peu sec un relent de fleurs lointaines et fraîches; de même aussi des Esseintes pouvait en respirant un soupçon d’odeur, vous raconter aussitôt les doses de son mélange, expliquer la psychologie de sa mixture, presque citer le nom de l’artiste qui l’avait écrit et lui avait imprimé la marque personnelle de son style.
Il va de soi qu’il possédait la collection de tous les produits employés par les parfumeurs; il avait même du véritable baume de La Mecque, ce baume si rare qui ne se récolte que dans certaines parties de l’Arabie Pétrée et dont le monopole appartient au Grand Seigneur.
Assis maintenant, dans son cabinet de toilette, devant sa table, il songeait à créer un nouveau bouquet et il était pris de ce moment d’hésitation bien connu des écrivains, qui, après des mois de repos, s’apprêtent à recommencer une nouvelle oeuvre.
Ainsi que Balzac que hantait l’impérieux besoin de noircir beaucoup de papier pour se mettre en train, des Esseintes reconnut la nécessité de se refaire auparavant la main par quelques travaux sans importance; voulant fabriquer de héliotrope, il soupesa des flacons d’amande et de vanille, puis il changea d’idée et se résolut à aborder le pois de senteur.
Les expressions, les procédés lui échappaient; il tâtonna; en somme, dans la fragrance de cette fleur, l’oranger domine: il tenta de plusieurs combinaisons et il finit par atteindre le ton juste, en joignant à l’oranger de la tubéreuse et de la rose qu’il lia par une goutte de vanille.
Les incertitudes se dissipèrent; une petite fièvre l’agita, il fut prêt au travail, il composa encore du thé en mélangeant de la cassie et de l’iris, puis, sûr de lui il se détermina à marcher de l’avant, à plaquer une phrase fulminante dont le hautain fracas effondrerait le chuchotement de cette astucieuse frangipane qui se faufilait encore dans sa pièce.
Il mania l’ambre, le musc-tonkin, aux éclats terribles, le patchouli, le plus âcre des parfums végétaux et dont la fleur, à l’état brut, dégage un remugle de moisi et de rouille. Quoi qu’il fît, la hantise du XVIIIe siècle l’obséda; les robes à paniers, les falbalas tournèrent devant ses yeux; des souvenirs des „Vénus“ de Boucher, tout en chair, sans os, bourrées de coton rose, s’installèrent sur ses murs des rappels du roman de Thémidore, de l’exquise Rosette retroussée dans un désespoir couleur feu, le poursuivirent. Furieux, il se leva et, afin de se libérer, il renifla, de toutes ses forces, cette pure essence de spikanard, si chère aux Orientaux et si désagréable aux Européens, à cause de son relent trop prononcé de valériane. Il demeura étourdi sous la violence de ce choc; comme pilées par un coup de marteau, les filigranes de la délicate odeur disparurent; il profita de ce temps de répit pour échapper aux siècles défunts, aux vapeurs surannées, pour entrer, ainsi qu’il le faisait jadis, dans des oeuvres moins restreintes ou plus neuves.
Il avait autrefois aimé à se bercer d’accords en parfumerie; il usait d’effets analogues à ceux des poètes, employait, en quelque sorte, l’admirable ordonnance de certaines pièces de Baudelaire, telles que „l’Irréparable“ et „le Balcon“, où le dernier des cinq vers qui composent la strophe est l’écho du premier et revient, ainsi qu’un refrain, noyer l’âme dans des infinis de mélancolie et de langueur.
Il s’égarait dans les songes qu’évoquaient pour lui ces stances aromatiques, ramené soudain à son point de départ, au motif de sa méditation, par le retour du thème initial, reparaissant, à des intervalles ménagés, dans l’odorante orchestration du poème.
Actuellement, il voulut vagabonder dans un surprenant et variable paysage, et il débuta par une phrase, sonore, ample, ouvrant tout d’un coup une échappée de campagne immense.
Avec ses vaporisateurs, il injecta dans la pièce une essence formée d’ambroisie, de lavande de Mitcham, de pois de senteur, de bouquet, une essence qui, lorsqu’elle est distillée par un artiste, mérite le nom qu’on lui décerne, „d’extrait de pré fleuri“; puis dans ce pré, il introduisit une précise fusion de tubéreuse, de fleur d’oranger et d’amande, et aussitôt d’artificiels lilas naquirent, tandis que des tilleuls s’éventèrent, rabattant sur le sol leurs pâles émanations que simulait l’extrait du tilia de Londres.
Ce décor posé en quelques grandes lignes, fuyant à perte de vue sous ses yeux fermés, il insuffla une légère pluie d’essences humaines et quasi félines, sentant la jupe, annonçant la femme poudrée et fardée, le stéphanotis, l’ayapana, l’opoponax, le chypre, le champaka, le sarcanthus, sur lesquels il juxtaposa un soupçon de seringa, afin de donner dans la vie factice du maquillage qu’ils dégageaient, un fleur naturel de rires en sueur, de joies qui se démènent au plein soleil.
Ensuite il laissa, par un ventilateur, s’échapper ces ondes odorantes, conservant seulement la campagne qu’il renouvela et dont il força la dose pour l’obliger à revenir ainsi qu’une ritournelle dans ses strophes.
Les femmes s’étaient peu à peu évanouies; la campagne était devenue déserte; alors, sur l’horizon enchanté, des usines se dressèrent, dont les formidables cheminées brûlaient, à leurs sommets, comme des bols de punch.
Un souffle de fabriques, de produits chimiques, passait maintenant dans la brise qu’il soulevait avec des éventails, et la nature exhalait encore, dans cette purulence de l’air, ses doux effluves.
Des Esseintes maniait, échauffait entre ses doigts, une boulette de styrax, et une très bizarre odeur montait dans la pièce, une odeur tout à la fois répugnante et exquise, tenant de la délicieuse senteur de la jonquille et de l’immonde puanteur de la gutta-percha et de l’huile de houille. Il se désinfecta les mains, inséra en une boîte hermétiquement close, sa résine, et les fabriques disparurent à leur tour. Alors, il darda parmi les vapeurs ravivées des tilleuls et des prés, quelques gouttes de new mown hay et, au milieu du site magique momentanément dépouillé de ses lilas, des gerbes de foin s’élevèrent, amenant une saison nouvelle, épandant leur fine affluence dans l’été de ces senteurs.
Enfin, quand il eut assez savouré ce spectacle, il dispersa précipitamment des parfums exotiques, épuisa ses vaporisateurs, accéléra ses esprits concentrés, lâcha bride à tous ses baumes, et, dans la touffeur exaspérée de la pièce, éclata une nature démente et sublimée, forçant ses haleines, chargeant d’alcoolats en délire une artificielle brise, une nature pas vraie et charmante, toute paradoxale, réunissant les piments des tropiques, les souffles poivrés du santal de la Chine et de l’hediosmia de la Jamaïque, aux odeurs françaises du jasmin, de l’aubépine et de la verveine, poussant, en dépit des saisons et des climats, des arbres d’essences diverses, des fleurs aux couleurs et aux fragrances les plus opposées, créant par la fonte et le heurt de tous ces tons, un parfum général, innommé, imprévu, étrange, dans lequel reparaissait, comme un obstiné refrain, la phrase décorative du commencement, l’odeur du grand pré, éventé par les lilas et les tilleuls.
Tout à coup une douleur aiguë le perça; il lui sembla qu’un vilebrequin lui forait les tempes. Il ouvrit les yeux, se retrouva au milieu de son cabinet de toilette, assis devant sa table; péniblement, il marcha, abasourdi, vers la croisée qu’il entrebâilla. Une bouffée d’air rasséréna l’étouffante atmosphère qui l’enveloppait; il se promena, de long en large, pour raffermir ses jambes, alla et vint, regardant le plafond où des crabes et des algues poudrées de sel, s’enlevaient en relief sur un fond grenu aussi blond que le sable d’une plage; un décor pareil revêtait les plinthes, bordant les cloisons tapissées de crêpe Japonais vert d’eau, un peu chiffonné, simulant le friselis d’une rivière que le vent ride et, dans ce léger courant, nageait le pétale d’une rose autour duquel tournoyait une nuée de petits poissons dessinés en deux traits d’encre.
Mais ses paupières demeuraient lourdes; il cessa d’arpenter le court espace compris entre le baptistère et la baignoire, et il s’appuya sur la rampe de la fenêtre; son étourdissement cessa; il reboucha soigneusement les fioles, et il mit à profit cette occasion pour remédier au désordre de ses maquillages. Il n’y avait point touché depuis son arrivée à Fontenay, et il s’étonna presque, maintenant, de revoir cette collection naguère visitée par tant de femmes. Les uns sur les autres, des flacon, et des pots s’entassaient. Ici, une boîte en porcelaine, de la famille verte, contenait le schnouda, cette merveilleuse crème blanche qui, une fois étendue sur les joues, passe, sous l’influence de l’air, au rose tendre, puis à un incarnat si réel qu’il procure l’illusion vraiment exacte d’une peau colorée de sang; là, des laques, incrustées de burgau, renfermaient de l’or Japonais et du vert d’Athènes, couleur d’aile de cantharide, des ors et des verts qui se transmuent en une pourpre profonde dès qu’on les mouille; près de pots pleins de pâte d’aveline, de serkis du harem, d’émulsines au lys de kachemyr, de lotions d’eau de fraise et de sureau pour le teint, et près de petites bouteilles remplies de solutions d’encre de Chine et d’eau de rose à l’usage des yeux, des instruments en ivoire, en nacre, en acier, en argent, s’étalaient éparpillés avec des brosses en luzerne pour les gencives: des pinces, des ciseaux, des strigiles, des estompes, des crêpons et des houppes, des gratte-dos, des mouches et des limes.
Il manipulait tout cet attirail, autrefois acheté sur les instances d’une maîtresse qui se pâmait sous l’influence de certains aromates et de certains baumes, une femme détraquée et nerveuse aimant à faire macérer la pointe de ses seins dans les senteurs, mais n’éprouvant, en somme, une délicieuse et accablante extase, que lorsqu’on lui ratissait la tête avec un peigne ou qu’elle pouvait humer, au milieu des caresses, l’odeur de la suie, du plâtre des maisons en construction, par les temps de pluie, ou de la poussière mouchetée par de grosses gouttes d’orage, pendant l’été.
Il rumina ces souvenirs, et une après-midi écoulée, à Pantin, par désoeuvrement, par curiosité, en compagnie de cette femme, chez l’une de ses soeurs, lui revint, remuant en lui un monde oublié de vieilles idées et d’anciens parfums; tandis que les deux femmes jacassaient et se montraient leurs robes, il s’était approché de la fenêtre et, au travers des vitres poudreuses, il avait vu la rue pleine de boue s’étendre et entendu ses pavés bruire sous le coup répété des galoches battant les mares.
Cette scène déjà lointaine se présenta subitement, avec une vivacité singulière. Pantin était là, devant lui, animé, vivant, dans cette eau verte et comme morte de la glace margée de lune où ses yeux inconscients plongeaient; une hallucination l’emporta loin de Fontenay; le miroir lui répercuta en même temps que la rue les réflexions qu’elle avait autrefois fait naître et, abîmé dans un songe, il se répéta cette ingénieuse, mélancolique et consolante antienne qu’il avait jadis notée dès son retour dans Paris:
— Oui, le temps des grandes pluies est venu; voilà quelles gargouilles dégobillent, en chantant sous les trottoirs, et que les fumiers marinent dans des flaques qu’emplissent de leur café au lait les bols creusés dans le macadam; partout, pour l’humble passant, les rince-pieds fonctionnent.
Sous le ciel bas, dans l’air mou, les murs des maisons ont des sueurs noires et leurs soupiraux fétident; la dégoûtation de l’existence s’accentue et le spleen écrase; les semailles d’ordures que chacun a dans l’âme éclosent; des besoins de sales ribotes agitent les gens austères et, dans le cerveau des gens considérés, des désirs de forçats vont naître.
Et pourtant, je me chauffe devant un grand feu et, d’une corbeille de fleurs épanouies sur la table se dégage une exhalaison de benjoin, de géranium et de vétyver qui remplit la chambre. En plein mois de novembre, à Pantin, rue de Paris, le printemps persiste et voici que je ris, à part moi, des familles craintives qui, afin d’éviter les approches du froid, fuient à toute vapeur vers Antibes ou vers Cannes.
L’inclémente nature n’est pour rien dans cet extraordinaire phénomène; c’est à l’industrie seule, il faut bien le dire, que Pantin est redevable de cette saison factice.
En effet, ces fleurs sont en taffetas, montées sur du fil d’archal, et la senteur printanière filtre par les joints de la fenêtre, exhalée des usines du voisinage, des parfumeries de Pinaud et de Saint-James.
Pour les artisans usés par les durs labeurs des ateliers, pour les petits employés trop souvent pères, l’illusion d’un peu de bon air est, grâce à ces commerçants, possible.
Puis de ce fabuleux subterfuge d’une campagne, une médication intelligente peut sortir; les viveurs poitrinaires qu’on exporte dans le Midi, meurent, achevés par la rupture de leurs habitudes, par la nostalgie des excès parisiens qui les ont vaincus. Ici, sous un faux climat, aidé par des bouches de poêles, les souvenirs libertins renaîtront, très doux, avec les languissantes émanations féminines évaporées par les fabriques. Au mortel ennui de la vie provinciale, le médecin peut, par cette supercherie, substituer platoniquement, pour son malade, l’atmosphère des boudoirs de Paris, des filles. Le plus souvent, il suffira, pour consommer la cure, que le sujet ait l’imagination un peu fertile.
Puisque, par le temps qui court, il n’existe plus de substance saine, puisque le vin qu’on boit et que la liberté qu’on proclame, sont frelatés et dérisoires, puisqu’il faut enfin une singulière dose de bonne volonté pour croire que les classes dirigeantes sont respectables et que les classes domestiquées sont dignes d’être soulagées ou plaintes, il ne me semble, conclut des Esseintes, ni plus ridicule ni plus fou, de demander à mon prochain une somme d’illusion à peine équivalente à celle qu’il dépense dans des buts imbéciles chaque jour, pour se figurer que la ville de Pantin est une Nice artificielle, une Menton factice.
Tout cela n’empêche pas, fit-il, arraché à ses réflexions, par une défaillance de tout son corps, qu’il va falloir me défier de ces délicieux et abominables exercices qui m’écrasent. Il soupira: — Allons, encore des plaisirs à modérer, des précautions à prendre; et il se réfugia dans son cabinet de travail, pensant échapper plus facilement ainsi à la hantise de ces parfums.
Il ouvrit la croisée toute large, heureux de prendre un bain d’air; mais, soudain, il lui parut que la brise soufflait un vague montant d’essence de bergamote avec laquelle se coalisait de l’esprit de jasmin, de cassie et de l’eau de rose. Il haleta, se demandant s’il n’était point décidément sous le joug d’une de ces possessions qu’on exorcisait au moyen âge. L’odeur changea et se transforma, tout en persistant. Une indécise senteur de teinture de tolu, de baume du Pérou, de safran, soudés par quelques gouttes d’ambre et de musc, s’élevait maintenant du village couché, au bas de la côte, et, subitement, la métamorphose s’opéra, ces bribes éparses se relièrent et, à nouveau, la frangipane, dont son odorat avait perçu les éléments et préparé l’analyse, fusa de la vallée de Fontenay jusqu’au fort, assaillant ses narines excédées, ébranlant encore ses nerfs rompus, le jetant dans une telle prostration, qu’il s’affaissa évanoui, presque mourant, sur la barre d’appui de la fenêtre.
Zehntes Kapitel
Während dieser seltsamen Krankheit, die blutarme Menschen hinwegrafft, traten plötzlich kurze Pausen der Krisen ein. Ohne daß er sich ihren Grund zu erklären vermochte, wachte der Herzog eines Tages ganz kräftig auf. Da war nichts mehr von aufreibendem Husten zu spüren, keine stechenden Schmerzen mehr im Nacken, nur ein unbeschreibliches Gefühl von Wohlbehagen, eine Leichtigkeit des Hirns, dessen Gedanken sich erhellten.
Dieser Zustand währte mehrere Tage; dann plötzlich zeigten sich eines Nachmittags wiederum Halluzinationen des Geruchsinnes.
Sein Zimmer duftete wie von Backwerk und Parfüm; er sah nach, ob nicht ein geöffnetes Flacon umherstand; doch nirgends war eins zu finden. Er lief durch alle seine Gemächer: der Geruch dauerte fort.
Er klingelte seinem Diener:
„Riechen Sie nichts?“ fragte er.
Der alte Mann erklärte, daß er keinen Blumengeruch bemerke: es konnte kein Zweifel mehr bestehn, das Nervenleiden zeigte sich wieder unter einer neuen Sinnestäuschung.
Gelangweilt von der Hartnäckigkeit dieses eingebildeten Aromas, beschloß er, sich in wirkliche Parfüms zu tauchen, in der Hoffnung, diese Nasenhomöopathie werde ihn heilen oder wenigstens veranlassen, daß ihn dieser lästige Geruch nicht mehr verfolge.
Er begab sich in sein Ankleidezimmer. Dort standen nahe bei einem antiken Taufbecken, das ihm als Waschgefäß diente, unter einem breiten Spiegel von getriebnem Eisen Flaschen in allen Größen und allen Formen auf Etageren aus Elfenbein übereinander.
Er stellte sie auf einen Tisch und teilte sie in zwei Serien: die eine mit einfachen Parfüms, Extrakten und Spirituosen, die andre mit zusammengesetzten Parfüms, die man mit dem allgemeinen Ausdruck „Bouquets“ bezeichnet.
Er drückte sich in seinen Sessel und sammelte sich.
Er war schon seit Jahren in der Wissenschaft des Riechens geübt und war überzeugt, daß man durch den Geruch die gleichen Genüsse empfinden könne wie durch das Gehör und das Gesicht, indem jeder Sinn infolge einer natürlichen Neigung und Angewöhnung genugsam empfindlich sei, neue Eindrücke aufzunehmen, sie zu verzehnfachen und zu verarbeiten.
In der Kunst der Parfümbereitung hatte ihn eine Seite vor allem angezogen, nämlich die der künstlichen Genauigkeit.
Das Parfüm stammt fast niemals von den Blumen, deren Namen es trägt; der Fabrikant, der es wagte, nur einzig der Natur ihre Elemente zu entlehnen, würde doch nur ein unechtes Werk schaffen, ohne Natürlichkeit.
Mit Ausnahme des unnachahmlichen Jasmin, der keine Fälschung zuläßt, sind alle Blumengerüche genau durch Verbindungen mit aromatischem Weingeist und Spiritus darstellbar.
Nach und nach hatten sich die geheimen Operationen dieser so arg vernachlässigten Kunst vor dem Herzog erschlossen, der ihren verborgnen Wegen nachging.
Um dies zu erreichen, hatte er zuerst die Grammatik durchgearbeitet, die Syntax der Gerüche erlernt, wie auch die Regeln, die sie regieren, ergründet. Mit dieser Sprache einmal vertraut, mußte er die Werke der Meister wie Atkinson und Lubin, Chardin und Violet, Legrand und Piesse vergleichen, die Konstruktion ihrer Sätze zerlegen, das Verhältnis ihrer Worte und die Aufstellung ihrer Satzgefüge abwägen.
Die klassische Parfümerie war ziemlich einförmig, fast farblos, vor langer Zeit von Chemikern in eine gleichmäßige Form gegossen.
Ihre Geschichte folgte Schritt für Schritt der Sprache unsrer Zeit.
Der parfümierte Stil Ludwigs XIII., aus teuern Bestandteilen zusammengesetzt, aus Iris, Moschus, Zibethpuder, Myrtenwasser, schon damals unter dem Namen „Eau des Anges“ bekannt, war kaum genügend, um die ungezwungnen Reize, die etwas rohen Färbungen jener Zeit auszudrücken, die uns gewisse Sonette von Saint-Armand aufbewahrt haben.
Später, mit der Myrrhe, dem Oliban, einer Art Weihrauch, wurden die mystischen Wohlgerüche kräftig und streng; die pomphafte Art des großen Jahrhunderts, die weitschweifigen Feinheiten der Redekunst, der breite, getragne Stil Bossuets und der Kanzelredner fanden ihren Niederschlag. Noch später fanden die erschlafften, kunstvollen Reize der französischen Gesellschaft unter Ludwig XV. leichter ihren Dolmetscher in dem Frangipan und dem Maréchale, die gleichsam die Synthese dieser Epoche selbst gaben. Dann, nach der Langeweile und Gleichgültigkeit des ersten Kaiserreichs, in dem man die Eaux de Cologne sowie die Präparate von Rosmarin mißbrauchte, stürzte sich die Parfümerie hinter Victor Hugo und Gautier her in das Land der Sonne; sie schuf orientalische Wohlgerüche, scharfwürzige Bouquets, entdeckte neue Zusammenstellungen, bis jetzt nicht gewagte Gegensätze, wählte aus und nahm wieder alte Nuancen auf, die sie steigerte, verfeinerte und passend zusammensetzte. Sie verwarf schließlich energisch diese freiwillige Abgelebtheit, zu der sie Malesherbes, Boileau, Andrieux, Baour-Lormian herabgesetzt hatten, diese niedrigen Destillateure ihrer Gedichte.
Aber auch seit der Periode von 1830 war diese Sprache nicht stehn geblieben. Sie hatte sich noch weiter fortentwickelt, und indem sie sich nach dem Gang des Jahrhunderts geformt hatte, war sie gleichlaufend mit den andern Künsten vorgeschritten, hatte sich auch den Wünschen der Kunstfreunde und Künstler gefügt, sich auf die Chinesen und Japaner gestürzt, duftende Stammbücher erfunden, Blumensträuße von Takéoka nachgeahmt, durch Mischungen von Lavendel und Goldlack den Geruch des Rondeletia, durch eine Verbindung von Patschuli und Kampfer den sonderbaren Duft der chinesischen Tinte, durch die Zusammensetzung von Zitrone, Levkoje und Pomeranzblütessenz die Ausströmung des japanesischen Hovénia erhalten.
Der Herzog studierte und analysierte die Seele dieser Fluida, machte die Exegese dieser Texte; er gefiel sich zu seiner eignen Befriedigung darin, die Rolle eines Psychologen zu spielen, das Räderwerk auseinander zu nehmen und wieder zusammenzustellen, die Stücke abzuschrauben, die die Struktur einer zusammengesetzten Ausströmung bildeten, und bei dieser Ausübung hatte sein Geruchsinn die Sicherheit eines fast unfehlbaren Prüfsteins erlangt.
Wie ein Weinhändler das Gewächs an einem Tropfen, den er schlürft, erkennt, wie ein Hopfenhändler an dem Geruch des Sackes den genauen Wert der Ware bestimmen kann, wie ein chinesischer Kaufmann sofort die Herkunft des Tees, der ihm vorgehalten wird, anzugeben vermag und sagen kann, auf welchen Pachtungen des Berges Bohées, in welchen buddhistischen Klöstern er gezogen ist, und selbst den Zeitpunkt, an dem seine Blätter gepflückt würden, und den Grad des Dörrens zu bezeichnen weiß, sowie den Einfluß, dem er in der Nähe der Pflaumenblüte, der Aglaia, der duftenden Olea, aller dieser Wohlgerüche ausgesetzt gewesen ist, die dazu dienen, seine Natur zu verändern, eine unvermutete Steigerung hervorzurufen und in seinem trocknen Geruch einen Duft ferner frischer Blumen zu erzeugen — ebenso konnte der Herzog auch, wenn er nur ein Tröpfchen Parfüm einatmete, gleich die Dosis seiner Mischung hernennen, die Psychologie seiner Mixtur erklären und den Künstler erkennen, der das Aroma hergestellt und ihm die persönliche Marke seines Stils aufgedrückt hatte.
Es versteht sich von selbst, daß er die Sammlung aller von den Parfümeuren angewendeten Produkte besaß; er hatte selbst das echte Mekkabalsamkraut, dieses seltne Kraut, das nur in gewissen Teilen des steinigen Arabiens wächst und dessen Monopol dem Sultan gehört. —
Und nun saß Herzog Jean in seinem Ankleidezimmer und sann darauf, ein neues Bouquet zu erfinden, er war von dem Augenblick des Zögerns erfaßt, den die Schriftsteller nur zu gut kennen, wenn sie nach Monaten der Ruhe ein neues Werk beginnen.
Ebenso wie Balzac, der von dem unabweislichen Bedürfnis verfolgt war, erst viel Papier zu bekritzeln, ehe er imstande war zu schreiben, so erkannte Herzog Jean die Notwendigkeit, sich erst durch einige leichtre Arbeiten in Gang zu bringen.
Er fing an, die Flaschen mit Mandeln und Vanille zu wägen, um Heliotrop herzustellen, dann besann er sich anders und entschloß sich, mit der Riecherbse zu beginnen.
Die Formel, das Verfahren waren ihm entfallen; er tastete. Im allgemeinen herrscht bei dem Duft dieser Blume die Orange vor; er versuchte mehrere Zusammensetzungen und erreichte schließlich den richtigen Ton, indem er der Orange die Tuberose und die Rose hinzufügte, die er mit einem Tropfen Vanille verband.
Die Ungewißheiten verschwanden; ein leichtes Fieber erfaßte ihn, er fühlte sich zur Arbeit angeregt und beschloß, weiter zu gehn und einen fulminanten Satz loszulassen, dessen stolzes Geprassel das Geflüster dieses arglistigen Parfüms niederwürfe, der noch immer im Zimmer lastete.
Er experimentierte mit dem Amber, dem Tonkin-Moschus, dem Patschuli, dem schärfsten aller vegetabilischen Parfüms, dessen Blume einen Geruch von Schimmel und Rost ausströmt.
Aber was er auch versuchte, die Liebeleien des XVIII. Jahrhunderts verfolgten ihn; die Reifröcke und seidnen Garnierungen schwebten vor seinen Augen, die Erinnerungen der Venusse von Boucher, aus vollem Fleisch, ohne Knochen, in üppigster Gestalt, ließen sich an seinen Wänden nieder; der Rückblick auf den Roman Thermidor, auf die entzückende Rosette mit hochgeschürztem Rock peinigte ihn.
Wütend stand er auf, und um sich frei zu machen, sog er mit aller Kraft die reine Essenz des Spika-Nard ein, der den Orientalen so teuer und den Europäern so unangenehm ist wegen seines zu starken Geruchs von Baldrian. Er war fast betäubt von der Heftigkeit der Erschütterung.
Wie durch einen Hammerschlag zermalmt verschwand das Filigran des zarten Duftes.
Früher hatte er sich gern in Akkorden von Düften gewiegt; er gebrauchte ähnliche Effekte wie die der Poeten, wendete gewissermaßen die vortreffliche Anordnung der Stücke von Baudelaire an, wie zum Beispiel in „L’Irréparable“ und „Le Balcon“, wo der letzte der fünf Verse, die die Strophe bilden, das Echo des ersten ist und wie ein Refrain zurückkommt, und die Seele in die Unendlichkeit von Schwermut und Sehnsucht taucht.
Er verlor sich in den Träumen, die diese duftenden Stanzen in ihm hervorriefen; ihn verlangte, in einer wunderbaren und wechselnden Landschaft herumzustreichen, und deshalb fing er mit einem vollen und stattlichen Satz an, der plötzlich einen Durchblick auf eine großartige Landschaft eröffnete.
Mit seinen Vaporisateuren spritzte er im Zimmer eine Essenz, aus Ambrosia, Mitcham-Lavendel, Riecherbse und Bouquet gebildet, umher, eine Essenz, die, wenn sie von einem Künstler destilliert, den Namen verdient, den man ihr zuerkannt hat: „Extrait de Pré fleuri“ ; in diese blühende Wiese führte er dann eine genaue Fusion von Tuberose, Orangeblüte und Mandel ein; und alsbald entstand künstlicher Flieder, und der Wind schien leise durch blühende Linden zu streichen und drückte ihre zarten Ausströmungen auf den Boden nieder, die dem Extrakt der englischen Tilia ähneln.
Dann ließ er durch einen Ventilator die duftenden Wellen entfliehn und behielt nur die Landschaft bei, die er erneute und deren Dosis er verstärkte, um ihre Rückkehr zu erzwingen.
Bald stiegen Hüttenwerke gen Himmel auf.
Ein starker Geruch von Fabriken, von chemischen Produkten verbreitete sich, und doch hauchte die Natur noch in dieser verpesteten Luft ihre süßen Düfte aus.
Der Herzog bearbeitete und wärmte zwischen sei nen Fingern eine Storax-Kugel, und ein höchst eigentümlicher Geruch verbreitete sich im Zimmer, ein Geruch, widerlich und köstlich zugleich, dem entzückenden Geruch der Jonquille und dem häßlichen Gestank der Guttapercha und dem Steinkohlenöl ähnlich.
Er desinfizierte sich die Hände, legte sein Harz in einen hermetisch verschloßnen Kasten, und die Fabriken verschwanden. Dann schleuderte er zwischen die wieder belebten Linden und Wiesen einige Tropfen New Mown Hay, und mitten in der zauberhaften Landschaft, ihres Flieders beraubt, stiegen Heugarben empor, die eine neue Jahreszeit suggerierten und ihre feinen Ausströmungen aushauchten.
Endlich, als er diesen Anblick genügend genossen hatte, versprengte er eiligst noch einige exotische Parfüms, leerte seine Vaporisateure, verflüchtete seine konzentrierten Spritsorten, ließ all den Balsamen die Zügel schießen, und in dem heißen aufregenden Dunst des Raumes entwickelte sich eine wahnsinnig sublimierte Temperatur, die seinen Atem beschleunigte.
Plötzlich empfand er einen heftigen Schmerz. Es war ihm, als wenn man ihm mit einem Instrument die Schläfen durchbohre. Er öffnete die Augen und befand sich in der Mitte seines Ankleidezimmers, vor seinem Tisch sitzend; mühevoll erhob er sich und schleppte sich zum Fenster, das er halb öffnete. Ein Luftstoß klärte die erstickende Atmosphäre, die ihn einhüllte; er ging im Zimmer auf und ab, die Augen gegen den Plafond gerichtet, wo Krabben und salzgepuderte Algen auf einem gekörnten Grund hell wie der Sand des Meeresufers im Relief aufstiegen. Eine gleiche Dekoration schmückte auch die Fußgesimse, die mit japanesisch wassergrüner, etwas zerdrückter Kreppseide die Wände einfaßten, das Gekräusel eines Flusses, von Wind bewegt, nachahmten, und in diesem leicht fließenden Wasser schwamm das Blatt einer Rose, um das ein Schwarm kleiner Fische wirbelte, mit leichten Federstrichen gezeichnet.
Aber seine Augenlider blieben schwer; das Hin-und Hergehn ermüdete ihn, er lehnte sich an die Fensterbrüstung; allmählich verschwand seine Betäubung. Sorgsam korkte er die Fläschchen wieder zu und benutzte diese Gelegenheit, um die Unordnung in seiner reichen Schminksammlung zu beseitigen. Er hatte seit seiner Ankunft in Fontenay nicht daran gerührt, und er verwunderte sich fast, diese Kollektion jetzt wiederzusehn, die früher von so vielen Frauen besichtigt und bewundert worden war.
Die Kruken und Fläschchen häuften sich auf-und übereinander. Hier war es ein Porzellantopf, der Schnouda enthielt, diesen wunderbaren weißen Creme, der, wenn er auf der Wange aufgerieben wird, unter dem Einfluß der Luft in zartes Rosa, dann in ein so echtes Inkarnat übergeht, daß er die wirklich genaue Täuschung einer durch Blutwallung geröteten Haut hervorbringt. Dort sind es mit Perlmutter eingelegte Lackkasten, die japanesisches Gold und athenisches Grün einschließen, die Farbe des Flügels einer spanischen Fliege, Gold und Grün, das sich in ein tiefes Purpur verwandelt, sobald man es anfeuchtet. Nahe den vollen Kruken mit Pasten von Lambertsnuß, Serkis des Harems, Emulsinen der Kaschmirlilie, Waschwasser von Erdbeeren und Holunder für den Teint und bei den kleinen Flaschen, die mit einer Auflösung von chinesischer Tinte und Rosenwasser zum Gebrauch der Augen bestimmt waren, lagen Utensilien aus Elfenbein, Perlmutter und Silber durcheinander mit Bürsten aus Luzern für das Zahnfleisch: Pinsel, Scheren, Wischer, Schminkläppchen und Puderquasten, Rückenkratzer und Schönheitspflästerchen.
Er betrachtete all diese Toilettengeräte, die er auf die Bitte einer seiner Geliebten gekauft hatte, die unter dem Einfluß gewisser Gerüche, gewisser Balsame vor Entzücken verging.
Er grübelte über die Erinnerungen nach, und es fiel ihm ein Nachmittag ein, den er mit dieser Frau, aus Langeweile und Neugier, in Pantin bei ihrer Schwester zugebracht hatte und der in ihm eine ganze Welt vergeßner Ideen und alter Parfüms wachrief.
Er flüchtete in sein Arbeitszimmer zurück und öffnete das Fenster weit, glücklich, sich in der frischen Luft baden zu können. Aber plötzlich war es ihm, als wenn der Wind ihm einen unbestimmten Geruch von Bergamottenessenz entgegentrieb, mit dem sich der Jasminsprit, die Kassie und das Rosenwasser verband.
Er atmete schwer auf.
Der Geruch wechselte und veränderte sich, ohne zu verschwinden. Ein unbestimmter Duft von Tolutinktur, von Perubalsam, von Safran, verschmolzen mit einigen Tropfen Amber und Moschus, stieg jetzt aus der schlafenden Stadt empor, von dem Fuße der Anhöhe her, und plötzlich vollzog sich eine Metamorphose, die getrennten Gerüche verbanden sich, und von neuem verbreitete sich der Frangipan, dessen Geruch die Elemente und die Analyse herbeigeführt hatten, über das Tal Fontenay bis zum Festungswerk hinauf. Sie erschütterten seine erschöpften und angegriffnen Nerven noch mehr, so daß er ohnmächtig an der Fensterbrüstung niedersank.